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Communication de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, président de la république, chef de l’état

Publié le mardi 19 juillet 2022  |  Présidence
Colloque
© Autre presse par DR
Colloque international sur le leadership en temps de crise
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Thème : Diriger une Nation en temps de crise : l’expérience de la République Centrafricaine.

- Distinguées personnalités ;
- Mesdames et Messieurs ;
- Chers Participants ;
Je voudrais d’abord remercier les organisateurs de ce Colloque international de Bangui sur le thème intitulé, « Leadership en temps de crise », et de m’y avoir invité à présenter l’un des sous-thèmes, à savoir « Diriger une nation en temps de crise : l’expérience de la République Centrafricaine ».
Je dois vous dire que c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accueilli cette invitation.
C’est également avec joie que je voudrais partager avec vous ma vision et les stratégies développées pour gérer la Nation centrafricaine pendant la période pandémique du COVID-19.
Vous le savez certainement, nous assistons depuis décembre 2012 à des actes de barbarie, d’intolérance, de la haine du prochain et au déferlement des pulsions mortifères qui n’honorent pas notre pays.
Cette grave crise sécuritaire a été accentuée par la crise sanitaire née de l’avènement de la pandémie de Coronavirus ou COVID-19.
J’ai pris le gouvernail de ce pays en pleine tempête et je devrais me montrer courageux, comprendre que Dieu veut m’utiliser pendant ces temps de crises pour donner de nouvelles opportunités à son peuple.
C’est pourquoi, au-delà du danger que représentait la plus grande crise militaro-politique du pays face à mon engagement, j’ai cherché, dès mon investiture le 30 mars 2016, à comprendre le plan de Dieu pour la Nation centrafricaine et reconnaître que j’étais certainement le leader qu’il voulait utiliser pendant ces temps de crises pour alléger les souffrances de son peuple.
J’ai vite compris qu’il fallait engager des réformes courageuses dans tous les domaines et prendre des initiatives là où elles faisaient défaut, pour non seulement ramener la paix et la sécurité, mais aussi améliorer les conditions de vie de mes concitoyens meurtris par plusieurs années d’atrocités.
J’ai été encouragé en cela par la confiance que le peuple centrafricain m’a témoignée et la conviction que Dieu m’avait choisi dans sa prescience pour conduire la destinée de son peuple, en pareilles circonstances.
Et comme nous sommes ici à parler particulièrement de la direction de la Nation pendant la crise de COVID-19, je voudrais vous rappeler brièvement la vision et les stratégies développées pour contrer la progression fulgurante de ce fléau de notre siècle, en République Centrafricaine.
D’emblée, je voudrais vous dire que je n’ai pas perçu le COVID-19 seulement comme un danger qui pouvait décimer la population au regard de notre faible capacité technique à faire face à des épidémies, mais aussi comme une autre opportunité de résilience et de dévouement que Dieu nous donne.
- Distingués invités ;
- Mesdames et Messieurs ;
Le choc de la pandémie de COVID-19 a été une épreuve multi-dimensionnelle de leadership et un test de capacité de résilience, de réactivité et de gouvernance des Etats et des institutions nationales, régionales et mondiales face aux menaces des évènements majeurs de santé publique de notre époque.

En effet, une pandémie comme le COVID-19 pose des enjeux politiques et socio-économiques qui appellent une réponse proportionnelle et exemplaire au plus haut niveau du leadership national.

L’histoire contemporaine de la gestion des épidémies regorge de scandales qui ont été à l’origine de crises politiques comme celui du sang contaminé au début de la pandémie de VIH/SIDA.

Aussi, de telles crises ont clairement révélé que la gestion des épidémies n’est pas une simple question humaine et technique mais elle est hautement politique.

C’est fort de cette considération que je me suis personnellement et directement engagé dans la gestion de cette pandémie dans notre pays.
Mon action est fondée sur un ensemble de principes qui peuvent être regroupés en trois catégories : (i) principes relevant de la science de gestion des épidémies encore appelés principes épidémiologiques, (ii) principes opérationnels qui portent sur l’organisation pratique de la lutte, (iii) principes de leadership et de bonne gouvernance.

1. Concernant les principes épidémiologiques, c’est l’application de la triade épidémiologique en termes de personne, lieu et période.
Sur cette base une épidémie est définie par une augmentation brutale de personnes atteintes par une infection donnée dans un lieu précis et en un temps donné.

Une épidémie devient pandémie lorsque tous les continents sont atteints. C’est le cas de la pandémie à COVID-19.
2. S’agissant des principes opérationnels liés plus spécifiquement à la pandémie à COVID-19, ce sont quatre (4) actions majeures à mettre en œuvre : dépister, isoler, traiter et suivre.

3. En ce qui concerne les principes de leadership et de gouvernance, ce sont l’anticipation, la préparation, la coopération, la riposte, l’équité, l’inclusivité, le respect des droits humains et l’évaluation.

