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1er conseil des ministres de l’année 2023 : Le président Touadera hausse le ton

Publié le jeudi 5 janvier 2023  |  La Renaissance
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© Présidence par DR
1er conseil des ministres de l`année 2023 : Le président Touadera hausse le ton
Bangui, 05 Janvier 2022. Premier conseil des ministres de l’année 2023.
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Discours inaugural de son excellence le professeur Faustin Archange Touadera, Président de la République, chef de l’Etat a l’occasion du premier conseil des ministres de l’année 2023

- Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
C’est avec un réel plaisir que je vous retrouve à l’occasion du premier Conseil des Ministres de l’année 2023.

Je vous remercie, Monsieur le Premier Ministre, des vœux que vous venez de me présenter au nom de votre Gouvernement. J’y suis très sensible.

En retour, je vous souhaite, à vous-même et à tous les Membres de votre Gouvernement, mes vœux sincères de santé, de longévité, de bonheur et de réussite dans vos missions.

Je formule les mêmes vœux à l’endroit de vos familles et de vos Collaborateurs respectifs.

- Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Ainsi que je l’avais rappelé dans mon message de vœux à la Nation, à l’occasion du nouvel an, la fin de l’année est aussi l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur l’année écoulée, mais aussi et surtout d’établir des perspectives pour l’année nouvelle en indiquant les axes prioritaires pour y parvenir.

En jetant un regard rétrospectif sur l’action gouvernementale au cours de l’année 2022, je voudrais reconnaître que le Gouvernement et l’ensemble des pouvoirs publics ont globalement œuvré dans le sens de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et du progrès économique et social de notre pays.

Les réformes entreprises et la maîtrise des dépenses publiques ont permis au pays de résister aux chocs du changement climatique, de la pandémie du COVID-19, de la crise en Ukraine et de la suspension des appuis budgétaires.

La mobilisation des recettes domestiques et la bonne maîtrise des dépenses publiques ont permis à de faire face aux charges régaliennes de l’Etat.

Je suis heureux de vous dire qu’en dépit de la conjoncture économique particulièrement difficile, certains projets et réformes ont pu aboutir en 2022.

Le Gouvernement a pris des initiatives heureuses et engrangé des résultats positifs qui ont permis de maintenir le cap. Je vous en félicite.

Au titre des actions à améliorer au cours de l’année 2023, je voudrais faire observer qu’il y a eu également, fort malheureusement, de retard sinon de l’inertie dans l’implémentation de certains projets ou de certaines réformes.
Nos concitoyens ont aussi relevé que les actions de certains Ministres n’étaient pas visibles, soit par manque de communication ou de collaboration, soit par manque de dynamisme dans l’exécution des lettres de missions.
J’ai également observé l’absence d’anticipation et de proaction sur certains événements protéiformes qui ont émaillé l’année 2022.

Le Gouvernement devrait commanditer une étude pluridisciplinaire sur les conséquences de la crise en Ukraine, sur la persistance du COVID-19 ou sur la suspension des appuis budgétaires, afin de prévenir les conséquences sur le plan économique, financier, sécuritaire, humanitaire et même social.

La conséquence en est que le pays a été frappé de pleins fouets par une crise des produits pétroliers et de première nécessité dont les impacts sont négatifs sur la croissance économique et le panier de la ménagère.

Il y a donc une crise sociale latente à gérer.

En 2022, j’ai aussi noté plusieurs cas d’absences injustifiées au Conseil des Ministres. Le plus souvent, des raisons personnelles ont été invoquées pour justifier de longs séjours à l’étranger, au détriment des affaires publiques.

J’ai également observé que certains Ministres ont suivi les sentiers battus : peu d’initiatives, d’innovations, se confortant dans le règlement des parapheurs.
J’ai pu aussi observer dans certains départements l’absence d’une collaboration franche entre les Ministres et le capital humain mis à leur disposition, mais aussi avec les partenaires de notre pays, ce qui pourrait justifier l’insuffisance des résultats.
Certains Membres du Gouvernement sont moins à l’écoute de la population, des partenaires et même de l’Assemblée Nationale.

