Face à la vague de désertion au sein de l’opposition élargie, les opposants politiques de Faustin Archange Touadera se réorganisent. Cependant, ils accusent le pouvoir de vouloir modifier la constitution en instrumentalisant une partie de l’opposition avec les frais de l’Etat.
Absente au dialogue républicain, l’opposition élargie secouée par le départ de Cyriaque Gonda, d’Aurélien Simplice Zinghas et bien d’autres figures, se montre résiliente et accuse le pouvoir de Bangui de vouloir la fragiliser.
Des recommandations préparées à l’avance selon l’opposition
"Ce dialogue en terme de travaux n’a duré que 5 jours, il y a 450 participants et en 5 jours, ils ont sorti 650 recommandations. En fait, quand vous faites la moyenne, cela fait 130 recommandations par jour. Pensez-vous que c’est vraiment sérieux ? La réalité c’est quoi ? C’est que ces recommandations, ils les ont préparées avant", déclare Me Nicolas Tiangaye, porte-parole de l’opposition démocratique élargie.
Mais l’opposition ne s’arrête pas là. Elle pointe du doigt "l’incompétence" du régime de Bangui qui, visiblement, selon Anicet Georges Dologuélé, n’a pas d’offre politique à faire aux Centrafricains.
"J’ai été très surpris. Quand j’ai lu les 600 recommandations du dialogue, j’ai eu l’impression que mon frère Faustin Archange Touadera n’avait eu de programme ni en 2016, ni en 2020 et qu’il utilisait ce dialogue pour enfin avoir un programme. Parce que ce n’est pas aux Centrafricains de venir au dialogue dire qu’il faut chaque année une conférence diplomatique", regrette le président de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA).
Accusés par ses détracteurs de prôner une opposition stérile, l’opposition élargie met en avant l’argent public qui aurait servi à acheter les frondeurs. Une cause portée par Raymond Adouma, qui se déclare témoin oculaire d’une mise en scène orchestrée par les ministres Arthur Bertrand Piri, Claude Rameau Bireaux et le directeur général des Douanes qui auraient mis les moyens à disposition de Cyriaque Gonda. Me Crépin Mboli-Goumba n’est pas surpris et parle d’erreur dans le choix de l’opposition.
"Le compatriote Aurélien Zinghas est une erreur politique qui date de l’époque François Bozizé. Zinghas a été nommé ministre de l’Education nationale, à l’époque, je trouvais que c’est un message troublant qu’on envoyait à nos enfants. Zinghas vous vous souvenez, est l’architecte de cette cabale contre des leaders de l’opposition et qui disait que nous étions la tête pensante de la Séléka. Alors moi, je viens d’un endroit où l’honneur est important", martèle le président du PATRIE.
Des accusations rejetées par le gouvernement
En réaction à l’accusation de l’opposition, Serge Ghislain Djorie, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, indique que ces propos visent à ternir l’image des autorités centrafricaines.
"On aime bien porter du doigt accusateur et quand on est en position de faiblesse, on accuse à tort. C’est un jeu d’enfants de citer des membres du gouvernement qui se seraient livrés à une pratique de corruption. On ne peut pas sortir l’argent de l’Etat sans passer par le Conseil des ministres. Quelqu’un de l’opposition peut-il me sortir les preuves qu’ils disent est passé par ce circuit ?", réagit le porte-parole du gouvernement.
Entre la résistance à la modification de la constitution et la clarification des faits liés au dialogue, l’opposition élargie dit rappeler à Faustin Archange Touadera que le dialogue républicain n’a été qu’une simple offensive de charme vis-à-vis des partenaires et une volonté de modifier la constitution.