Selon un proverbe africain, l’eau du fleuve ne retourne pas à sa source. Ce dicton n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. Le fleuve Chari qui prend sa source en Centrafrique n’a jamais connu un niveau aussi haut et son débit enfle de jour en jour.
À travers le pays et jusqu’à la capitale, l’eau s’écoule de plus en vite, de plus en plus fort. D’habitude, la terre absorbe l’eau venue du ciel, mais la saison des pluies exceptionnelle, en terme de précipitations, n’a pas permis cette absorption, et les nappes phréatiques étant pleines aussi, la situation risque d’empirer. Tandis que d’autres continents réclament de l’eau suite à un été de sécheresse, au Tchad on en a trop. Ironie de la météo ou dérèglement climatique ? Le résultat reste le même : les pluies abondantes dans le sud du pays ont entraîné l’isolement de villages et contrées qui se sont retrouvés coupés du monde, nécessitant le parachutage de vivres et denrées pour subvenir aux premiers besoins.
Dans la capitale, déjà éprouvée par des inondations, la situation risque de s’aggraver dans les semaines à venir avec une crue de grande ampleur du fleuve Chari et de la rivière Logone prévue par les spécialistes. Son niveau a déjà atteint celui du mois d’octobre de l’année dernière. Les habitants de N’Djamena doivent s’attendre encore à des jours difficiles.
En effet, cette crue du siècle pourrait mettre en danger des milliers d’habitants de la capitale et avoir pour conséquence le déplacement de population de plusieurs arrondissements. Les autorités semblent être bien conscientes des problèmes et des défis à venir. Les besoins urgents ont été identifiés : consolidation des berges et des digues, mise en place de systèmes de pompage, installation de sites d’accueils pour les habitants sinistrés.
Il s’agit maintenant de fédérer toutes les énergies du pays pour éviter que cette situation ne tourne en catastrophe.
Les égyptiens disaient que le Nil était le fleuve nourricier de l’Egypte, et parfois ses crues devenaient meurtrières. Les fleuves africains ont ces pouvoirs. Que ce soit au Tchad ou ailleurs, nul ne doit être demain victime de celui qui lui apporte la vie. Mais, une résilience est nécessaire ainsi que le courage et la vaillance. Car, ce qui est sûr, est que « l’eau du fleuve ne retourne pas à sa source ».