Le gouvernement de transition du Tchad a récemment annoncé le succès d’une opération militaire conjointe avec la République centrafricaine, visant à éliminer des « bandits » tchadiens retranchés dans le nord de la RCA. Cette annonce, faite par le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, dans le communiqué N°006/PT/PMT/MC/2023, souligne l’ampleur de cette opération sécuritaire et salue la collaboration fructueuse avec les autorités centrafricaines.
Cependant, derrière cette déclaration officielle se cache une réalité plus complexe. Il semble que le gouvernement Moloua, acculé par les autorités tchadiennes, n’ait eu d’autre choix que de sacrifier les rebelles tchadiens, qui bénéficiaient pourtant du soutien indéfectible de Bangui et des Wagner. D’après l’analyse du politologue Fari-Taheruka Shabazz, L’objectif de cette opération est clair : Touadéra cherche à gagner du temps. Comme l’a subtilement souligné l’Honorable Lucien Mbaïgoto, député de Paoua, lors d’une intervention sur la radio Ndékèluka, s’il ne collaborait pas, l’armée tchadienne n’aurait pas hésité à envahir Bangui à la recherche des « bandits » protégés, financés, entraînés et armés par le pouvoir de Mandjo.
Pour le politologue Fari-Taheruka Shabazz, cette trahison aura de lourdes conséquences pour Touadéra. Bangui ne peut pas jouer un double jeu dans cette situation. Si tel était le cas, la colère de N’Djaména serait dévastatrice. Touadéra est désormais condamné à combattre ses anciens alliés jusqu’au dernier combattant. En représailles et pour se sauver, ces derniers pourraient être tentés de s’entendre avec la CPC afin de renverser définitivement Touadéra du Palais de la Renaissance. Il est plus facile de faire tomber Bangui que N’Djaména, et il reviendrait alors à la CPC de rendre la pareille aux rebelles tchadiens.
Ceci dit, Touadéra s’est attiré de nouveaux ennemis et envoie un très mauvais message à ses autres partenaires, y compris les Wagner. Désormais, ils savent que, sous pression, Touadéra n’hésitera pas à abandonner ses alliés stratégiques. Cela renforce l’argument en faveur des Wagner pour le destituer et le remplacer par une marionnette plus fiable. CPC, COFAC, Wagner, CRT, BRDC, FMI, États-Unis… Touadéra se retrouve encerclé de toutes parts. Il se tient sur le fil du rasoir, mais jusqu’à quand pourra-t-il tenir S’interroge Fari-Taheruka Shabazz?