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Message à la nation de son excellence M. Faustin archange Touadera, Président de la République, chef de l’état à l’occasion de la célébration du 62eme anniversaire de l’indépendance de la république centrafricaine

Publié le samedi 13 aout 2022  |  Présidence
Faustin
© Autre presse par DR
Faustin Archange Touadera, Président de la république, chef de l’État
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Centrafricaines, Centrafricains ;
Mes Chers Compatriotes ;
Le 13 août que nous commémorons dans quelques heures, marque la fin de tant d’années de souffrances, de sujétion et d’amertume, endurées par nos ancêtres dans leur longue et héroïque conquête de la liberté et de l’autodétermination.

Cette date historique marque aussi le point de départ de notre responsabilité, de la manifestation de notre volonté commune de construire un Etat souverain et démocratique.
Le 13 août nous donne l’occasion de rallumer la flamme de l’espérance, de notre espoir profond de vivre dans l’unité et la dignité dans un pays enfin pacifié, uni et prospère.
En célébrant ce symbole important de notre cher et beau pays, nous voulons prouver aux autres peuples du monde que nous sommes un peuple qui sait d’où il vient, un peuple qui sait où il va, un peuple qui sait ce qu’il veut.

A travers cette commémoration, nous rendons un juste hommage au Père Fondateur de la République, feu Président Barthélemy BOGANDA, ainsi qu’à tous les martyrs et héros de la liberté de notre Nation.
Il me plaît de rendre également hommage à tous nos devanciers qui ont su, par leurs qualités exceptionnelles et leur patriotisme, tenir ferme la flamme de la liberté et faire estimer et respecter la Nation centrafricaine.

Leur courage, leur héroïsme, leur patriotisme et leurs immenses sacrifices doivent nous inspirer et stimuler.
Mes Chers Compatriotes ;
La fête de l’Indépendance a toujours été un moment privilégié et exaltant pour tous les peuples.
En cette circonstance mémorable, je voudrais vous féliciter, Centrafricaines et Centrafricains, de l’intérieur comme de la diaspora, et vous témoigner toute mon admiration, pour les efforts consentis pour que règnent enfin dans notre pays l’unité nationale, le vivre ensemble et la réconciliation nationale qui constituent le socle de notre souveraineté nationale.

Demain, en toute fierté et confiance retrouvées, nos forces de défense et de sécurité nous offriront une parade militaire au Camp KASSAÏ.
L’Armée, vous le savez, concentre en elle-même les valeurs de l’unité nationale, du patriotisme, du sacrifice et de l’engagement au service de la Nation, valeurs que nous devons inculquer aux générations actuelles et futures.

Permettez-moi de féliciter, en ce jour de l’indépendance, les officiers, sous-officiers, hommes du rang de nos forces de défense et de sécurité, pour leur patriotisme et leur sens de sacrifice suprême qui ont permis de restaurer l’autorité de l’Etat sur notre territoire et de garantir la souveraineté de notre pays.
Je voudrais aussi exprimer la reconnaissance de notre Nation à la MINUSCA et aux forces bilatérales russes et rwandaises pour les sacrifices consentis pour notre Patrie.
Je voudrais enfin réitérer mes sincères remerciements à tous les pays frères et amis, ainsi que les partenaires techniques et financiers qui nous soutiennent, dans nos efforts quotidiens pour la paix, la sécurité et le relèvement économique de notre pays.
Nous ne devons pas ignorer, mes Chers Compatriotes, que tant d’hommes et de femmes se sont sacrifiés pour que nous vivions aujourd’hui dans la liberté.

C’est pourquoi, en tant que Nation, nous devons rendre hommage à tous ceux qui ont consacré leur vie au service de notre pays et à tous les soldats tombés au champ d’honneur.
Mes Chers Compatriotes ;
Le 13 août 2022 qui marque le 62ème anniversaire de l’Indépendance de notre pays, doit être pour nous un moment de cristallisation nationale de première importance.
En cette circonstance, je voudrais m’interroger avec vous sur le point de savoir pourquoi notre pays, si immensément riche, disposant du droit à l’autodétermination et de la souveraineté sur ses ressources naturelles, fait-il partie des pays les plus pauvres au monde ?
Sommes-nous incapables de définir et de conduire notre destinée ?
Devons-nous demeurer dans le statu quo, nous complaisant dans les modèles de développement et de coopération dictées de l’extérieur et qui constituent l’une des causes de notre handicap au développement ?

