En dépit de nombreuses dénonciations, les rackets sont loin de prendre fin sur les axes routiers de la République centrafricaine. Certains éléments des forces de défense et de sécurité déployés à l’intérieur du pays font payer des sommes d’argent, communément appelés "formalités", aux usagers de la route. Le refus d’obtempérer entraîne parfois des actes de violence sur les passants. Exaspérés, certains Centrafricains dénoncent l’entrave à leur libre circulation. Ils appellent les autorités à discipliner les éléments véreux.
Le phénomène est décrié depuis quelques mois par les députés qui avaient même interpellé le gouvernement sur la question. Les usagers des différents axes dans les régions de Bambari témoignent que les éléments de l’armée nationale exagèrent dans les rackets sur les check-points installés.
Une pratique à l’origine d’un incident avec les alliés
"Samedi dernier, un camion citerne appartenant aux russes a quitté Bangui pour Ndachima. Arrivé au village Kombélé à 10 Km de Bambari sur axe Ippy, les éléments des Faca qui se trouvaient sur un poste de contrôle ont exigé des formalités au chauffeur. Ce dernier, arrivé à destination, a informé les militaires russes de cet incident. Mécontents, ils se sont déportés sur les lieux et ont passé à tabac ces militaires avant de démanteler leur barrière", a témoigné un habitant de Bambari, précisant par ailleurs que suite à cet incident, les militaires centrafricains ont intensifié le racket sur les barrières.
"Après cela, les formalités ont augmenté sur toutes les barrières. Il est difficile de circuler sur ces axes. Nous demandons au gouvernement de déployer des policiers et gendarmes dans les localités pour contrôler les papiers et faciliter la libre circulation", a rapporté la même source.
"Votre mission, c’est de ne pas rester sur des barrières et procéder à des rackets".
Sur cette question des rackets sur les barrières, le Chef d'Etat-major des Forces armées centrafricaines, le général de corps d’armées Zéphyrin Mamadou, a mis en garde, cette semaine, des soldats déployés à Bocaranga dans le Nord-ouest.
"Il a été dit que vous devez rester dans le cadre de la discipline militaire. Il a été remarqué que partout il y a des dérapages venant de nos soldats. En tant que soldats, nous sommes appelés à travailler ou à collaborer avec la population. C’est ce manquement qui ternit l’image de nos troupes. Je sais que parmi nos troupes il y a ces poignées de soldats indisciplinés qui sont versés dans cette pratique. Votre mission, c’est de ne pas rester sur des barrières et procéder à des rackets. Votre mission est de sécuriser la zone dans laquelle vous êtes déployés", a réagi le général Zéphyrin Mamadou.
Une pratique longtemps décriée mais aucune mesure ferme
La question de rackets a été plusieurs fois au centre de débats à l’Assemblée nationale et dans les médias. Les députés ont interpellé en décembre 2021 le Premier ministre sur les mesures que le gouvernement entendait prendre face à ce phénomène. Très peu convaincant, le Chef du gouvernement n’avait pas présenté un plan concret de riposte ou de sanctions. De son côté, le ministère de la Défense nationale avait également pris une note de service instaurant un comité d’enquête sur cette pratique. Malgré tout, rien ne semble arrêter ces éléments des forces de défense et de sécurité dans leur élan de rançonnage.