Le Conseil de sécurité a, prorogé le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à travers une résolution S/RES/2659 (2022) jusqu’au 15 novembre 2023. Plusieurs membres du Conseil ont critiqué la délégation porte-plume, la France, pour le déroulement des négociations et le libellé du texte adopté.
La résolution 2659 (2022) ayant été adoptée par 12 voix pour, certains membres du Conseil ayant voté en faveur la jugeant « non satisfaisante », parce qu’elle n’intègre pas les points de vue de tous, pas plus qu’elle ne répond aux attentes de la République centrafricaine, ni aux impératifs d’une opération de maintien de la paix « qui doit gagner en efficacité ». C’est le cas des trois pays, le Gabon, la Chine et la Fédération de Russie.
La Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine a estimé que ce texte est la preuve d’une volonté d’entretenir le conflit pour maintenir son pays dans une dépendance voulue et un souci de préservation des termes du traité de Berlin . La crise qui secoue son pays ne se résoudra pas par des « querelles stériles », ni par des textes produits « dans de confortables tour d’ivoire » et « en déconnexion totale de la réalité du terrain », a fustigé Mme Sylvie Baïpo-Temon.
Le Kenya a déploré que des considérations géopolitiques aient fini par déterminer la position de certaines délégations, réduisant ainsi à néant tout espoir de consensus. Cette délégation a dit n’avoir voté en faveur du texte que pour donner suffisamment de temps à la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine. Mais dans le fond, elle a regretté que les propositions des trois pays africains membres du Conseil de sécurité -Gabon, Ghana et Kenya– pour améliorer le mandat de la MINUSCA aient aussi été rejetées, notamment celles relatives à l’extension de l’autorité de l’État et à la préservation de l’intégrité territoriale.
Le Ghana non plus n’a pas été « pleinement satisfait » de la manière dont les négociations sur ce texte se sont déroulées. La France, a-t-il dit, aurait pu associer tous les membres du Conseil, qui auraient souhaité un libellé plus vigoureux pour condamner les activités des groupes armés.
Le Royaume-Uni, qui a également voté en faveur, s’est dit « déçu » que le libellé sur la responsabilité de protéger n’ait pas été retenu, alors que le contexte politique et sécuritaire reste difficile en République centrafricaine, tandis que les États-Unis ont regretté que la résolution, bien qu’elle condamne les activités des groupes armés, ne nomme pas spécifiquement le groupe Wagner, alors que des informations montrent que des forces armées déployées par la Fédération de Russie font obstacle à la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA et se livrent à des exactions.
Le Gabon, la Chine et la Fédération de Russie ont estimé que la France n’avait pas tenu compte des préoccupations de tous les membres du Conseil, pas plus que des priorités et aspirations de la République centrafricaine elle-même, relatives notamment à un élément indiscutable de stabilisation: le renforcement de l’autorité de l’État et l’activité des groupes armés.
La délégation française n’a accepté qu’un seul élément demandé par le pays hôte, a tranché la Fédération de Russie, ajoutant ne pas comprendre pourquoi les questions relatives aux engins explosifs ayant été utilisés pour attaquer des Casques bleus n’ont pas été intégrées. Le Conseil de sécurité doit savoir comment ces engins et leurs composants sont arrivés en République centrafricaine, a-t-elle déclaré.
La France, soutenue par la Norvège, l’Irlande et l’Albanie, a au contraire assuré avoir été à l’écoute des positions de chaque membre du Conseil et de la République centrafricaine, comme le montre l’adoption de la résolution qui, malgré tout, concilie les positions, parfois divergentes, de chacun.
Longue de 25 pages, la résolution 2655 (2022) décide de proroger le mandat de la MINUSCA jusqu’au 15 novembre 2023 et de maintenir son effectif maximal à 14 400 militaires, dont 580 observateurs militaires et officiers d’état-major, et 3 020 policiers, dont 600 policiers hors unités constituées et 2 420 membres d’unités de police constituées, ainsi que 108 agents pénitentiaires.
La résolution exhorte également les autorités centrafricaines et demande aux États de la région d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation de l’ensemble du personnel de la Mission, de son matériel, de ses vivres, des fournitures et autres biens avec accès immédiat et sans entrave ni retard, à tout le territoire de la République centrafricaine, y compris par voie aérienne et de nuit, conformément à l’Accord sur le statut des forces de la Mission.