Mes Chers Compatriotes ;
La République Centrafricaine, notre pays, a un passé peu reluisant, un présent difficile, mais un avenir radieux.
Nous devons regarder dans le miroir du passé pour identifier les atouts à consolider et les erreurs à corriger. Nous devons surtout nous emparer du présent pour construire un avenir meilleur.
C’est pourquoi, depuis le 30 mars 2016, je ne me lasse point de vous exhorter à sortir des sentiers battus, à donner une nouvelle orientation à notre pays, en repensant notamment notre système économique, social, sanitaire, éducatif, politique, à nous ouvrir davantage au monde, pour bénéficier de nombreuses opportunités qu’offre le développement des nouvelles technologies.

Comme vous le savez, aucune indépendance n’est réelle sans une armée forte, sans une justice indépendante, sans une croissance inclusive, sans une diplomatie agissante, sans une éducation et une santé de qualité, sans une implication réelle des peuples concernés.
Dans les circonstances pressantes que sont les nôtres, la Politique nationale de défense et de sécurité et la Loi de programmation militaire nous ont permis de rajeunir nos forces de défense et de sécurité, de renforcer leurs capacités opérationnelles et de les rendre professionnelles, pluriethniques et nationales.
Certes, nous n’avons pas encore, dans le domaine de la sécurité, mis définitivement fin aux atrocités des forces négatives sur toute l’étendue du territoire.

La raison, vous la connaissez. Notre pays est pris en otage depuis une décennie, à travers un embargo sur les armes, indéfiniment renouvelé, en dépit du retour à l’ordre constitutionnel depuis 2016 et des efforts consentis par le Gouvernement.
Cette situation a empêché les forces de défense et de sécurité d’accomplir leurs missions régaliennes de protection des personnes, des biens et de l’intangibilité du territoire, au grand plaisir macabre des forces nuisibles et de leurs commanditaires qui continuent de tirer les ficelles dans l’ombre.
Certes, l’embargo est levé, le 29 juillet dernier. Mais nous déplorons les préjudices irréparables qu’il nous a causés sur le plan humain, économique, social, humanitaire ainsi que sur l’exercice paisible de notre souveraineté nationale.

En ce jour mémorable, je voudrais remercier du fond du cœur, les pays amis et frères, membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui ont soutenu, avec fermeté, notre demande de levée totale de l’embargo sur les armes.
Je voudrais remercier particulièrement le Gabon, le Kenya, la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, le Mexique, l’Inde, les Emirats Arabes Unis, le Brésil.
Outre ces pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, je tiens à adresser notre gratitude à l’Union Africaine, la CEEAC et la CIRGL ainsi qu’aux pays frères comme le Rwanda, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, le Ghana pour leur marque de solidarité.

Je tiens également à témoigner notre reconnaissance à leurs Excellences :
- João Manuel Goncalves LOURENÇO, Président de la République d’Angola, Président en Exercice de la CIRGL,
- Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo,
- Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo, Président en Exercice de la CEEAC, pour leur plaidoyer auprès du Conseil de Sécurité et les appels à la solidarité africaine en vue de la levée totale de l’embargo sur les armes à destination de notre pays.
Jamais la République Centrafricaine n’a pu bénéficier d’un tel élan de solidarité africaine et internationale dans sa lutte pour la souveraineté nationale.

Mes Chers Compatriotes ;
Nous célébrons cette Indépendance à un moment où tant de turbulences, d’instabilité et le doute accablent le monde.
Les effets néfastes des changements climatiques sur la chaîne alimentaire, la persistance de la pandémie du COVID-19 et la crise ukrainienne ont porté un coup dur à notre économie.
Cette fragilité a été aggravée par des mesures de rétorsion économiques, prises par certains de nos partenaires, dont les motivations sont essentiellement géopolitiques.

