À moins de deux mois de la Coupe du monde 2022 au Qatar, les cinq sélections africaines qualifiées pour ce rendez-vous planétaire ont connu des préparations pour le moins diverses. Explications.
Il ne reste qu'un peu plus de 50 nuits avant le coup d'envoi de la 22e édition de la Coupe du monde, prévue au Qatar du 20 novembre au 18 décembre, jour de fête nationale pour le pays hôte. Parmi les 32 nations présentes pour ce rendez-vous mondial, cinq sélections représenteront le Berceau de l'Humanité : le Sénégal - champion d'Afrique en titre - le Maroc, la Tunisie, le Cameroun et le Ghana. Seuls les deux derniers cités n'étaient pas présents à la Coupe du monde en Russie il y a 4 ans, remplacés par l'Egypte et le Nigeria. Mais si aucune de ces 5 nations n'avait réussi à atteindre la phase éliminatoire du Mondial russe, l'heure est à l'ambition chez les participants africains, malgré des préparations plus ou moins réussies.
Des Lions du Sénégal ambitieux
Les vainqueurs de la dernière Coupe d'Afrique des Nations au Cameroun ne seront pas du voyage au Qatar pour seulement faire honneur à leur troisième participation. Vingt ans après leur beau parcours en Japon/Corée du Sud (quart de finale, élimination face à la Turquie), les Lions d'Aliou Cissé, capitaine de la sélection en 2002, restent sur 6 matches sans défaite (dont 5 victoires). Néanmoins, quelques doutes planent dans les têtes des supporters sénégalais quant au jeu proposé par leur équipe : certes solide défensivement (malgré quelques absences sur blessure), mais beaucoup moins offensivement, ce qui s'est confirmé lors du match nul face à l'Iran (1-1), après le succès contre la Bolivie (2-0). Ajoutons à cela une méforme des cadres et notamment de leur goleador Sadio Mané avec le Bayern Munich, qui devra arriver à plein régime au Qatar pour espérer emmener les siens bousculer les favoris de ce Mondial, où il faudra notamment se frotter au pays hôte, aux Pays-Bas et à l'Equateur dans le groupe A.
La meute des Lions de l'Atlas a un nouveau chef
Pour le Maroc, le contexte est bien différent. Après le limogeage de Vahid Halilhodzic en août dernier, la Fédération royale marocaine de football compte sur un ancien international pour diriger les Lions de l'Atlas au Qatar : Walid Regragui. Pour sa quatrième expérience sur le banc d'une équipe première (après le FUS et le WAC en D1 marocaine et Al Duhail au Qatar justement), le natif de Corbeil-Essonnes n'a pas beaucoup de temps pour imposer son style de jeu avant le Mondial. Cependant, on sent une sélection marocaine plus joueuse avec le ballon, avec plus de liberté technique dans le dernier tiers (Boufal, Ounahi, Ziyech...) et une réelle volonté de jouer vers l'avant, des aspects très peu vus sous les ordres de Coach Vahid. Si cette nouvelle philosophie leur a réussi face au Chili (2-0), cela l'a été un peu moins face au Paraguay (0-0) malgré une solidité défensive (et notamment Yassine Bounou), à voir si elle tiendra face à la Belgique, la Croatie (tous deux dans le dernier carré en 2018) et au Canada dans la poule F.
La Tunisie ébranlée au dernier moment
Finir sa trêve internationale par une lourde défaite face au Brésil au Parc des Princes (5-1) n'est pas la chose la plus simple pour les Aigles de Carthage afin de gagner de la confiance à moins de huit semaines d'un Mondial. Pourtant, le sélectionneur tunisien Jalel Kadri, arrivé sur le banc après la CAN 2021, a la chance de pouvoir compter sur ses cadres, de Wahbi Khazri à Youssef Msekni en passant par le feu follet Naïm Sliti. Pourtant, on ne peut pas dire que la défense est le point faible des Tunisiens : depuis l'élimination en quart de la dernière CAN, la sélection de la Verte n'a encaissé aucun but entre les éliminatoires de la CAN 2023, les barrages pour le Mondial et la Coupe Kirin (amicale). Ce revers face à la Seleção ne doit pas brouiller l'esprit des Aigles, qui doivent garder en tête le positif de ces derniers mois afin de se mesurer au mieux à l'équipe de France, au Danemark et au Costa Rica dans le groupe D.
Le Cameroun veut aller jusqu'au bout
«Notre objectif est de partir de la compétition le 18 décembre (date de la finale de la CdM), nous ne le perdons pas de vue.» Voilà ce qu'annonçait le président de la fédération Samuel Eto'o à la télévision nationale. Les ambitions sont claires, mais la réalité est bien plus compliquée. Décevant en septembre (2 défaites face à l'Ouzbékistan 2-0 et à la Corée du Sud sur le même score), les hommes de Rigobert Song vont devoir bien élever leur niveau s'ils veulent tenir tête à l'ogre brésilien, présent dans leur groupe G en plus de la Serbie et de la Suisse. Les Lions Indomptables devront éviter de voir les déclarations de l'ancienne gloire de la sélection comme une pression, laissant ainsi le statut de favori aux autres sélections (européennes notamment) et relever la tête après la dernière trêve compliquée. Au lieu d'avoir la finale en ligne de mire, les Camerounais auront à cœur d'imiter la sélection de 1990, emmenée par Roger Milla en attaque, quart de finaliste en Italie (élimination face à l'Angleterre).