(Agence Ecofin) - Alors que le cours du bitcoin est en chute libre et que de nombreuses plateformes crypto se déclarent en faillite, Bangui espère récolter 21 millions de dollars grâce à la vente de 210 millions de sango coins.
La République centrafricaine a annoncé ce vendredi 15 juillet, qu’elle va commencer à vendre sa propre cryptomonnaie, le Sango, à partir du jeudi 21 juillet à un prix unitaire initial de 0,10 dollar.
Décrit comme une « monnaie numérique nationale », le « sango coin sera mis en vente le 21 juillet avec un investissement minimum de 500 dollars à payer en cryptomonnaies », notamment en Bitcoin et en ethereum, selon des données publiées sur le site Web du centre d'investissement Sango.
210 millions de sango coins seront initialement proposés aux investisseurs au prix unitaire de 0,10 dollar. Ce qui permettra d’attirer des investissements d’un montant global de 21 millions de dollars, a-t-on ajouté de même source, indiquant que douze autres opérations de vente de sango coins sont prévues avec des prix qui augmenteront à chaque fois.
Dans le cadre de ce projet de monnaie numérique, les investisseurs étrangers pourront acheter la citoyenneté pour 60 000 dollars en cryptomonnaies à condition de détenir des sango coins équivalents pendant cinq ans à titre de garantie, et la « e-résidence » pour 6000 dollars détenus pendant trois ans, selon le site Web « sango.org ».
Un terrain de 250 mètres carrés est également proposé pour 10 000 dollars aux investisseurs qui acceptent de conserver les sango coins pendant une décennie.
Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, avait annoncé le dimanche 3 juillet, que le sango coin deviendrait « le catalyseur de la tokénisation des vastes ressources naturelles » du pays. Il avait également annoncé le lancement d’une « Crypto Island », présentée comme une zone franche à fiscalité nulle où des palaces, des casinos, un grand stade et un parc aquatique seraient construits.
Les institutions financières internationales préoccupées
Dévoilé pour la première fois en mai dernier, le projet Sango (une des langues officielles du pays) vise essentiellement à faire de la Centrafrique un hub international d’investissement et de développement de la cryptomonnaie.
Deuxième pays le moins développé du monde selon l'ONU, la Centrafrique est devenue en avril dernier, le premier pays d'Afrique et seulement le deuxième au monde (après le Salvador) à adopter le Bitcoin comme monnaie officielle.
L’adoption de la finance numérique par ce pays déchiré depuis 2013 par une guerre civile a suscité des réserves de la part de plusieurs institutions financières internationales et régionales.
Au lendemain de l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle, le Fonds monétaire international (FMI) avait appelé à « ne pas voir le Bitcoin comme une panacée contre les défis économiques auxquels l'Afrique fait face ».
La Commission bancaire d'Afrique centrale (COBAC), l'institution à travers laquelle la Banque centrale commune aux pays de la CEMAC (BEAC) régule les activités de banque, avait rappelé qu’il est « interdit de convertir, de régler ou de couvrir en devise ou FCFA, les transactions relatives aux cryptomonnaies ou ayant un lien avec celles-ci ».
La Banque mondiale a quant à elle, exprimé ses « préoccupations concernant la transparence du projet ainsi que sur ses implications potentielles pour l'inclusion financière, le secteur financier et les finances publiques en général, en plus des aspects environnementaux ».
Les détracteurs du projet Sango le jugent par ailleurs, « irréaliste » dans un pays où le taux de pénétration d'Internet est d'environ 11%, et le taux d’électrification se limite à 14,3%.