La journée de 03 mai est réservée à la commémoration de la liberté de la presse dans le monde. En Centrafrique, une conférence-débat est organisée autour de la thématique retenue.
Cette journée intervient dans un contexte où la Centrafrique vient de gagner 3 points en se classant 98è contre 101è en 2022, selon le classement annuel fait par les reporters sans frontières (RSF). RSF note qu’aucun journaliste n’est en prison à compter du 1er janvier 2023, ni tué. Mais, quelles sont les réelles avancées dans les revendications de la presse ? Rien.
« Façonner un avenir de droit : liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’Homme », est le thème mondial de la commémoration de 2023. En Centrafrique, le thème national est : une presse indépendante, un outil parfait pour garantir la justice et protéger les droits de la personne ».
Ces thématiques tournent autour du respect des droits de l’Homme qui passe par la liberté d’expression. Mais, cette liberté de la presse est d’ailleurs menacée. Sa menace entraine celle sur les droits de l’Homme en générale.
Une presse étouffée par des difficultés, l’intimidation, la peur ; une presse économiquement asphyxiée ; une presse dominée par l’autocensure et la non dénonciation des violations des droits humains... ne peut pas être une garantie pour la justice et pour la protection des droits de la personne.
Depuis plusieurs années, la presse centrafricaine est dans la rue. Pas un petit toit pour abriter la maison de la presse et des journalistes. Cette presse revendique sans succès la justice pour des crimes commis contre les journalistes tués en Centrafrique. Elle demande en vain les statuts particuliers pour la presse publique et la convention collective pour le secteur privé.
Cette presse centrafricaine est encore méprisée, maltraitée et bourrée des pseudos journalistes qui ne respectent pas le code d’éthique et de déontologie mais qui brillent par la désinformation, les messages de haine, l’incitation à la violence.
« Les mercenaires de la plume » sont aujourd’hui plus nombreux que les journalistes professionnels, qui, par manque de traitement raisonnable désertent le secteur pour se reconvertir dans la communication afin de gagner leur vie.
Ce tableau sombre profite aux uns. C’est ainsi que personne ne songe mener des réformes profondes pour assainir ce milieu envahi par des brouteurs.
On ne dira jamais assez qu’après 15 ans, les deuxièmes états généraux des médias deviennent un impératif. Mais puisque la presse n’est pas une priorité, on adopte une stratégie de pourrissement.
Aujourd’hui, les organisations professionnelles des médias n’existent que de nom. L’union des journalistes centrafricains (UJCA) est l’ombre d’elle-même. Le groupement des éditeurs de la presse privée et indépendante de Centrafrique (GEPPIC) est enterré définitivement par des querelles intestines. La presse, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous.
Au milieu de cette presse sort et sortira une génération consciente qui nécessite juste un encadrement mais surtout un accompagnement vers une autonomie réelle, gage de l’indépendance de la presse centrafricaine.