Le blocage depuis l’été dernier par la Russie du renouvellement de plusieurs groupes d’experts de l’ONU chargés de contrôler des embargos dans des pays africains, jugés trop pro-occidentaux par Moscou, est en voie de résolution sauf pour la Centrafrique, ont indiqué vendredi des diplomates.
« Le groupe pour la Centrafrique reste bloqué, celui pour le Soudan du Sud est en voie d’être réglé », a déclaré à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat. Fin 2021, des accords entre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU étaient intervenus sur la composition des groupes chargés de la République démocratique du Congo et du Mali, selon d’autres diplomates. Arguant « du manque de diversité géographique » au sein des groupes en question, la Russie avait bloqué longtemps leur renouvellement et donc leur travail d’enquête. L’affectation d’experts est interrompue depuis le 31 août pour la Centrafrique et depuis le 1er juillet pour le Soudan du Sud. Elle l’était depuis le 1er août pour la RDCongo et depuis fin septembre pour le Mali. Ces groupes, composés d’une petite dizaine d’experts pour chacun d’eux, sont chargés par le Conseil de sécurité de contrôler l’application des embargos sur les armes et des sanctions économiques imposés dans nombre de pays en situation de crise ou de conflit. Leur travail est essentiel dans la surveillance par la communauté internationale de l’évolution de ces Etats. Leurs rapports substantiels sont réguliers et s’apparentent souvent à des romans d’espionnage, au vu des faits rapportés et des photos et documents publiés. Le blocage russe est survenu sur fond de tentatives accentuées de Moscou d’accroître son influence en Afrique, dans des pays souvent francophones et considérés comme des pré-carrés de la France. Sur l’argumentaire de la Russie d’un noyautage des groupes par les Occidentaux, « c’est vrai », admet un diplomate occidental sous couvert d’anonymat. Dans la négociation intervenue ces derniers mois entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), une proposition d’affecter un Russe dans le groupe d’experts chargés de la Somalie a été retenue, selon une source diplomatique. Pour la Centrafrique, le sujet reste ultra-sensible depuis que le dernier groupe d’experts a dénoncé à la mi-2021 des exactions contre des civils attribuées au groupe paramilitaire privé russe Wagner, réputé proche du Kremlin. Dans la négociation, « les Russes sont intransigeants et sans doute contents que le groupe d’experts ne soit pas fonctionnel », indique un diplomate occidental. La mission diplomatique russe n’était pas immédiatement joignable pour un commentaire.