- Distingués invités ;
- Mesdames et Messieurs ;

Mon histoire de la gestion de la pandémie de COVID-19 reflète l’application des principes énumérés ci-dessus en tenant compte du contexte médico-sanitaire, politique, économique, socio-anthropologique et sécuritaire de la République Centrafricaine.
1. En tant que Président de la République, Chef de l’Etat, l’une de mes responsabilités est la protection de la population contre les catastrophes de tous ordres, comme les épidémies et les pandémies au cours desquelles un nombre important des personnes et de communautés peuvent être affectées causant des souffrances voire des pertes en vies humaines avec de graves conséquences sur les familles, la société et l’économie.
J’ai vite compris, à travers les données qui étaient remontées par le Ministre chargé de la Santé sur le SARS-Cov2 en Chine, que le monde entier allait être sous la menace d’une grave épidémie de nature inconnue, que l’OMS définira dans un premier temps comme un évènement de santé publique de portée internationale avant de le nommer COVID-19 et le déclarer comme une pandémie.

J’ai donc ordonné que des structures de préparation et de riposte soient mises en place et qu’un plan national de réponse à la pandémie soit élaboré et validé par la Cellule de Crise et les partenaires.

2. Pour exercer cette responsabilité, il faut de l’agilité et une capacité d’anticipation des évènements.
Pour ce faire, un dispositif organisé de collecte et d’analyse de données et d’informations en temps réel été mis en place au niveau du Ministère de la Santé pour suivre les tendances de l’épidémie tant au niveau national qu’international.
Cela a permis de dépister le premier cas le 14 mars 2020. En outre, en prévision des cas, une Cellule d’isolement et de prise en charge était créée à l’Hôpital de l’Amitié permettant de prendre en charge immédiatement le premier cas de COVID-19 dépisté sur le sol centrafricain.
Des structures de leadership, de coordination et de gestion ont été mises en place par décret ayant institué le Comité de crise et de riposte à la pandémie de COVID-19.

3. En pareille circonstance où la vie de la Nation est en péril, la mobilisation générale est un impératif. A cet égard, la communication constitue une fonction cardinale du leader.

Elle a pour but de communiquer la vision, de créer un sens d’urgence, de susciter des initiatives, de promouvoir la solidarité et un comportement responsable.

C’est ainsi que j’ai associé les déclarations médiatiques radiotélévisées à une campagne de communication interpersonnelle.
J’ai présidé personnellement les réunions du Comité national de crise et veillé à l’application des décisions découlant de ces réunions. J’ai aussitôt communiqué personnellement ces décisions à la population.

4. J’ai personnellement organisé des consultations avec toutes les institutions républicaines (Gouvernement, Assemblée Nationale, Cour Constitutionnelle, Conseil Economique et Sociale, etc.), les leaders communautaires, la société civile, les confessions religieuses, le corps diplomatique y compris la MINUSCA et les Agences du Système des Nations Unies. Cela a permis d’assurer une large adhésion aux orientations et mesures préconisées.

L’un des résultats de cette mobilisation, s’agissant du domaine confessionnel est l’initiative prise par la Plateforme des Confessions Religieuses d’une Journée nationale de prière, la première du genre dédiée à la lutte contre les pandémies.

5. J’ai privilégié une démarche basée sur des évidences scientifiques et le compromis, c’est-à-dire en tenant compte du contexte culturel, anthropologique et socio-économique.

A titre d’exemple, nous n’avons pas fermé nos frontières comme l’ont fait beaucoup de pays et nous n’avons pas imposé le confinement qui était considéré comme une mesure cardinale en matière de riposte à la pandémie de COVID-19.

Parmi les mesures initiales, il a été procédé à la fermeture des écoles et des lieux de culte mais ceux-ci ont été rouverts de façon consensuelle, plus particulièrement après consultations des leaders religieux.

Les obsèques et les cérémonies de mariage ont été maintenues sans heurt. Nous avons aussi revu, en temps opportun, la durée de la quarantaine fixée au départ à 21 jours, puis à 14 jours.

Nous avons, avec l’appui de la Banque Mondiale et plusieurs autres partenaires, confectionner localement et distribuer gratuitement des masques artisanaux à la population.
6. Dès que l’utilisation des vaccins a été autorisée par l’OMS, une démarche structurée et intégrée a été préconisée dans le cadre du programme national de vaccination.
Un plan national de vaccination contre le COVID-19 a été élaboré et soumis avec succès fin mars 2021 à la Facilité COVAX, premier partenaire mondial en matière de vaccination contre le COVID-19.

Ce plan s’appuyait dans un premier temps sur une politique nationale de vaccination adoptée par le Gouvernement. Celle-ci vient d’être renforcée par une loi sur la vaccination adoptée par l’Assemblée Nationale.

