Centrafrique : « Opération – contrôle des fonctionnaires et agents de l’Etat » : le directeur de la solde au MFB et le directeur technique à l’Oni et son adjoint mis aux arrêts à la SRI
Lancée, il y a pratiquement plus d’un (1) mois par le ministère de la fonction publique, l’Opération – contrôle des fonctionnaires et agents de l’Etat contre la fraude dans l’administration, les pratiques de « doublons », les fonctionnaires et retraités fictifs, les rappels indus des indemnités, et les décédés qui sortent de leur tombe pour émarger mensuellement sur les fichiers de la solde, serait sur le point d’atteindre ses objectifs.
Selon les premières informations des sources proches du ministre de la fonction publique Dimassé, la chasse aux fraudeurs aurait déjà accouché de plus de 3.000 fonctionnaires et agents de l’Etat fictifs et permis la mise aux arrêts de trois (3) hauts responsables de la chaîne d’engagement des dépenses liées à la solde. Il s’agirait du directeur de la solde exerçant au ministère des finances et du budget et du directeur technique à l’Oni avec son adjoint. La liste des proies devant se retrouver dans la nasse serait, au moment où nous mettons sous presse, longue et même très longue. Des agents relevant de l’autorité directe du directeur de la solde épinglé à ses supérieurs hiérarchiques les plus immédiats que sont le DGB et le MFB en passant par le directeur général de l’Oni qui a un statut de réfugié, et ses proches collaborateurs, la vague déferlente risque de tout emporter pour peu que se poursuit la confiance accordée au ministre de la fonction publique par l’Imposteur sur la gestion de ce dossier.
Pour la gouverne des uns et des autres, rappelons comme l’a bien souligné notre confrère Jean – Fernand Koéna sur les ondes de DW le 27 juillet 2022 que « c’est en proie à un déficit de trésorerie exacerbé par l’insécurité et le gel des appuis budgétaires du FMI et de la Banque Mondiale, que la Centrafrique lance une opération de vérification dans l’administration publique. Il s’agit d’identifier les fonctionnaires qui perçoivent indument plusieurs salaires. Le gouvernement espère ainsi faire plus d’1,2 milliard d’économie par an. Mais cette opération est délicate, notamment lors du contrôle des forces de défense et de sécurité.
Agents fictifs
Tout serait parti d’un constat selon lequel, des agents de l’Etat auraient développé des stratégies frauduleuses qui leur procureraient deux ou trois salaires selon le cas. Marcel Djimassé, le ministre centrafricain de la Fonction publique s’en explique : « Le contrôle physique a deux objectifs. Le premier c’est de vérifier que les agents qui figurent dans le fichier sont réels. Que ce ne sont pas des agents fictifs. Deuxièmement nous profitons pour régler le problème de double salaire. » Dans le viseur du gouvernement se trouve un réseau de fraudeurs à tous les niveaux de l’administration publique. Ceux-ci qui inventent des arguments, voire développent des manœuvres de tricherie sur l’âge qui retardent parfois le départ à la retraite des agents.
Le rôle de la Russie
Dans un centre d’enrôlement à Bangui, les fonctionnaires, munis de leurs documents se présentent ainsi à tour de rôle. Les experts et officiers de contrôle doivent procéder à une reconnaissance faciale et une authentification de l’empreinte digitale sur la carte d’identité. Boniface n’est pas inquiet après avoir passé avec succès le contrôle. « Je ne me sens pas inquiet, car j’ai toutes les pièces. Je suis fonctionnaire, je devrais avoir les documents administratifs. J’encourage ce contrôle parce que moi j’ai un seul numéro de matricule. » Ce contrôle n’est pas nouveau. Mais certains s’interrogent sur l’exploitation réelle des résultats. Car en 2008 par exemple, l’audit effectué au ministère de la Défense a été classé sans suite. Autre question qui intrigue : le rôle que pourraient jouer les partenaires russes du gouvernement.
Pression des bailleurs internationaux
Les autorités n’écartent pas l’idée de confier le contrôle à des experts russes. Des observateurs critiquent une démarche solitaire et souhaitent un élargissement aux services des statistiques. D’autres demandent aux autorités de s’attaquer au nœud de la fraude à partir du trésor et de l’office de l’informatique. Parallèlement, la pression du FMI s’intensifie. Le gouvernement est appelé à réduire son budget prévisionnel de 289 milliards. Oral Williams est l’envoyé spécial du FMI : « Compte tenu du contexte difficile – le pays a subi une crise sanitaire et maintenant le pays est confronté à la hausse des prix des denrées alimentaires et au-delà le prix des produits pétroliers. En même temps, il cherche des financements concessionnels. L’objet de la mission c’est de vraiment réviser le projet de budget de 2022. »
Le gouvernement espère mettre à profit son audit. La phase pilote de l’opération permet d’évaluer l’ampleur du phénomène des salaires fictifs. Les fraudeurs encourent des poursuites judiciaires. » C’est ce que l’on peut retenir de l’intervention du ministre de la fonction publique, dans la salle de conférence de l’hôtel Ledger Plazza de Bangui, le vendredi 29 juillet 2022, lors de la cérémonie de lancement des activités de la Coordination du Comité Sectoriel Administration et Secteur Public (CCSASP). « Le principal défi de l’Administration publique centrafricaine est celui de sa performance, face à une société centrafricaine en pleines mutations, avec des attentes de plus en plus nombreuses et de plus en plus exigeantes. Dans un tel contexte, l’administration se doit de structurer un portefeuille de réponses efficientes et adaptées. Cela implique naturellement de nouvelles relations entre l’Administration et les citoyens, relations qui devront s’inscrire dans une logique de responsabilité et de redevabilité », a déclaré Marcel Djimassé.
Créé le 4 avril 2020 par arrêté du premier ministre, le CCSASP est un puissant instrument de concertation et de coopération où devront être mutualisés, tant les défis du secteur Administration Publique que les ressources à mobiliser auprès des Partenaires Techniques et Financiers en réponses à ces défis. Au – delà de cette Opération – contrôle, c’est donc à une réforme en profondeur de l’Etat et à la Modernisation de son Administration qu’a appelé le Ministre : « modernisation des politiques publiques, réflexion sur les nouvelles relations entre l’administration et le citoyen et évolution de la structure de l’emploi public qui en découle sont les enjeux majeurs du secteur public centrafricain ».
Pourvu que les jeux d’intérêts et les relations familiales ne viennent pas constituer de gros cailloux pour le bon fonctionnement de la machine !