La Commission des droits de l’homme de l’ONU dénonce les crimes contre les civils commis par l’armée et par le groupe paramilitaire russe Wagner.
D’après Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, « les opérations militaires menées contre les groupes armés d’opposition par les forces de sécurité du gouvernement, soutenues par divers éléments armés et des entrepreneurs privés étrangers, auraient également donné lieu à de graves violations des droits de l’homme ».
Selon le communiqué publié par l’ONU, plus de 840 personnes ont été victimes d’assassinats et d’autres violations des droits de l’homme dans les trois derniers mois de 2021. Ces tueries ont été dénombrées dans 63 incidents de violations des droits de l’homme, d’abus et d’infractions au droit humanitaire international – dont beaucoup sont extrêmement graves.
Les mercenaires de Wagner accusés
Les forces armées centrafricaines, les mercenaires de Wagner, ainsi que certains groupes rebelles opérant dans ce pays sont accusés d’être les auteurs de ces crimes par la division des droits de l’homme de la Mission des Nations unies en Centrafrique, la Minusca.
Fernand Mandé, coordinateur de la Coalition des organisations de la société civile pour la Cour spéciale mise en place pour la Centrafrique, explique que « des fois dans leurs véhicules, les hommes de Wagner sont avec les FACA. Il y a des images filmées par un FACA qui ont circulé sur les réseaux sociaux. Il a été filmé comment ils ont arrêté des bandits. Ils les déshabillent, les torturent, puis les assassinent ».
« La justice doit agir »
Selon l‘ONU, 59% de ces incidents ont été attribués aux groupes armés signataires de l’Accord de paix de février 2019. Fernand Mandé estime que la justice centrafricaine devrait agir car certains groupes entretiennent de bonne relations avec le gouvernement
« Sur le terrain on a Abdoulaye Hissene qui est là. C’est un chef rebelle lui aussi et il ne s’inquiète pas. Il a pris part au dialogue et a dit qu’il était prêt à se rendre devant la justice. Mais il faudrait que la justice puisse leur mettre la main dessus », précise-t-il.
Abdoulaye Hissene, chef rebelle du Front pour la Renaissance de la Centrafrique, signataire de l’accord de paix de 2019, placé sous mandat d’arrêt par la justice de son pays en 2018 et sous sanctions des Etats-Unis en 2017, reste évasif sur les accusations formulées contre lui.
« Moi j’avais demandé pardon à toute la population de mon pays mais concernant d’autres actions, je ne peux pas me prononcer là-dessus parce que je ne suis pas un expert », se défend-il.
La Centrafrique se défend
La délégation centrafricaine à Genève a rappelé les mesures prises par Bangui pour lutter contre l’impunité, sans se prononcer directement sur les allégations portées contre Wagner. Selon le même communiqué, Arnaud Djoubaye Abazene, ministre de la Justice et des Droits de l’homme de la République centrafricaine affirme que « des actions multiples sont en cours d’exécution afin de rendre la justice plus accessible et équitable pour tous les Centrafricains ».
Aussi, une suite judiciaire est en cours, au sujet du rapport de la Commission d’enquête spéciale à l’effet de « faire la lumière sur les allégations de violations des droits de l’homme révélées l’année dernière par la Division des droits de l’homme de la MINUSCA ». De même, Bangui a instruit l’ouverture des enquêtes judiciaires suite à de nombreux cas présumés de violations des droits de l’homme perpétrés à l’intérieur du pays.
Selon l’ONU, ces violences ont déjà provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes, tandis que près des deux tiers de la population aurait besoin de protection et d’assistance humanitaire.