Aussi, la présence constante de certains Membres du Gouvernement sur les réseaux sociaux, certainement pour soigner leurs images personnelles, ce qui n’est certes pas interdit, a quelquefois desservi le Gouvernement.

Vous avez certainement noté, Monsieur le Premier Ministre, que certaines publications, supposées personnelles sur les réseaux sociaux ont suscité de vives critiques sur la qualité du Gouvernement.

Les décisions intempestives prises sans concertation ou consultation préalables par certains Membres du Gouvernement, le plus souvent en dehors de la légalité, ont failli mettre en difficulté le Gouvernement devant l’opinion nationale et certains partenaires.
En faisant personnellement le bilan de son département, chaque Membre du Gouvernement se rendra compte, des causes de l’insuffisance ou non de ses résultats.

Vous l’avez relevé, Monsieur le Premier Ministre, et à juste titre, les résultats positifs obtenus par le Gouvernement en dépit de la conjoncture internationale particulièrement défavorable pour notre pays.

Mais il faut aussi relever que l’action gouvernementale a baissé d’intensité, par intermittence, faute d’engagement soutenu de certains Membres du Gouvernement, à innover ou de diligence dans le traitement des dossiers.

Comme je l’ai rappelé dans mon discours inaugural du premier Conseil des Ministres, j’ai inscrit mon projet de société dans la continuité, car tant de projets vitaux entamés sous le premier mandat, mais interrompus par la résurgence de la violence et les effets dévastateurs de la pandémie du COVID-19, doivent être conduits à leur terme.

Les lettres de missions qui vous ont été données par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, enrichies des recommandations du Dialogue Républicain et du Séminaire Gouvernement vous ont rappelé les principaux axes de mon programme de société et leurs échéances d’exécution.

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Nos concitoyens font face à des situations difficiles avec la flambée des prix des produits de première nécessité. Ils voudraient avoir l’assurance de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité.

Il revient donc au Gouvernement de les rassurer par des actions concrètes, de leur apporter des solutions par des innovations majeures, des réformes courageuses.
Les recommandations du Dialogue républicain et du Séminaire gouvernemental que vous venez de rappeler, à juste titre, contiennent des solutions idoines et innovantes aux défis qui se posent à notre société.

Chaque Ministère devrait s’approprier ces recommandations pertinentes en engager des réflexions approfondies pour leur mise en œuvre efficiente.

Je vous remercie de l’engagement pris, au nom du Gouvernement, de veiller à la poursuite des réformes institutionnelles, afin de consolider les acquis et répondre aux besoins vitaux de nos concitoyens.

Face à la grogne sociale consécutive à la pénurie de carburants et de l’inflation, le Gouvernement doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour approvisionner, de manière pérenne, le pays en produits pétroliers et de première nécessité.

Une réflexion doit dès à présent être menée pour anticiper sur les conséquences de l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe.

Le pays croupit encore sous l’embargo imposé par le Processus de Kimberley sur les diamants centrafricains. De même, l’embargo sur les armes n’est pas totalement levé. A cela s’ajoute la suspension des appuis budgétaires.

Tout en saluant les actions menées par le Gouvernement pour atténuer les effets néfastes de ces mesures, je recommande au Gouvernement d’intensifier les actions pour une levée totale et définitive de ces embargos ainsi que la suspension des appuis budgétaires.
Pour cela, j’insiste sur le recentrage de notre diplomatie sur les grands enjeux de développement économique. Elle doit être plus efficiente et plus proactive.

Ainsi, face à la compétition impitoyable qui met en péril le multilatéralisme, nous devons renforcer nos relations avec les partenaires traditionnels et explorer de nouveaux horizons favorables au renforcement de notre souveraineté nationale.

Ainsi, je vous recommande de tout mettre en œuvre pour aboutir à une meilleure exécution de la Feuille de route et de l’Accord-cadre de coopération ainsi que les projets stratégiques entre le Gouvernement et l’Alliance Internationale des BRICS.

