Le chef de la MINUSCA, Mankeur N’DIAYE , a été décoré, ce 16 mars 2022, par le Président Faustin Archange Touadera. Il a reçu à titre exceptionnel la cravate de Commandeur dans l’ordre national de la reconnaissance centrafricaine. Il a exprimé sa gratitude au Chef de l’État.
Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Madame la Ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Centrafricains de l’étranger
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions diplomatiques,
Monsieur Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine en République centrafricaine,
Monsieur le Représentant spécial du Président de la Commission de la CEEAC en République centrafricaine,
Chers invités,
Monsieur le Président de la République,
Je voudrais commencer par vous exprimer ma profonde et sincère gratitude pour avoir consacré de votre précieux temps, cet après-midi, pour rendre possible cette cérémonie à mon honneur. Vous comprendrez que je sois à la fois honoré et ému par l’expression de cette générosité agissante dont la translation réveille, déjà en moi, une figure mélancolique teintée d’une nostalgie des temps forts que nous avons partagés et vécus ensemble, trois années durant.
Le diplomate de carrière que je suis, a certes vécu et transcendé de tels moments qui se sont succédé sans jamais se ressembler. L’instant que nous partageons est donc atypique en ce qu’il constitue l’une des bornes, l’intervalle de ma mission en République centrafricaine qui débuta comme on vient de le rappeler avec ma nomination, par le Secrétaire général des Nations Unies, le 6 février 2019, date de la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine. Cet accord fut pour nous tous, je veux nommer le Gouvernement, le peuple centrafricain, les partenaires internationaux, les garants et les facilitateurs, un des éléments essentiels de l’équation à une inconnue - la paix - à travers une solution politique durable, que nous nous évertuons à résoudre, pas séparément mais ensemble et dans le respect du principe sacrosaint de la souveraineté nationale de la République centrafricaine, pour le grand bonheur du peuple centrafricain.
Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat
Votre geste d’aujourd’hui me va droit au cœur, tant il incarne à travers votre haute autorité l’expression unifiée du peuple centrafricain dans sa diversité à l’égard du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies que je suis. Voilà ce qui justifie mon souhait d’en faire, avec vous, un moment solennel de partage avec le leadership de la MINUSCA qui a allégé mon fardeau de Chef de Mission en présence et avec la collaboration et le soutien de deux grandes dames, Mme Lizbeth Cullity et Mme Denise Brown, que je ne vous présente plus. C’est aussi un temps diplomatique que nous marquons certainement avec la présence des partenaires internationaux avec qui nous avons passé trois années d’investissement concerté et collectif pour l’optimisation de nos contributions respectives aux processus politiques et de paix.
La qualité de l’audience, la diversité des présences et plus particulièrement cette ultime opportunité de témoignage que m’offre la présente cérémonie, me permettent de déduire quelques observations conclusives de mes trois bonnes années de mission en République centrafricaine.
J’aimerais, de prime abord, relever le consensus initial de tous les partenaires internationaux, ici représentés, autour de la volonté souveraine des plus hautes autorités nationales de privilégier la recherche d’une solution politique durable à la crise à travers la mise en œuvre effective de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation nationale. Ce postulat de départ s’est nourri du soutien inlassable des partenaires internationaux et de l’appropriation progressive par les populations qui n’aspirent qu’à la paix, à la sécurité, à la tranquillité et au développement.
Ces grands ensembles, gouvernement, partenaires internationaux et autres parties prenantes, répondent de valeurs et principes intrinsèques qui reflètent certainement des éléments de différences, mais partagent essentiellement et de manière inéluctable, la quête d’une paix durable comme seul et unique objectif de notre œuvre commune.
La centralité du mandat de la MINUSCA qui reste l’émanation de la solidarité des Etats membres me permet de témoigner des efforts inlassables et de dialogue franc, constructif, sincère qui auront sous-tendu les démarches concertées du G5+, par exemple, y compris des garants - que sont l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) - dont les fruits comestibles n’ont cessé d’injecter l’énergie requise par le processus politique et de paix. Oui, tous les partenaires y ont contribué, et de bonne foi, derrière le Gouvernement. Il nous faut simplement admettre qu’il n’y ait pas de théorème ni formule type pour les processus de paix, encore moins d’approche ou de modèle unique de médiation ou de bons offices. J’ai bien utilisé des concepts mathématiques que vous maîtrisez, Monsieur le Président de la République, mieux que moi.
Dès lors, notre choix de dépasser nos contradictions par les vertus du dialogue nous a permis, à chaque instant, de générer les synthèses, dans ce processus de paix qui, comme tout autre, ne suit pas une courbe linéaire. Il est d’ailleurs heureux que certaines perceptions de l’opinion publique soient déconnectées de la réalité du dialogue franc et sincère qui rythme nos multiples délibérations sur des préoccupations essentielles et nos nombreux tête-à tête où l’on discute des questions de la manière la plus franche. Et je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, de m’avoir fait ce privilège tous les lundis à la même heure, de me recevoir en intimité dans votre bureau.
Nous avons été à l’écoute de critiques objectives de populations et de leaders d’opinions dans la quête continue de solutions toujours mieux adaptées aux besoins de l’Etat et des communautés qui restent, après tout, les bénéficiaires directs de notre mandat dans le respect des principes, des valeurs et de la doctrine du maintien de la paix.
Ce faisant, notre ambition d’accroître la contribution de la MINUSCA pour le retour définitif de la paix et la réconciliation nationale, a toujours prévalu sur toute autre velléité sans utilité pour cette dynamique. Je retiendrai comme leçons que ce dialogue n’ait jamais été interrompu aussi bien au sommet de l’Etat avec le Chef de l’Etat, entre partenaires, avec les acteurs politiques et tous les segments de la société centrafricaine.
Il nous revient à nous tous de continuer ce dialogue, avec le courage qui sied, pour des sauts qualitatifs, pour le parachèvement des processus de paix et relance des activités de développement économique en faveur des populations. Aucun partenaire, Monsieur le Président vous ne cessez de le répéter, n’est et ne sera de trop, pour y contribuer.
Je ne doute point des efforts personnels, Monsieur le Président de la République que vous avez consenti, pour le plein épanouissement de tous les partenaires et l’accroissement de leurs investissements dans un contexte de récession mondiale post-COVID-19. J’ose aussi affirmer la détermination des partenaires, au rang desquels la MINUSCA et les Nations Unies, les Etats membres, et institutions régionales, à assumer pleinement leur rôle.
A l’heure de partir, je salue votre décision, Monsieur le Président de la République, de convoquer le dialogue républicain pour la période du 21 au 27 mars. Le tout dans un contexte de revitalisation du processus de paix à travers la Feuille de Route de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs. Qui d’autre pourrait espérer, mieux que moi, entendre en toute quiétude et finalement, la symphonie de la paix, dont la composition est en cours, orchestrée harmonieusement par le Gouvernement, à commencer par vous-même, et ses partenaires pour accueillir ma successeure à la tête de la MINUSCA, Madame Valentine RUGWABIZA.
Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Chers amis membres du corps diplomatique,
Nous partons ainsi avec la conviction qu’en continuant de faire toujours plus et mieux dans l’intérêt de la paix et des populations, nous parviendrons ensemble à fermer le chapitre de la crise par la restauration d’une paix définitive qui restera une belle œuvre collective dans la trajectoire de la République centrafricaine qui fait désormais partie intégrante de mon histoire personnelle et professionnelle au service des Nations Unies.