Les bureaux de terrain de la MINUSCA participent activement à la protection des civils et à la restauration de l’autorité de l’Etat, a déclaré le Directeur de cabinet intérimaire de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RCA, Souleymane Thioune, au cours de la conférence de presse de la MINUSCA, mercredi, à Bangui. « Les bureaux de terrain abattent énormément de travail, nous avançons progressivement vers la paix, nous sommes là pour soutenir le gouvernement, et tout ce que nous faisons, c’est en soutien au gouvernement central », a-t’il dit, saluant la collaboration avec les autorités locales.
Selon Souleymane Thioune, en dépit des défis, conformément au mandat de la Mission, les 11 bureaux de terrain et la coordination à Bangui s’attèlent aux priorités de la protection des civils, le processus politique de paix et la restauration de l’autorité de l’Etat.
Faisant le point sur la participation des bureaux de terrain à la protection des civils, Souleymane Thioune a fait savoir que l’apport de ces derniers a largement contribué à avoir une situation sécuritaire relativement calme sur l’ensemble du territoire national. « Nous avons revitalisé et équipé plus de 110 réseaux communautaires d’alerte précoce à travers le pays. Lorsque nos troupes se déploient et s’établissent quelque part pour une stabilité, il est important que nous envoyions rapidement de petites équipes qui viennent des bureaux de terrain pour soutenir l’action de la Force, parce que la Force, à elle toute seule, est peut-être là, pour la protection, mais il faut des civils pour la sensibilisation, pour voir ce qui se passe au niveau communautaire ou s’il y a des conflits latents », a indiqué Souleymane Thioune, avant d’ajouter : « nous ne pouvons pas tout faire ; il va falloir qu’on aille par priorité, et notre priorité va être guidée par la protection des civils ».
En ce qui concerne l’appui au processus politique, le Directeur de cabinet intérimaire de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RCA a rappelé que les chefs de ces bureaux sont les représentants de la Cheffe de la MINUSCA dans leur zone respective, et sont donc dotés du mandat de bons offices. A ce titre, précise-t-il, « ils ont contribué énormément à la mise en œuvre de l’APPR-RCA et à présent de l’harmonisation de l’APPR-RCA avec la Feuille de route de Luanda ». Et de faire valoir que la MINUSCA soutient énormément ce processus qui a fait de « grands pas pour une opérationnalisation, quelque chose de très tangible dont les résultats sont attendus, les résultats sont progressifs, mais la mise en œuvre est en place et les bureaux de terrains suivent de très près et à leur niveau doivent mettre tous les outils en œuvre ». Souleymane Thioune a également souligné que les bureaux de terrain continuent d’accompagner les préfets et sous-préfets, pour une vision préfectorale de paix et de gouvernance.
Pour ce qui ce qui est de la restauration de l’autorité de l’Etat, M. Thioune a fait savoir que les bureaux de terrain avec les autorités locales ont déjà parcouru un long chemin dans ce domaine. « Les chaines pénales qui n’étaient pas en place commencent à être opérationnelles, dans certaines régions on a réussi à remettre en place les entités de recouvrement des impôts, nos collègues sur le terrain ont travaillé sans relâche pour construire et équiper des gendarmeries, des commissariats ou station de police, des tribunaux, des prisons, des bureaux pour la mairie, des préfectures, mais aussi aider à rétablir l’autorité de l’Etat en accompagnant toutes les autorités qui sont sur place, soit par des appuis logistiques, soit également par des appuis beaucoup plus substantifs par rapport à leur action sur le terrain », a-t-il dit, ajoutant que pour répondre aux orientations de la Représentante spéciale, les actions des bureaux de terrain ont été réorientées sur les projets à impact direct sur les accès de la population aux services.
Selon le Directeur de cabinet intérimaire, sans citer les fonds programmatiques, la MINUSCA a investi, depuis 2018, plus 7 milliards de FCFA, dans les projets à impact rapide, au bénéfice des populations centrafricaines. Tout en rappelant le rôle de « pierre angulaire » joué par les bureaux de terrain, « très sollicités » lors des élections passées, Souleymane Thioune a rappelé que ceux-ci sont en train de préparer les élections locales avec « une grande anticipation pour la réussite de ces scrutins à venir », rappelant par ailleurs que le mandat de la MINUSCA ne prévoit pas un soutien quelconque à une « consultation référendaire ».
