La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, a fait, le 21 février 2023, devant le conseil de Sécurité de l’ONU, le point sur l'état d'avancement de la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA tel que stipulé dans la résolution 2569. Elle a également présenté l’évolution de la situation politique, des droits de l'homme et de la justice avec un accent particulier sur la situation sécuritaire en République centrafricaine.
La saison sèche a vu une détérioration de la situation sécuritaire avec une résurgence des attaques des groupes armés dans certaines localités de la République centrafricaine (RCA). « Nous avons été témoins de nouveaux développements dans les schémas d'attaques des groupes armés, à savoir l'utilisation d'engins explosifs et de drones, qui a des conséquences négatives sur la population, les Forces de sécurité nationale, les acteurs humanitaires et sur les Casques bleus de l’ONU », a reconnu la Cheffe de la MINUSCA.
Elle a souligné que ces nouvelles menaces exigeraient que la Force et la Police de la MINUSCA soient préparées de manière adéquate en utilisant tous les moyens à leur disposition, particulièrement dans les zones à haut risque.
Sur le plan politique, la Cheffe de la MINUSCA a indiqué au Conseil que le Gouvernement, sous la coordination du Premier ministre, a continué d'avancer vers la mise en œuvre du calendrier adopté par le Gouvernement le 29 août 2022, qui mutualise l'Accord de paix politique et la feuille de route de Luanda.
Bien qu'il s'agisse d'étapes louables, Valentine Rugwabiza estime que « la voie vers une paix durable passe par un dialogue inclusif et constructif, car l'option militaire, ne peut à elle seule, résoudre le conflit de manière décisive ni durable. L'engagement politique avec les chefs des groupes armés reste essentiel».
L’organisations des élections locales se heurte à de nombreux défis
Elle a aussi rappelé au Conseil de sécurité de l’ONU que « les autorités centrafricaines ont pris des mesures pour créer un environnement propice aux élections locales, notamment en développant son cadre juridique et en mettant à jour le code électoral pour encourager la participation des femmes. Une loi a été adoptée, créant plus de 200 circonscriptions ». Aussi, à cet effet, le Premier Ministre, le Président de l’Autorité nationale électorale (ANE) et la MINUSCA ont signé le 14 février 2023, le Plan intégré de sécurisation des élections (PISE), pour sécuriser le processus et protéger les populations, avant, pendant et après lesdites élections.
« Malheureusement, l'organisation des élections locales se heurte à de nombreux défis, notamment à un grave déficit financier. J'appelle les partenaires de la RCA à soutenir ces élections pour tous les gains potentiels qu'elles apporteront probablement à la RCA et à son peuple », a dit la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU aux membres du Conseil de sécurité.
Sur le plan des droits de l'homme et de la justice, d’une manière générale, la Cheffe de la MINUSCA observe que la situation n'a pas connu d’amélioration significative depuis son dernier rapport au Conseil.
« Dans ce contexte, nous devons continuer collectivement à soutenir les autorités centrafricaines pour renforcer leur système policier, judiciaire et pénitentiaire afin que justice soit rendue aux victimes de crimes graves de manière opportune, équitable et indépendante », a dit la Cheffe de la MINUSCA.
Dans ce cadre, « un appui précieux a été apporté à la Cour pénale spéciale par la MINUSCA. J'appelle les États membres et les partenaires qui attachent de l'importance à la justice à contribuer au budget de la Cour qui a maintenant atteint un niveau de maturité lui permettant de traiter davantage d'affaires et de rendre justice aux victimes du conflit », a-t-elle ajouté.
La Minusca va continuer à soutenir la RCA pour créer un environnement propice à la paix
En guise de conclusion, la Représentante spéciale a rappelé que la MINUSCA a soutenu et continuera à soutenir la RCA pour créer un environnement politique et sécuritaire propice à la paix et au processus politique pour faire avancer la restauration de l'autorité de l'État. « Mais la MINUSCA ne peut pas le faire seule. J'appelle les partenaires bilatéraux et multilatéraux à aider à consolider les gains de sécurité obtenus jusqu'à présent, à saisir l'occasion unique offerte par les élections locales pour aider la RCA à jeter les bases de la gouvernance locale, à accélérer les progrès de la réforme du secteur de la sécurité vers une défense professionnelle et forces de sécurité qui est la seule solution durable pour la RCA pour renforcer ses capacités de protection de la population et de l'intégrité territoriale », a-t-elle conclu.
Quant à l’ambassadeur Omar Hilale, président de la Configuration RCA de la Commission de la Consolidation de la Paix de l’ONU, il a rappelé que la situation en RCA a un fort impact régional. « A cet égard, nous louons les organisations régionales et sous-régionales, les chefs d'États de la région et des pays voisins, pour leur engagement en faveur d'une plus grande cohérence dans les actions régionales et nous appelons tous les acteurs régionaux à poursuivre leurs efforts pour apaiser les tensions dans la sous-région et faire face aux menaces transfrontalières, à la paix et au processus politique », a-t-il recommandé.
Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères de la RCA, Sylvie Baïpo Temon, a remercié et félicité la Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, pour le travail réalisé auprès des autorités centrafricaines et l’encourage dans sa lourde tâche de piloter la MINUSCA aux fins de résultats. « C'est ensemble que nous devons penser à stabiliser la RCA et ramener la paix », a-elle déclaré.