Afin de faire adhérer la population à la vaccination, nous avons organisé une enquête d’opinion qui a révélé que la population n’était pas opposée à la vaccination, mais souhaitait que les leaders donnent l’exemple en se faisant vacciner.

Notre campagne a été lancée et développée sur ce principe. Le résultat de cette démarche est que la RCA a une couverture vaccinale à ce jour de 26%, l’un des taux les plus élevés en Afrique au Sud du Sahara.

J’ai fixé à 70% la couverture vaccinale à atteindre d’ici fin 2022. Je suis convaincu que cet objectif sera atteint.
7. La riposte à la pandémie du COVID-19 a été utilisée comme une opportunité de renforcement du système de santé.

C’est dans ce contexte que l’approche communautaire a été développée par la mise en place de la surveillance à assise communautaire.
Ce qui a permis de rapprocher les prestations de services de santé des ménages à travers les visites à domicile effectuées par des équipes de santé composées de médecins, d’infirmiers, d’agents de santé communautaire et des chefs de quartiers et de groupes.

Cette intervention a permis de réduire la mortalité liée au COVID-19 à travers le dépistage et la prise en charge précoces des cas ainsi que le dépistage et la prise en charge des cas de comorbidités (hypertension artérielle, diabète, etc.).

En ce qui concerne les comorbidités, j’ai instruit l’achat et la distribution gratuite des médicaments aux hypertendus et diabétiques qui n’ont pas les moyens.
Le dépistage et la prise en charge des malades avec des possibilités d’oxygénation sont effectués sur toute l’étendue du territoire.

J’ai instruit la construction sur le budget de l’Etat d’un hôpital d’une capacité de 350 lits dédié à la prévention et la prise en charge des grandes endémies sur le site de l’ancien Centre anti Lèpre situé au PK 24, sur la route de Damara.

A ce jour, notre pays a enregistré 98.333 personnes testées dont 14.730 testés positifs et 14.092 personnes guéries, 130 décès enregistrés.
J’ai pu assurer en temps réel le suivi de l’épidémie, limiter sa progression à l’intérieur du pays, limiter la mortalité et l’impact socio-économique tout en créant un dispositif durable de préparation et de réponse aux épidémies et aux pandémies.

8. J’accorde une attention particulière à la gestion efficace et efficiente des ressources mobilisées. A cet effet, j’ai mis en place des mesures appropriées pour garantir la transparence, de redevabilité et d’obligation de résultats.

Un Comité de ressources a été créé sous la présidence du Ministre chargé des Finances et du Budget assisté du Ministre chargé de la Santé et de la Population. Ce Comité réunit tous les chefs de départements et les partenaires techniques et financiers. Dans le cadre de ce comité, j’ai aussi commandité un audit qui a été effectué par la Cour des Comptes.

9. La réduction de l’impact socio-économique due au COVID-19 est un pilier essentiel du plan national de lutte.
De ce fait, j’accorde une importance capitale au suivi des effets de la pandémie sur la population ainsi qu’à l’atténuation de ces effets.
C’est dans ce cadre des études d’impact sont menées par le biais de l’ICASEES sur le panier de la ménagère et les aspects macro-économiques.
Des allocations budgétaires ont été accordées plusieurs ministères en vue de contribuer à l’atténuation de l’impact de l’épidémie sur ces institutions.

Dans le secteur de la santé, des primes COVID-19 ont été allouées à toutes les catégories des personnels de la santé.
J’ai également, dans ce chapitre, instruit la fabrication et la distribution gratuite de masques artisanaux à toute la population à raison d’au moins deux masques par personne.

Cette mesure avait aussi une dimension économique en permettant une injection dans l’économie de 10 millions de dollars.
10. Conformément aux principes universels de management, le suivi et l’évaluation occupent une place décisive dans la gouvernance et l’exercice de mon leadership.

Nonobstant les évidences issues des données et des rapports de progrès de la lutte, je suis toujours à l’écoute des parties prenantes en vue des ajustements éventuels aux stratégies et interventions mises en œuvre.

C’est ainsi que j’ai organisé avec l’appui de l’OMS la première revue internationale sur la préparation et la réponse aux urgences de Santé publique dans le contexte de la pandémie à COVID-19.

Pays pilote en la matière, la République Centrafricaine est devenue une référence en meilleure pratique internationale dont l’exemple inspire les autres pays membres de l’OMS.

11. Vous comprendrez pourquoi cette séance d’échanges constitue pour moi un moment privilégié non seulement pour donner mais aussi pour recevoir vos impressions et suggestions afin d’améliorer et renforcer mon leadership.

12- Je tiens ici à saluer les actions menées par la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique, en faveur de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, depuis le début de la crise.

Je vous exhorte à vaquer à la prière afin que Dieu nous donne la force et l’intelligence de conduire son peuple dans le droit chemin et vers un avenir meilleur.
Merci de votre aimable attention.
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