Mes Chers Compatriotes;
Face aux nombreux défis qui jonchent le chemin de notre pays vers le développement, je n’ai ménagé aucune énergie pour rechercher des solutions novatrices de sortie de crise.
Outre l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation dont la finalité est et demeure la dissolution de tous les groupes armés sur l’ensemble du territoire, nous avons également, en accord avec la CIRGL, élaboré la Feuille de route conjointe de Luanda qui vise à trouver une solution pacifique de sortie de crise avec la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).
Nous avons organisé, avec succès, le Dialogue républicain qui a généré plus de 200 recommandations dont les plus importantes tendent à la protection de la souveraineté nationale et à la réforme de l’Etat.
Je viens de mettre en place le Comité de suivi de la mise en œuvre desdites Recommandations qui sera bientôt installé.
Le Gouvernement soutient toutes ces initiatives de paix et de sécurité par la mise en œuvre, entre autres, du programme DDRR.

Sur le plan économique, il vous souviendra que dans mon discours d’investiture du 30 mars 2021, j’annonçais que le deuxième axe de mon second quinquennat sera de construire une économie plus ouverte à la concurrence, une économie qui encourage l’innovation et l’investissement, favorise l’activité économique et le commerce et facilite la croissance inclusive.
C’est dans ce cadre que j’ai promulgué la Loi relative aux crypto monnaies adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale.

Depuis l’écriture de cette nouvelle page de l'histoire de notre pays par l'Assemblée Nationale, je suis avec une attention particulière le débat intéressant qui s’est noué sur la loi relative aux crypto monnaies.
Certains esprits chagrins considèrent que le Bitcoin est la monnaie de la drogue et des mafias et que son adoption par notre pays risque de créer les conditions d’un blanchiment d’argent ou de bradage de nos ressources naturelles au profit des organisations criminelles.
D’autres, de manière plus polémique, prétendent que notre pays a un faible taux de pénétration d’internet et de Smartphones et ne pourrait valablement expérimenter avec succès les crypto monnaies.
D’autres encore, plus ouverts d’esprit, reconnaissent qu’il s’agit d’une révolution monétaire et technologique inédite, pleine de perspectives pour notre pays.
Ce sont la richesse des opinions et la prise en considération de celles-ci qui font ou feront la force de notre loi et de notre société.

Ce soir, je voudrais vous rassurer que les crypto monnaies constituent une opportunité inouïe de développement pour notre pays, en lien avec le déploiement prochain de la fibre optique.
Comme je l’ai déjà rappelé, l'économie formelle n'est plus la seule option dans ce monde qui devient de plus en plus numérique.
La bureaucratie impénétrable nous maintient bloqués dans des systèmes qui ne nous donnent pas la possibilité d'être performants et de sortir de la pauvreté.
La solution était de repenser notre philosophie économique, en misant notamment sur la tokénisation de nos ressources naturelles et d’attirer des investisseurs sérieux.
Je salue l’engagement de nos partenaires notamment le FMI, la Banque Mondiale et les institutions communautaires à s’associer à nos Experts pour élaborer, de façon consensuelle, les textes d’application de ladite loi.

Mes Chers Compatriotes;
Un autre défi à notre indépendance, à la réconciliation nationale, au vivre ensemble et à l’unité nationale est la désinformation.
Depuis 2016, j’ai toujours réaffirmé que la liberté d’expression qui occupe une place centrale dans notre Constitution, est l’une des conditions de base pour le progrès de notre société et pour l’épanouissement de chaque citoyen.
Malheureusement, nous assistons depuis quelques temps à une montée exponentielle des discours incitant à la haine ou à la violence, des discours mensongers devenus viraux sur les réseaux sociaux et dans certains médias privés.
En raison de la présence massive de nos concitoyens sur les réseaux sociaux et de leur consommation de plus en plus importante des désinformations, le Gouvernement doit réglementer le droit des réseaux sociaux pour permettre aux personnes lésées par des propos diffamatoires ou par d’autres types de contenus illicites, d’engager une action en responsabilité contre les violations des droits de la personnalité.
Cette protection me paraît nécessaire et urgente à la sécurité nationale, à l’ordre public, aux droits et libertés d’autrui.
Je note qu’il y a également un travail d’éducation à faire aux médias pour limiter les campagnes organisées de désinformations à des fins politiciennes ou subversives.

