PROPOS LIMINAIRES DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT A L’OCCASION DU DIALOGUE POLITIQUE ENTRE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ET L’UNION EUROPEENNE
(BANGUI, LE 5 OCTOBRE 2022)
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
• Monsieur l’Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union
Européenne en République Centrafricaine,
• Messieurs les Ambassadeurs,
• Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite la bienvenue à cette nouvelle édition du « Dialogue politique » entre la République Centrafricaine et l’Union Européenne dont les travaux se tiennent ce jour, mercredi, 5 octobre 2022.
Comme vous le savez, ce dialogue politique qui s’inscrit dans le cadre de l’application de l’article 8 de l’Accord de Cotonou de juin 2000, dont la fin était prévue en décembre 2020, mais prorogé jusqu’en juin 2023, se tient juste quelques mois après le Sixième Sommet Union Européenne – Union Africaine, du 17 et 18 février 2022, à Bruxelles, en Belgique.
Au cours de ce Sommet, l’Union Européenne et l’Union Africaine s’étaient accordées pour un partenariat renouvelé et ont annoncé un paquet d’investissements Afrique-Europe de 150 milliards d’Euros pour 2030 et l’agenda 2063 de l’Union Africaine pour la mise en place d’une économie plus diversifiée, inclusive, durable et résiliente.
Ce dialogue démontre donc, à mon sens, la vitalité de notre coopération, et surtout la solidité du lien qui unit mon pays, la République Centrafricaine et l’Union Européenne.
Je voudrais tout d’abord remercié Monsieur l’Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union Européenne pour son implication personnelle dans l’organisation et la tenue de la présente rencontre.
A travers vous, Monsieur l’Ambassadeur, je remercie aussi la Commission de l’Union Européenne, pour son soutien multiforme et sa constante disponibilité envers mon pays.
Je me réjouis également de la présence à ce dialogue politique de Madame et Messieurs les Ambassadeurs non-résidents de l’Allemagne, de la Belgique et d’Italie ainsi que les représentants de la Belgique et des Pays-Bas, venus apporter leurs contributions au renforcement de la coopération entre l’Union Européenne et la République Centrafricaine.
Je voudrais enfin saluer vos Collaborateurs, les Chefs de Bureau de Coopération de la Belgique et des Pays Bas, les Fonctionnaires de la Délégation de l’Union Européenne et les Commandants de l’EUTM et de l’EUAM.
Il ne fait aucun doute que votre présence témoigne avec éloquence la grande considération que vos pays respectifs ne cessent de manifester à l’endroit de la République Centrafricaine dans ses efforts pour la construction de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté.
Mesdames et Messieurs ;
La rencontre de ce jour constitue une réelle opportunité pour échanger les informations, encourager la compréhension mutuelle et faciliter la définition de priorités et de principes communs.
En effet, faut-il le rappeler, l’Accord de Cotonou a été conclu en vue de promouvoir et d’accélérer le développement économique, culturel et social des États-Afrique-Caraïbes Pacifique (ACP), de contribuer à la paix et à la sécurité et de promouvoir un environnement politique stable et démocratique.
C’est pourquoi, le partenariat issu de cet accord est essentiellement centré sur l’objectif de réduction et, à terme, d’éradication de la pauvreté, en cohérence avec les objectifs du développement durable et d’une intégration progressive des pays ACP dans l’économie mondiale.
Permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de faire un constat avec vous, celui du recul et de l’effritement de la qualité et de l’exemplarité de nos relations de coopération jusque-là encourageantes et fructueuses.
Dès ma prise de fonction, le 30 mars 2016, j’ai initié une coopération dynamique et forte avec l’Union Européenne dont les actions inscrites dans le Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA), adopté à Bruxelles, en 2016, ont entamé l’amorce de la stabilité sociale et du développement de la République Centrafricaine, dans le contexte de la crise militaro-politique de l’époque.
Je me réjouis que ce Plan élaboré et adopté de façon participative et surtout inclusive, ait été soutenu et financé par la communauté internationale en général et l’Union Européenne en particulier.
Les ressources mobilisées auprès des partenaires ont permis au Gouvernement d’apporter des réponses significatives en faveur de la population affectée par les conséquences des crises militaro- politiques successives.
