La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RCA, Valentine Rugwabiza, a rencontré, à Bangui le 22 septembre 2022, des représentantes des différentes organisations féminines centrafricaines, pour des échanges interactifs. La Cheffe de MINUSCA a souhaité écouter ces leaders et de s’enquérir de leurs opinions sur la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA.
Lors de cette rencontre, une première du genre depuis qu’elle a pris ses fonctions, la cheffe de la MINUSCA, a exprimé l’importance qu’elle attache à écouter les préoccupations et les feedbacks directs des femmes « Actrices de paix » sur les avancées réalisées par rapport à la mise en œuvre du mandat de la Mission.
« En réalité, en vous entendant vous présenter, la première pensée qui m'a traversé l'esprit, c'est bien sûr de l'incroyable savoir et expérience, l'accumulation de savoir et expérience que nous avons vue en chacune d'entre vous. Si les forces peuvent se joindre collectivement, les ressources et les capacités peuvent se joindre collectivement pour des avancées durables, qui vont être des avancées consolidées vers la paix que le peuple centrafricain veut et que le peuple centrafricain mérite », a indiqué la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, dans son mot de bienvenu.
La discussion entre les femmes leaders et la cheffe de la MINUSCA a essentiellement porté sur l’appui au processus politique et de paix, la protection des civils et la restauration de l’autorité de l’état, sans oublier l’Agenda femmes, paix et sécurité.
Les intervenantes à cette table Ronde à l’image de Lina Ekomo, présidente du réseau pour le leadership de la Femme en Centrafrique (RELEFCA), a brossé un tableau de l’état des lieux de la contribution des femmes aux efforts de paix en République centrafricaine.
Elle a en outre indiqué que les femmes leaders centrafricaines étaient vraiment impliquées et engagées dans le processus de paix et qu’elles s’expriment d’une seule voix sur la situation sécuritaire du pays et les conséquences des conflits sur les populations à travers des conférences de presse, des déclarations médiatisées et des interviews, mais aussi qu'elles participent de plus en plus à des initiatives locales, nationales et régionales de paix en Centrafrique ; avec des chiffres à l’appui : 23 % de femmes dans les mécanismes de suivi de l’APPR et 17% au dialogue républicain.
Pour Solange Maradas-Nado, Commissaire à la Commission vérité Justice, la participation des femmes est d’autant essentielle que non seulement elles représentent au moins la moitié de la population, mais aussi leur engagement rend leur communauté plus sûre pour les femmes et les hommes.
Néanmoins madame Ekomo n’a pas manqué de souligner que les femmes centrafricaines font face à plusieurs défis dont la faible visibilité de leurs contributions aux efforts de paix au niveau national, régional et international, une absence de coordination et de synergie entre les partenaires de soutien aux initiatives des femmes. Elle souligne également l’absence d’un programme holistique pour la participation des femmes au processus de paix.
Il est aussi ressorti de cette discussion que la femme n’était pas suffisamment représentée dans les différents appareils de l’état et dans les organes de prise de décisions. L’une des raisons de cette faible représentativité serait dû à la question de la sécurisation du processus électoral et surtout la sécurité des femmes qui se présentent aux élections compte tenu des leçons apprises des précédentes élections où les femmes ont été victimes de violences.
La cheffe de la MINUSCA a exhorté les femmes leader à encourager leurs paires à prendre part à la gouvernance du pays : « Nous sommes à quelques mois des élections municipales, ce qui représente une opportunité de participation des femmes à la vie politique, dans l'exécutif, dans l'action politique, auprès des populations ». « Je voudrais aussi vous entendre sur comment les femmes s'organisent pour ne pas seulement être votantes, mais aussi prendre des responsabilités et de quel est l'assistance dont les femmes ont besoin pour pouvoir aussi prendre ses responsabilités ?», a demandé Valentine Rugwabiza.
La représentante spéciale du Secrétaire général a aussi souhaité s’enquérir sur la manière d'accélérer le processus de réintégration et de réinsertion des ex-combattants. « J'ai entendu plusieurs d'entre vous qui sont engagées activement dans la réconciliation communautaire. Je voudrais vous entendre aussi sur la manière dont nous pouvons faire en sorte d'accélérer ce processus de réintégration et de réinsertion en communauté », a-t-elle indiqué.
Les participantes à cette rencontre ont exprimé leur joie quant à la qualité des échanges. « Elle nous a présenté ses attentes par rapport aux priorités du mandat de la MINUSCA et en retour, nous lui avons présenté nos analyses », a déclaré madame Montaigne, présidente de l’académie de la paix.