Vous le savez, l’accord-cadre a fait de la Ville de Bangui, le siège de l’Alliance Internationale des BRICS, ce qui offre d’énormes opportunités de développement de notre pays.
Votre arbitrage régulier doit permettre d’éviter que des Membres du Gouvernement prennent des initiatives allant dans des sens opposés, ou fassent des déclarations publiques qui sont de nature à remettre en cause la solidarité gouvernementale.

Je vous recommande une vigilance accrue dans le contrôle de la légalité des actes administratifs pris par les Membres du Gouvernement.

L’Etat perd systématiquement les procès, non seulement à cause de la corruption qui continue de ronger notre appareil judiciaire, mais aussi et surtout parce beaucoup d’actes administratifs sont pris en dehors de la légalité interne, communautaire, voire internationale.

Un accent particulier doit être mis sur l’amélioration du climat des affaires.
Beaucoup d’investisseurs continuent de se plaindre de la corruption et de certaines mauvaises pratiques qui n’encouragent pas les investissements directs étrangers.

Je vous recommande de faire aboutir les réformes initiées dans ce sens.

- Messieurs les Ministres d’Etat ;
- Mesdames et Messieurs les Ministres ;
J’insiste sur le respect des obligations qui constituent une sorte de déontologie du Gouvernement.

Au cours de l’année écoulée, nous avons enregistré quelques dérapages qui ne doivent pas se reproduire en 2023.

Il s’agit, entre autres, du non-respect de la solidarité gouvernementale, de la discrétion, du devoir de réserve, de l’obligation d’intégrité, de l’obligation de moralité et de dignité, du devoir de probité et de loyauté vis-à-vis de la République.

J’insisterai sur le devoir de réserve car il m’a été donné de constater, Monsieur le Premier Ministre, que certains Membres du Gouvernement, ont affiché, sur les réseaux sociaux, des positions critiques sur des délibérations du Conseil des Ministres.

J’insiste encore sur la discipline dans les prises de parole dans les médias publics, privés ou sur les réseaux sociaux, tant par les agents de l’Etat chargés de gérer les réseaux sociaux des ministères que par les Ministres eux-mêmes.

- Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Je vous avais demandé de vous imposer et d’imposer à vos collaborateurs les valeurs d’intégrité morale, de probité, d’équité, de transparence, du goût de résultat et surtout de la lutte contre l’impunité et la corruption.

J’ai rappelé dans mon message de vœux que nous ne pouvons pas atteindre nos nobles objectifs de développement si nous ne nous levons pas tous pour combattre les mentalités de rente et la corruption qui ont rongé, pendant des décennies, les capacités de l’Etat à répondre aux besoins élémentaires de la population.

J’ai donc instruit le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, de veiller au bon fonctionnement de la Cellule de Veille contre la corruption, les détournements de deniers publics, la concussion, les extorsions de fonds, les fraudes fiscales et douanières, les infractions assimilées et les mauvaises manières de servir et de réserver des suites aux dénonciations faites par nos concitoyens.

Je vous demande de respecter et de faire respecter l’Etat de droit, de préserver l’unité nationale, la cohésion sociale et le caractère laïc de l’Etat, gages de progrès économique et social.

J’insiste également sur le recentrage des politiques publiques sur l’épanouissement de l’homme centrafricain.

Tout en vous exhortant à consolider les acquis de l’année 2022, je vous demande d’accélérer les réformes, de travailler à répondre de manière efficace aux besoins sociaux de la population, à réduire le train de vie de l’Etat et à intensifier la lutte contre la corruption.

Soyez toujours à l’écoute de la population, notre baromètre, en faisant preuve d’une disposition d’esprit et d’une réelle capacité à vous remettre en cause.
Je vous sais tous mobilisés pour la réalisation des missions qui vous sont confiées. Vous avez tout mon soutien et toute ma confiance. J’attends de vous des résultats.

Je vous réitère mes meilleurs vœux de l’année 2023.
Je vous remercie.
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