Les Centrafricains de Cantonnier, localité située à 600 kilomètres de Bangui à la frontière avec le Cameroun, dénoncent l’occupation illégale du territoire centrafricain par le Cameroun. Ils dénoncent une construction illégale d’un bâtiment administratif camerounais sur la zone tampon.
Depuis une semaine, la reprise des travaux de construction d’un bâtiment administratif par le Cameroun sur la zone tampon encore litigieuse, crée une tension dans les relations entre les deux pays. Les autorités de la préfecture de la Nana-Mambéré estiment qu’il s’agit d’une énième violation de l’intégrité territoriale de la République centrafricaine par son voisin.
A Cantonnier, juste à proximité du commissariat de police de cette ville centrafricaine, flotte un drapeau camerounais implanté depuis 2013 pendant la crise. Les Centrafricains assistent avec impuissance à l’occupation de leur territoire par l’armée camerounaise.
En 2017, Jean Serge Bokassa, alors ministre de l’administration du territoire, avait suspendu les travaux de construction d’un bâtiment administratif par le Cameroun sur cette zone litigieuse. Un natif de Cantonnier est très remonté par rapport à cette situation.
Opposition
"Nous-mêmes, cela ne nous plaît pas pour qu’ils construisent sur notre territoire mais nous n’avons pas la capacité de les en empêcher. Si je me rappelle bien, la semaine dernière, ils étaient encore revenus pour construire. La population s’y est opposée pour leur dire que cela est impossible. Je remercie Dieu parce que le commandant de brigade de la gendarmerie est allé en personne avec le commissaire de la police pour appuyer la population et cela s’est arrêté", a dénoncé Richard Abdou, natif de Cantonnier.
Cette violation de l’intégrité du territoire centrafricain par le Cameroun est un secret de polichinelle. Selon nos informations, il y a eu une altercation la semaine dernière entre les commandants des brigades de Cantonnier et de Garoua-Boulaï sur cette affaire. Les jeunes de Cantonnier attendent de Bangui une réaction d’urgence pour sauvegarder l’intégrité du territoire national.
Bangui appelé à la rescousse
"Ce chantier avait été interrompu par notre ministre de l’administration du territoire, Jean Serge Bokassa. Il y a quelques jours, j’ai vu comment ils ont repris les activités de ce chantier. Quelques autorités locales ont essayé d’intervenir mais en vain. Cela ne tient pas. C’est pour cela qu’ils continuent de construire. Donc, nous demandons aux autorités de faire quelque chose", a interpellé Platini, un résidant de la localité.
Les autorités locales de Cantonnier se disent dépassées par cette situation et espèrent l’entrée en scène de la machine diplomatique pour résoudre ce différend. D’ores et déjà, Marcel Bagaza, préfet de la Nana-Mambéré, ne minimise pas la portée de cette affaire.
« La réponse du berger à la bergère »
"Premièrement, le sous-préfet de Garoua-Boulaï nous a dit que la zone tampon leur appartient. Deuxièmement, la zone délimitant la République centrafricaine et le Cameroun se trouve après la police de Béloko. Alors, je pense que c’est un tout petit peu de la folie. Nous revendiquons notre lopin de terre qui est sur le territoire camerounais. Eux, ils disent qu’ils vont demander le lopin de terre qui est chez nous. C’est la réponse du berger à la bergère", s’est révolté Marcel Bagaza, préfet de la Nana-Mambéré.
Selon un diplomate centrafricain, l’usage de la force pour violer l’intégrité territoriale d’un Etat membre des Nations-Unies est prohibé par les textes en vigueur. Les multiples crises militaro-politiques que traverse la RCA sont défavorables à la sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays. La situation de Cantonnier est un cas parmi tant d’autres.