Trois jours après le déclenchement de la nouvelle pénurie de carburant à Bangui, de longues files d’attente sont observées dans les stations-service. Des bousculades çà et là. Cependant, les stations-service ne fonctionnent que quelques heures. Par ailleurs, certains usagers déplorent le comportement des militaires qui débarquent dans les stations pour les tabasser.
Dans les quartiers, les plaintes fusent de partout. Selon des détaillants et importateurs informels, des militaires débarquent chez eux, les rançonnent, saisissent leur carburant et disparaissent avec. Ce commerçant a perdu dans la nuit du lundi 17 avril, ses récipients d’essence saisis par des militaires au PK 12.
Détaillants et importateurs informels dépouillés
"Ils ont saisi une dizaine de fûts d’essence bien avant de prendre les nôtres. En cours de route, au niveau de l’avenue des Martyrs, ils ont cédé un fût à un individu qui les suivait en motocyclette et il est parti avec. Nous les avons suivis jusqu’aux villas Kolongo où, ils nous ont chassés", a témoigné un commerçant.
Un revendeur a vu ses 3 fûts de carburant emportés. Désespéré, il appelle le gouvernement à l’aide.
« Nous demandons au gouvernement de nous aider… »
"Nous sommes des jeunes avec peu de moyens et nous nous battons pour nourrir nos familles. Les militaires ont tout pris et nous n’avons plus rien pour prendre en charge nos familles. Nous demandons au gouvernement de nous aider en nous restituant une partie de nos fûts pour nous permettre de poursuivre nos affaires d’une autre manière", a supplié un revendeur.
Dans le 8ème arrondissement, des éléments de l’armée nationale ont fait irruption au domicile d’un importateur informel. Un membre de la famille témoigne.
10 fûts et 600. 000 francs perdus
"Cinq militaires sur une moto ont fait irruption chez notre frère pour le brutaliser. Celui-ci était obligé de leur donner 50.000 francs pour qu’ils s’en aillent. Ensuite, des éléments de la police militaire ont débarqué à bord de 2 véhicules. Après négociations, leur chef a accepté de prendre 550.000 francs et ils sont partis avant de revenir prendre 10 fûts d’essence pour une destination inconnue", a témoigné le frère d’un importateur informel.
Pour de nombreux revendeurs, les produits saisis sont revendus par les hommes en tenue. Une affaire lucrative en cette période de pénurie des hydrocarbures. Contactés par Radio Ndeke Luka, certains responsables de l’armée, cités par les revendeurs, rejettent les accusations portées contre eux. Ceux-ci affirment exécuter les ordres du gouvernement concernant la vente illicite des hydrocarbures.
A la société centrafricaine de stockage des produits pétroliers (SOCASP), les responsables reconnaissent que quelque 500 fûts de carburant saisis sont stockés dans leurs locaux.