La persistance des violations du cessez-le-feu en République centrafricaine inquiète la Représentante spéciale du Secrétaire général dans ce pays, Valentine Rugwabiza, qui s’est exprimée ce mercredi devant le Conseil de sécurité. « Les parties poursuivent leurs opérations et leurs actes de belligérance », a-t-elle affirmé.
La Représentante spéciale s’est aussi inquiétée devant le Conseil d’une « stigmatisation » persistante et d’une incitation publique à la violence contre des chefs d’opposition ou certains partenaires de la République centrafricaine. Des comportements de nature à saper le processus de réconciliation nationale, et qui risquent de se traduire en actes de violence, a-t-elle prévenu.
Celle qui dirige depuis le mois de février la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a expliqué que la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire centrafricain restait à la fois un objectif immédiat et un gage de crédibilité de la « feuille de route conjointe ».
Mme Rugwabiza a fait savoir que depuis son arrivée à la tête de la MINUSCA, la Mission avait réajusté ses prérogatives, privilégiant désormais une approche « préventive » et « centrée sur les populations civiles ». Cet ajustement conditionne notamment la création et le maintien d’un environnement sécuritaire propice au déroulement du processus de paix, y compris par le respect du cessez-le-feu et la restauration intégrale de l’autorité et des services de l’État, a-t-elle précisé.
En outre, malgré la crise du carburant, qui l’affecte, la MINUSCA planifie, pour exécution immédiate, des opérations en réponse aux groupes armés, « qui profitent du contexte de crise pour un repositionnement tactique ».
Le 4 juin, « tournant décisif » dans la mise en oeuvre de la feuille de route conjointe
La Représentante spéciale a déclaré que la tenue de la réunion de revue stratégique du processus politique devrait faire du 4 juin « une date de référence » et « un tournant décisif », tant elle a enregistré une participation de haut niveau dans la mise en œuvre de la « feuille de route conjointe », avec la présence, entre autres, du Chef de l’État, des Ministres des affaires étrangères de l’Angola et du Rwanda, des garants et facilitateurs de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019, ainsi que de partenaires internationaux.
Elle s’est réjouie que cette revue stratégique ait atteint tous les objectifs assignés, notamment la remobilisation des acteurs de la région, la création des conditions indispensables au réengagement des partenaires internationaux autour de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, ainsi que la décision des autorités centrafricaines de convoquer tous les trois mois, à compter du 4 juin, une « plateforme permanente de revue stratégique du processus politique ».
Promouvoir l’élargissement de l’espace démocratique
Saluant la décision du Président de la République centrafricaine de s’impliquer directement dans les engagements politiques avec les leaders des groupes armés, Mme Rugwabiza a invité le gouvernement à mettre en œuvre les 217 recommandations du dialogue républicain afin de promouvoir l’élargissement de l’espace démocratique.
« La MINUSCA accroîtra son soutien et sa coopération avec le gouvernement aussi longtemps que prendra le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité en Centrafrique », a-t-elle assuré.