Mes Chers Compatriotes;
Depuis le Dialogue républicain, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger la révision de la Constitution du 30 mars 2016.
La Représentation nationale, sensible aux aspirations profondes du peuple manifestées à travers des pétitions et marches de soutien à la réforme constitutionnelle, organisées sur l’ensemble du territoire, le 6 août 2022, par l’ensemble des forces vives de la Nation, vient de demander au Gouvernement de déclencher la procédure du référendum constitutionnel.
Oui, mes Chers Compatriotes, notre corpus juridique n’est pas immuable. Il doit s’adapter aux évolutions sociales, politiques, techniques et environnementales tant nationales qu’internationales.
En ce jour historique, je voudrais réaffirmer ma volonté de respecter la Constitution et la volonté du peuple souverain.

Comme j’ai eu à le réaffirmer en certaines circonstances, je ne ferai rien sans la volonté du peuple détenteur de la souveraineté nationale.
Cependant, je ne saurais demeurer indifférent aux cris de cœurs de mon peuple qui est dépositaire par excellence du pouvoir souverain.
Je vous ai écouté. Je prends acte de vos sollicitations pressantes qui me sont parvenues de partout réclamant une nouvelle Constitution.
Notre Constitution énonce de manière péremptoire que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce soit par voie de referendum, soit par l’intermédiaire de ses représentants.
Il appartiendra au Gouvernement d’en aviser et de donner suite à la demande de l’Assemblée Nationale, je veux dire, à votre demande.
Pour ma part, je demeure attaché au second mandat que vous m’avez souverainement accordé, celui de définir et de conduire la destinée de notre pays, conformément à mon programme de société.

Mes Chers Compatriotes ;
La commémoration du 62ème anniversaire de l’indépendance de notre pays me donne l’occasion de vous rappeler les vertus cardinales qui ont guidé la lutte émancipatrice de nos ancêtres, notamment l’Unité, la Dignité et le Travail auxquels j’ajouterai l’amour de la patrie et le courage qu’il leur a fallu pour nous libérer du joug colonial.

Notre pays, à une époque de son histoire, était sur la voie de devenir un pays émergent et était cité comme un modèle de paix et de concorde nationale.
Hélas, les virus de la division, de la haine, de la méchanceté, de la destruction qui nous ont été inoculés par l’extérieur ont détruit notre unité nationale, notre dignité et l’esprit de travail et, par extension, notre souveraineté nationale.
Les conflits militaro-politiques récurrents générés par ces virus nous ont ramené à l’avant dernier rang des pays du monde.

Oui, une nation divisée contre elle-même court fatalement à sa disparition, à sa ruine, nous enseigne la Sainte Ecriture.
Aujourd’hui, ce qui frappe les observateurs de la vie politique nationale, c’est l’invraisemblable accumulation des vicissitudes qui ont accablé ce pays pourtant doté d’innombrables atouts pour un développement harmonieux.
Comme vous le savez, certains fils du pays refusent de s’affranchir du joug colonial et s’emploient à ternir l’image de ce beau pays aux yeux de la communauté internationale, en espérant y tirer un gain politique, même sordide.

Un exemple emblématique des difficultés posées par cette trahison est la suspension des appuis budgétaires accompagnée des discours arrogants et condescendants de ceux qui travaillent toujours au maintien du peuple dans la misère, la dépendance et l’insécurité.
J’ai le devoir de vous dire ce soir que de graves menaces pèsent toujours sur notre souveraineté nationale.
Face à la persistance de ces menaces, nous devons opposer notre patriotisme, notre génie, notre énergie, notre courage et notre confiance en l’avenir de notre pays.
C’est le prix à payer pour la liberté, la sécurité, la paix et le développement de notre pays.
Montrons-nous fidèles et dignes de confiance envers notre Nation et que nos actes quotidiens convergent vers le patriotisme et l’indépendance réelle de notre pays.
Je vous exhorte enfin, mes Chers Compatriotes, à demeurer vigilants pour barrer la route à tous les projets de déstabilisation des institutions de la République, car notre indépendance souffre toujours de la présence dans le pays de certains responsables politiques qui ne sont pas encore indépendants.
Je vous souhaite avec confiance et du plus profond du cœur, bonne fête de l’Indépendance.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !

Je vous remercie.
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