Chaque 02 novembre, le monde célèbre la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Une date instaurée par l'Assemblée générale des Nations-Unies pour commémorer la disparition de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, 02 journalistes de RFI assassinés le 02 novembre 2013 à Kidal au Mali. En outre, plusieurs autres journalistes ont été assassinés dans l’exercice de leurs fonctions, mais dans la plupart des cas, des procès n’ont été organisés ou n’ont abouti à la condamnation des auteurs. En République centrafricaine, même si aucun journaliste n’est en prison pour l’heure, certains font l’objet de menaces et d’intimidations dans l’exercice de leur fonction.
Depuis le mois de septembre 2022, le directeur de publication du journal « Le quotidien de Bangui » a quitté son domicile pour avoir été menacé après la publication d’un article sur la crise qui régnait au sein du Comité national olympique et sportif centrafricain (CNOSCA).
« Je n’ai pas voulu exposer ma famille »
"Après avoir enquêté sur ce qu’il se passe au sein du CNOSCA, il se trouve que le bureau a eu affaire à des agitateurs ; à leur tête, l’actuel directeur général de la sécurité présidentielle. Ainsi, j’avais publié un article sur ce sujet. Et comme je n’ai pas voulu exposer ma famille, je me suis retiré de Bangui. De peur qu’ils viennent me rendre visite à mon domicile" a témoigné Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé, directeur de publication du journal « Le quotidien de Bangui ».
C’est aussi le cas d’un journaliste indépendant qui a été agressé par des éléments de la force publique, en marge d’un meeting du Front républicain, une organisation proche du pouvoir.
« On m’a agressé et traité de tout »
"J’ai été agressé par des éléments de la force publique lors de ce meeting, parce que je suis un journaliste indépendant travaillant pour le compte de plusieurs médias étrangers. Les faits se sont déroulés au vu et au su de tout le monde. On m’a agressé, on m’a traité de tout" a fait savoir Fiacre Salabé, journaliste indépendant.
Même si ces menaces et intimidations sont, pour la plupart, orchestrées par les forces de défense et de sécurité, les hommes politiques sont également pointés du doigt.
« Je continue encore de recevoir ces menaces »
"J’ai été victime de ces menaces-là. C’est après avoir traité un communiqué d’une fronde du parti MLPC, lequel appelle à la destitution du président de ce mouvement politique. Du coup, le président a activé ses communicants pour s’en prendre à moi et à ma vie privée sur les réseaux sociaux. Je continue encore de recevoir ces menaces" a affirmé Éric Ngaba, directeur de publication du journal Ndjoni Sango.
Radio Ndeke Luka a également fait l’objet d’intimidations de la part du ministre de la Communication et des médias en septembre dernier. Lequel ministre a interdit à la station de traiter certains sujets politiques. Pour le Haut conseil de la communication, il n’appartient pas à une tierce personne ou à une organisation de dicter aux médias les sujets à traiter.
"Il n’appartient pas à quiconque de dire à un journaliste de traiter ou ne pas traiter telle ou telle information. Les journalistes sont libres. Chaque média est libre de diffuser n’importe quelle information qui lui tient à cœur ; et d’en informer le grand public" a rétorqué Vincent Namrona, rapporteur général du Haut conseil de la communication.
Selon l’Union des journalistes de Centrafrique (UJCA), entre 2006 et 2022, au moins 15 journalistes (étrangers et nationaux) ont été tués sur le territoire national. Elle déplore le fait que la justice ne se soit toujours pas prononcée sur ces assassinats.
Selon le dernier classement 2022 de Reporters Sans Frontières, la République centrafricaine occupe le 101ème rang mondial sur 180 pays en matière de respect de la liberté de la presse.