Je me réjouis également du maillage entre le RCPCA et le Programme Indicatif Multi-annuel couvrant la période 2021-2027, qui sert d’ailleurs de fondement au nouvel instrument de coopération intitulé « Instrument de voisinage de Développement et de Coopération Internationale ».
En effet, les trois piliers du RCPCA que sont :
- Soutenir la paix, la sécurité et la réconciliation ;
- Renouveler le contrat social entre l’Etat et la population ;
- Contribuer au relèvement économique et la relance des secteurs productifs; ces trois piliers disais-je, couvrent les secteurs prioritaires retenus de commun accord dans le cadre de la mise en œuvre du nouvel instrument de coopération.
Ces secteurs sont les suivants : Paix, Sécurité, Justice et Gouvernance - Développement Humain - Biodiversité - Transition Verte et Développement Durable.
Je voudrais saisir cette opportunité, pour saluer le renforcement de notre partenariat avec l’Union Européenne sur les questions de paix, sécurité, de promotion de la démocratie et plaider pour plus d’attention aux défis du relèvement économique et du développement des secteurs productifs.
Nous reconnaissons certes que les besoins humanitaires restent d’actualité.
Néanmoins, nous devons nous tourner vers les questions de développement et envisager des pistes de solution à travers des investissements nouveaux qui tiennent compte des défis émergeants auxquels la République Centrafricaine est confrontée.
Il s’agit des défis d’un développement intégré axé sur le développement et la transformation des secteurs productifs, le développement des échanges commerciaux, la protection de l’environnement, la réhabilitation des infrastructures routières, etc.
C’est dans cet esprit que le Gouvernement est mobilisé à participer à ce dialogue politique pour atteindre les objectifs évoqués.
• Distinguées Personnalités ;
• Mesdames et Messieurs
Permettez-moi de revenir sur certaines dispositions de l’Accord, notamment celles des articles 2 et 3.
L’article 2 demande qu’un traitement particulier soit accordé aux pays les moins avancés et qu’il soit tenu compte de la vulnérabilité des pays enclavés et insulaires.
L’article 3 quant à lui, demande expressément aux parties de s’abstenir de toutes mesures susceptibles de mettre en péril les objectifs poursuivis par cet Accord.
Je note malheureusement avec regret, que dans le cadre des récentes mesures restrictives prises à l’endroit de la République Centrafricaine, sa vulnérabilité en tant que pays enclavé et post conflit n’ait pas été prise en compte ainsi d’ailleurs que les dispositions de l’article 96 qui pourtant, sont pertinentes dans ce contexte.
Cette situation devrait nous amener dans le cadre de cet exercice à nous conformer aux dispositions de l’article 8 point 4 de cet Accord, en vue de concentrer le dialogue sur des thèmes politiques spécifiques présentant un intérêt mutuel ou général en relation avec les objectifs énoncés dans ledit Accord.
• Mesdames et Messieurs ;
Ma conviction est que la démocratie ne peut se construire et s’enraciner que dans la mesure où elle contribue au développement d’un pays, à la promotion de la dignité et des droits fondamentaux du citoyen, au renforcement de la justice et au maintien de la paix.
Une démocratie qui n’assure pas le développement économique et le bien-être social des citoyens ne peut pas s’inscrire dans la durée.
C’est pourquoi, prenant conscience de l’enjeu, mon pays poursuit résolument les réformes dans tous les secteurs de la vie nationale.
Mesdames et Messieurs ;
Je vous réitère ma disponibilité et vous encourage à poursuivre les efforts entrepris pour raffermir nos liens, en vue de nous appuyer à apporter des réponses appropriées aux aspirations légitimes que nos peuples respectifs placent dans ce partenariat.
Mon pays est toujours disposé à coopérer avec tous les pays du monde, pourvu que ses intérêts vitaux et sa souveraineté soient respectés.
Je souhaite que le communiqué qui sera publié à l’issue de nos travaux consacre les vertus du dialogue franc et sincère pour la compréhension et la solidarité internationale dans le respect de nos souverainetés nationales respectives.
C’est sur ces mots que je déclare ouverte l’édition 2022 du «Dialogue politique » entre la République Centrafricaine et l’Union Européenne.
Vive la coopération entre la République Centrafricaine et l’Union Européenne !
Que Dieu vous bénisse.
Je vous remercie.