Cinq mois après, la pénurie de carburant continue de frapper la République centrafricaine.
Cette rareté n’est pas sans conséquences sur le quotidien des ménages. A Bangui par exemple, les prix de transport et denrées alimentaires ont considérablement flambé. Ce qui est parfois à l’origine de disputes entre commerçants et clients sur le marché.
Illustration dans ce reportage au marché Gobongo dans le 4 arr. de Bangui.
Comme à l’accoutumée, le marché Gobongo dans le 8 arrondissement de Bangui grouille de monde. Le mouvement de vas-et vient entre les étals, cache l’exaspération des commerçants et de leurs clients. Pour ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, c’est le questionnement.
La Centrafrique, ce beau de Boganda, où coule le lait et miel selon les appréhensions de l’ancien Président, Ange-Félix Patassé, connaît malheureusement des méandres dus aux perceptions peut-être de ceux qui sont aux commandes. Le cas des prix des transports sans une mesure adéquate en est une illustration. En effet, la semaine passée, sur les ondes de la radio de la place, le Ministre chargé du Développement de l’Energie et des Ressources Hydrauliques, Arthur Bertrand Piri, la République centrafricaine allait souffler une bouffée d’oxygène.
Selon lui, les carburants étaient enfin arrivés à Kolongo.
Cette Société qui gère les Produits pétroliers avait environ une semaine pour le dépotage et qu’en quelques jours les malheurs des centrafricains allaient connaître une fin heureuse.
Normalement, dans cette dynamique, les prix des bus et taxis qui avaient galopés dus aux pénuries du carburant devaient également connaître une amélioration du fait que les choses allaient revenir dans l’ordre. Or, quelques jours après cette déclaration, les comportements devant se conformer aux dispositions du ministre de la République n’observent nulle part.
Au jour, d’aujourd’hui, on a l’impression que les taxis, bus et moto-taxi se cramponnent à leur position. On sent également qu’ils ont une attitude beaucoup, plus rigide et voudraient en quelque sorte maintenir les prix tel quel. En dépit des réactions de quelques clients qui sollicitent leur attention, ils se heurtent à une intransigeance incompréhensible.
Comble de malheur ! Aucune parole d’apaisement, aucun propos officiel pour commencer à ramener la pendule à l’heure. Or, les autorités centrafricaines semblent ne pas croire à la vision des populations éprises de paix.
Les populations ont compris l’enjeu de ce qui prévalait en ce temps et ont voulu, dans l’intérêt national garder le silence. Et comme les choses rentrent dans l’ordre, en compassassions, les autorités ont tout à gagner en mettant en marche le mécanisme du retour à la normal sans encombre. Si sur les ondes, on apprend qu’il y a une quantité suffisante de carburant et que les prix des transports ne varient pas, on a l’impression soit d’une irresponsabilité des responsables soit d’une certaine complicité avec ceux qui gèrent ce domaine.
C’est généralement dans ce cas de figure que naissent les frustrations. Et si on sait que les frustrations engendrent des attitudes de désobéissance, il est opportun en ce moment d’arrêter l’hémorragie à temps.
Il est temps de songer remédier à ces manquements et employer les mesures qui s’imposent pour une stabilité nationale. Le comble est que le pays traverse des moments préoccupants surtout sur le plan financier. Le panier de la ménagère est extrêmement vide. Sortir de l’argent pour engager une dépense quelconque coute les yeux de la tête. Ainsi dans un contexte aussi tendu, il ne faut pas qu’autres événements s’y ajoutent pour envenimer et obscurcir l’atmosphère.
« Moi par exemple, l’argent du marché qu’on me donne est peu. Pendant ce temps, les aliments sont chers. Aujourd’hui, personne n’est en mesure de nous dire ce qu’il se passe avec la crise du carburant. Où allons-nous avec cette histoire » s’alarme Clarisse, une femme au foyer.
Du côté des commerçants, l’on se défend et renvoie la balle à la source. Pour eux, cette augmentation leur est imposée.
« La faute ne nous revient pas »
« Au Pk 12 où on achète la viande, c’est devenu très cher. Auparavant, on payait une botte à 40.000 francs CFA pour pouvoir gagner quelque chose. Mais pour le moment, c’est à 60.000 francs. Il est vrai que les clients aussi se plaignent. Mais la faute ne nous appartient pas » défend Patricia, une vendeuse de gibiers.
A l’intérieur du marché, c’est la même préoccupation. Cependant, certains vendeurs déplorent, eux, les tarifs du transport en commun.
« Nous demandons au gouvernement de pallier ce problème de carburant pour faciliter nos activités. Parce que les clients ne comprennent toujours pas lorsque nous augmentons les prix.
Quand je quitte le Pk12 pour ici, je dois débourser au moins 500 au lieu de 250 francs auparavant » souligne Mama Mokonzi, une vendeuse d’épices.
Dans les ménages de la capitale centrafricaine, les plaintes fusent de partout. La pénurie du carburant est venue encore aggraver la hausse des prix de denrées alimentaires que connaît le pays depuis le début de l’année. Selon certaines sources, le gouvernement serait en train de mettre en place un plan de ravitaillement du pays pour contrer cette crise.