La 1ère session ordinaire de l’Assemblée nationale s’est ouverte ce 01er mars et en toile de fond, le sujet de la société Al Madina. Les députés attendent des réponses claires. Pourquoi le prix de la carte d'identité est toujours fixé à 6750 francs CFA alors que la loi des finances le fixe à 4500 francs CFA ? Voilà presque deux (2) ans que la situation perdure. Les députés de la 6e législature avaient noté la violation de la loi sur le prix de la carte nationale d'identité, titre de séjour et autres documents sécurisés.
Que reste-t-il du respect de la loi et des décisions de justice ? C'est la question que se posent beaucoup de Centrafricains. C'est par exemple le cas de Al Madina qui, malgré le prix fixé dans la loi des finances à 4500 FCFA, continue de confectionner la carte d’identité à 6750 francs CFA. En plus, il y a aussi d’autres documents dont le prix est allègrement fixé par cette société. On peut citer en illustration, les titres de séjour, autrefois prérogatives de la police, remis aujourd'hui à Al Madina qui établit le prix, sans tenir compte des textes en vigueur dans l'espace communautaire.
Un prix exorbitant
Le titre de séjour ordinaire est passé de 150.000 à 550.000 francs CFA pour une validité d’un an. Cette même carte pour les privilégiés passe de 200 000 à 650 000 francs CFA. Par ailleurs, le contrat liant l'Etat avec cette société demeure flou. Cependant, des sources policières indiquent que les machines de confection ont été achetées sur les frais du contribuable ; et que la société devait reverser à l'Etat les 10% des recettes. Ces mêmes sources indiquent que les fonds générés par Al Madina échappent au contrôle de l’Etat centrafricain. Elles pointent du doigt Aziz Nassour, patron de ladite société d'avoir ouvert deux (2) comptes à Ecobank Centrafrique dont les services compétents de la police n’y accèdent pas.
« Le Centrafricain paie plus qu’il en faut »
De son côté, Paul Crescent Beninga, initiateur du « Mouvement 4500 », une organisation de la société civile, dénonçant la mainmise d’Al Madina sur ces documents officiels, ne désarme pas et promet de saisir la justice.
"La loi, elle est claire. Le citoyen centrafricain doit verser 4500 francs pour avoir droit à une carte nationale d’identité. Il est alors aujourd’hui inadmissible qu’on puisse verser jusqu’à 6500 voire 7000 francs. Du moment où, le centrafricain paie plus qu’il en faut, il s’agit là d’un échec. Nous sommes en train de peaufiner notre stratégie et nous allons saisir la justice et lancer le mouvement dans la rue pour amener Al Madina à la raison", déclare Paul Crescent Beninga.
Un contrat dont les clauses restent floues ?
Pourquoi les autorités ne parviennent-t-elles pas à arrêter l'hémorragie ? Qu’est ce qui est à l’origine de la violation de la loi nationale par cette entreprise ? Pourquoi l'Etat ne veut-il pas rendre public les clauses de la convention avec Al Madina ? Ces interrogations demeurent encore sans réponse. Cependant, l’entreprise entend désormais confectionner les plaques des véhicules de transits temporaires dont le tarif était initialement fixé à 23000 francs CFA, à 47500 francs au détriment des usagers. Les véhicules des corps diplomatiques et assimilés passent de 23 000 FCFA à 59 500 francs.
Le parlement souhaite relancer le débat
"Je voudrais appeler mes collègues dès l’ouverture de la session, puisque le gouvernement ne souhaite pas qu’on mette ensemble une commission conjointe, je réitère la demande d’une mise en place de la commission parlementaire d’enquête", fait remarquer André Nalké Dorogo, député de Berberati 4.
Des services internationaux de police d'interpoles s'inquiètent de ce que le patron de Al Madina serait visé par des procédures en Turquie, en République Démocratique du Congo (RDC), au Libéria et en France. La plus grande interrogation c'est désormais le visa électronique visé par cette société alors que tous les Etats sécurisent leurs documents de sécurité.
En 2020, le Tribunal administratif avait annulé l'effet de l’arrêté conjoint fixant à la hausse le prix de la carte nationale d’identité (CNI) et les titres de séjour, mais cette décision n’a jamais été respectée par la Société Al Madina. Les multiples tentatives de Radio Ndeke Luka d’avoir la réaction des responsables de cette société ont été vaines.