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Alentine Rugwabiza : Face à la désinformation, il faut répondre par une information exacte, précise et vérifiable

Publié le jeudi 13 octobre 2022  |  MINUSCA
Alentine
© Autre presse par DR
Alentine Rugwabiza
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En République centrafricaine, la MINUSCA est confrontée à une montée en puissance du phénomène de désinformation. Cette situation impacte négativement ses actions dans le pays. La cheffe de la MINUSCA l’a reconnu lors d’une interview exclusive accordée à Guira FM le 11 octobre 2022. Au regard de cette situation, Valentine RUGWABIZA, préconise que face à la désinformation, il faut répondre par une information exacte, précise et vérifiable. Dans cette interview, la Représente spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RCA a également fait savoir que la population centrafricaine demeure au cœur du mandat de la MINUSCA.

Nous observons une montée en puissance des discours de haine et des campagnes de désinformation en RCA. Quel en est l'impact sur la mise en œuvre du mandat de la Mission, et quel rôle Guira FM peut-elle jouer dans la lutte contre ce phénomène ?

Cheffe de la MINUSCA : L’impact est certainement négatif. Un impact qui a plusieurs conséquences en réalité. Il faut revenir sur ce que sont les objectifs de ceux qui s’adonnent à la désinformation. Leurs objectifs sont de manipuler l’opinion publique et donc il y a une seule réponse à cela, c’est de pouvoir répondre par l’information exacte, précise et vérifiable. Et en cela bien sûr, Radio FM Guira a un rôle crucial à jouer, c’est une radio de proximité. Ce n’est pas seulement la radio des Nations Unies, c’est la radio de la population centrafricaine. Toute la population centrafricaine peut avoir accès à la radio Guira FM partout où elle se trouve et donc véritablement, il s’agit de rétablir, de faire circuler la vérité, de rétablir la vérité. Donc, non seulement en manipulant l’opinion publique, il faut encore aller plus loin, se poser la question, quels sont les objectifs de manipuler l’opinion ? Les objectifs de manipuler l’opinion, c’est de maintenir un climat d’instabilité, un climat d’insécurité. Et nous sommes une mission de paix, Radio Guira est une radio de paix.

Vous avez effectué plusieurs missions de terrain, dans les préfectures, depuis votre arrivée en RCA. Et vous étiez aussi à Kaga-Bandoro. Que retenez-vous de la perception des populations par rapport à la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA ?

Cheffe de la MINUSCA : Je dois dire que là où je me suis rendue jusque-là, m’a permis d’avoir des échanges directs sans intermédiaires avec les populations. Et je dois dire qu’absolument partout où j’ai été jusque-là, j’ai reçu un écho très positif sur le travail que fait la MINUSCA. J’ai reçu également des demandes bien sûr additionnelles, la population est très claire. Là où elle estime qu’il y a certains axes d’insécurité qui demeurent, la population attire notre attention sur ces axes d’insécurité. La population a accueilli très favorablement, le fait que nous travaillions main dans la main avec les autorités locales, que nous ayons une coopération aussi étroite avec les autorités locales, cela est grandement apprécié par les populations locales. Donc véritablement, j’ai reçu un écho positif. C’est ici le lieu de dire aussi, qu’une mission de maintien de paix et une mission aussi importante soit-elle de maintien de paix n’a pas pour vocation de se substituer aux autorités nationales. C’est une mission d’accompagnement, donc nous insistons sur véritablement la partie de notre mandant qui est le soutien à la création de capacité. Et c’est un soutien multidimensionnel, ce ne sont pas uniquement des capacités dans le secteur de la sécurité mais ce sont également des capacités en ce qui constitue, la construction de structures locales qui permettent véritablement aux autorités d’avoir une présence décentralisée, mais aussi de pouvoir travailler, avoir les équipements nécessaires mais avoir aussi les locaux nécessaires. Donc, la MINUSCA a fait énormément en matière de construction, de réhabilitation, de construction de mairies, de préfectures et ainsi de suite. On s’est rendu compte également que l’objectif de tout cela, c’est de faire en sorte qu’aujourd’hui, les fonctions qui sont apportées par la MINUSCA et les rôles de la MINUSCA puissent être de plus en plus repris par les autorités nationales.

On voit que la population centrafricaine est au centre de toutes vos sorties, pouvez-vous nous en dire plus ?

Cheffe de la MINUSCA : En réalité, la raison pour laquelle vous voyez l’être au centre de toutes mes sorties, que ce soit les sorties que j’ai effectuées à Bambari, à Bria, à Kaga-Bandoro, récemment à Bouar et à Bossangoa, c’est que, la population est au centre du mandat de la MINUSCA. Quand on parle de la protection, c’est la protection des populations, quand on parle de l’étendue de l’autorité de l’Etat en ayant la présence de l’Etat sur l’entièreté du territoire, il s’agit de l’étendue de l’autorité de l’Etat au service de la population centrafricaine. L’aspect le plus dévastateur du conflit en RCA, c’est que ce conflit est étendu aux populations et aux différentes communautés. Et les communautés qui ont été en conflit hier ont la capacité de ressouder leur cohésion aujourd’hui. Et c’est cela qui va être la fondation d’une paix durable.

A ce jour, Guira FM couvre 12 des 20 préfectures de la RCA. Il y a eu des appels dans les régions pour la couverture des zones encore non atteintes. Est-ce que la Mission envisage une extension de la couverture de Guira, ainsi qu'une augmentation de ses effectifs ?

Cheffe de la MINUSCA : Ce sont certainement les pistes sur lesquelles nous sommes en train de travailler et cela est lié à ce que je viens de vous dire précédemment. Nous considérons que l’information est l’un des piliers les plus puissants d’inclusion. Et donc, nous ne voulons pas qu’il y ait une grande partie de la population qui reste marginalisée de l’information qui est une information fiable, crédible et vérifiable. Et donc, nous allons y travailler et cependant même dans les régions ou radio FM Guira n’est pas encore présente, nous sommes en train d’établir des partenariats avec plusieurs journalistes. Je m’assure toujours dans mes déplacements en dehors de Bangui que nous travaillions avec les journalistes centrafricains que ce soient les journalistes centrafricains qui sont basés dans les régions ou je suis en visite ou bien qui viennent de Bangui donc, nous allons y travailler. L’expérience des huit dernières années a été une expérience largement positive. Elle nous a démontré que c’était un investissement bien pensé, un investissement qui est en train de participer au mandat de la MINUSCA, donc nous allons travailler à pouvoir l’étendre.

Vous avez beaucoup plus mis l’accent sur la communication. Alors, quel message pour les autorités centrafricaines qui sont appelées aujourd’hui à travailler avec la Mission de maintien de paix dans le pays ?

Cheffe de la MINUSCA : Nous travaillons déjà ensemble, nous avons une coopération de bonne qualité. En réalité, ce n’est pas à moi d’envoyer (un message aux autorités) mais c’est plutôt la radio Guira qui offre une plateforme également aux autorités centrafricaines et aux populations pour transmettre ce qu’elles attendent de leurs autorités. Il y a un certain nombre de messages qui me sont transmis et quand je vais en visite, je tiens toujours à souligner que oui, il y a des axes sur lesquels nous pouvons travailler mais si la MINUSCA est en mission d’accompagnement, jamais en mission de substitution et donc notre rôle est de soutenir le gouvernement.
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