Depuis quelques jours plusieurs centrafricains, notamment ceux de Bangui, se plaignent des arrestations par les forces de sécurité intérieure à partir de 22h00. Selon ces agents, les personnes interpellées ont délibérément violé le couvre-feu. Regrettant ces interpellations qui, selon elles entravent la libre circulation des personnes, les victimes déplorent une désinformation.
La nouvelle s’est propagée de bouche à oreille au sein de la population Banguissoise, et maintenant les forces de l’ordre s’en approprient et en font une loi. Ces trois derniers jours sont marqués par un calme absolu sur les artères à Bangui, rien qu’à partir de 22h00. La principale raison est que, des rumeurs circulent dans les quartiers faisant savoir que le couvre-feu, prévu pour minuit à 5h du matin, est ramené à 22h00. Ce qui a poussé certains éléments de la force publique à verbaliser plusieurs personnes à partir de 22h00.
"Il y a 2 jours, j’ai été victime et témoin oculaire d’une barrière érigée par les policiers au niveau du marché Combattant. Soi-disant que le couvre-feu, prévu à minuit, a été ramené à 22h00. Les agents de sécurité qui étaient là avaient mis la main sur certaines personnes. Lesquelles ont été conduites à leur poste. Grâce à l’intervention d’une connaissance, j’ai été relâché" a fait savoir Janin, un habitant du quartier Boy-Rabe dans le quatrième arrondissement.
Les victimes de cette arnaque se plaignent de la désinformation qui entoure cette situation. "Hier, j’ai été victime de ces agents au niveau du carrefour Sica/Benz-vi. Je revenais d’une veillée mortuaire vers 22heures quand, soudain un policier m’interpelle. Ce dernier m’a fait savoir que le couvre-feu est ramené à 22heures. Je lui ai dit non. Vu qu’on ne se comprenait pas, il m’a conduit au poste où j’ai dû payer de l’argent. C’en est trop" a déploré Pacôme, un banguissois.
Plusieurs Banguissois et surtout des conducteurs de mototaxis sont victimes de ces interpellations des forces publiques.
Recadrage du gouvernement
Devant la virilité des rumeurs sur les horaires du couvre-feu, le Porte-parole du gouvernement a fait une déclaration mercredi pour couper court à ces fausses informations. Pour Serge-Ghislain Djori, si la mesure devrait être modifiée, l’annonce officielle viendrait du gouvernement. « Les horaires du couvre-feu n’ont pas changé dans le pays. S’il y a une nouvelle visant à améliorer ou à réduire ces heures, le président de la République va prendre un décret pour informer la population. Aujourd’hui, ce sont les rumeurs et les fake-news que les gens utilisent pour créer la peur et la panique au sein de la population. Au nom du gouvernement, nous tenons à rassurer nos compatriotes que la situation sécuritaire est maîtrisée par nos forces de défense et de sécurité », clarifie-t-il.
Ce qui est à l’origine de ces rumeurs, devenues une instruction pour certains policiers, c’est la demande de la plateforme Bê Oko, organisation politique soutenant les actions du gouvernement, laquelle au cours d’une conférence de presse, a proposé au ministère de la Sécurité publique de ramener le couvre-feu à 22h face à la « situation sécuritaire préoccupante à l’intérieur du pays ». Une proposition qui jusque-là n’a pas eu de réponse.
Le couvre-feu actuellement en vigueur a été instauré en décembre 2020 (de 20h à 5h) lorsque des groupes armés menaçaient de boycotter les élections groupées du 27 décembre. La mesure a été cependant plusieurs fois modifiée, d’abord durcie le 13 janvier 2021 de 18h à 5h après le putsch manqué de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis plusieurs fois allégée, avec le dernier allègement en date, celui du 28 mars 2022, passant de minuit à 5h du matin.