Enfin, relevant certains défis, le directeur de cabinet a cité entre autres la logistique, avec la large étendue du territoire centrafricain, dépourvu d’infrastructures, surtout routières, entravant le travail des bureaux de terrain dans la mise en œuvre du mandat de la Mission, en ce qui concerne la protection des civils. Il a également cité les rumeurs, qui constituent un défi important pour le processus de paix. « Nous avons mis en place d’énormes réseaux d’alerte communautaire, mais de temps en temps, nous sommes concurrencés par la rumeur. Il est parfois difficile de faire rapidement la part des choses entre ce qui est avéré et ce qui ne l’est pas », a-t’il dénoncé. En ce qui concerne les défis relatifs à la restauration de l’Etat, il a notamment cité la faiblesse par rapport à la chaine pénale dans certains endroits. « Là où nous n’avons pas une justice rapide, nous avons souvent quelque souci par rapport à l’impunité », a-t-il dit, citant également comme défis, quelques violations de l’Accord de siège, liant les Nations Unies à la Centrafrique, par rapport au statut de la MINUSCA.
Pour sa part, la porte-parole par intérim de la MINUSCA, Uwolowulakana Ikavi Gbetanou, a dénoncé des rumeurs qui semblent indexer les troupes rwandaises dans la ville de Bria. « Selon les informations reçues sur place, dans la nuit du 12 au 13 septembre, des éléments armés ont tiré une roquette à 2km à l’est de Bria, vraisemblablement contre la position des Forces armées centrafricaines. Dans la même nuit, des tirs ont été effectués en direction de la base opérationnelle de la MINUSCA à Boungou 1. Les casques bleus ont immédiatement riposté aux tirs et aucun dommage n’a été enregistré », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’une semaine auparavant, des informations mensongères sur les réseaux sociaux semblaient dire que la MINUSCA a tiré sur des manifestants à Bangui.
« La MINUSCA dénonce ces propos qui sont de nature à impacter négativement le bon déroulement de sa mission sur le terrain, en attisant inutilement la hantise de la population contre ses personnels », a dénoncé Uwolowulakana Ikavi Gbetanou. Elle a précisé par la même occasion que « la MINUSCA salue également tous les efforts entrepris à des niveaux individuels ou par des associations pour œuvrer en faveur de l’établissement de la vérité, et rappelle sa collaboration dans les efforts visant à éveiller les consciences sur les dangers inhérents à la désinformation à répétition de ses faits ».
Uwolowulakana Ikavi Gbetanou a également informé de la tenue de la 3ème réunion de coordination pour le suivi du processus de mutualisation de la Feuille de route conjointe de Luanda et de l’APPR-RCA, le 8 septembre 2022, sous la conduite du Premier ministre de la République centrafricaine, avec la participation des garants ainsi que les facilitateurs de l’Accord de paix, dont la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza. « La réunion a entrepris la revue de l’état de la mise en œuvre des activités contenues dans le tableau de bord pour le suivi du processus de mutualisation de la Feuille de route conjointe de Luanda et de l’APPR-RCA », a-t-elle dit, ajoutant qu’il a été convenu que « la 4ème réunion de coordination devrait se dérouler avant le 3 octobre 2022 ».
La porte-parole intérimaire a également fait écho de l’arrivée à Bangui, le 6 septembre, de M. Ousman Njikam, greffier-en-chef adjoint de la Cour pénale spéciale. « Il a été nommé par décret présidentiel du 29 juin 2022 après que le candidat précédemment désigné n'ait jamais été déployé malgré plus d'un an d’attente et un an de négociations. Des dispositions seront prises pour préparer sa cérémonie de prestation de serment afin de lui permettre de commencer à travailler rapidement », a indiqué Uwolowulakana Ikavi Gbetanou.
Au sujet de la situation des droits de l’homme dans le pays, Uwolowulakana Ikavi Gbetanou a fait savoir que, du 30 août au 12 septembre, la division des Droits de l’homme de la MINUSCA a documenté et vérifié 53 violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire, ayant affecté 153 victimes. « S’y ajoutent, a-t-elle déploré,20 allégations de violations et ayant affecté 34 victimes, sur lesquelles la MINUSCA continue d’enquêter. Les acteurs étatiques ont été responsables de la majeure partie des violations (55%) et victimes (57%) ».