Les réactions se multiplient après la convocation du corps électoral, par le chef de l’Etat, pour un référendum constitutionnel. Si le Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC) promet de faire obstacle au projet, la Minusca, elle, indique que ce scrutin n’entre pas dans son mandat. Pour la mission onusienne, il s’agit d’une question de souveraineté nationale.
Quelques heures seulement après la convocation, par le président de la République Faustin Archange Touadéra, du corps électoral pour le scrutin référendaire du 30 juillet prochain, l’opposition démocratique monte au créneau. Selon le BRDC, les conditions pour l’organisation d’un référendum constitutionnel ne sont pas réunies. Les membres de cette plateforme promettent de faire échec au projet.
« Il ne pouvait le faire que s’il y a un sénat »
"C’est un pseudo référendum puisque les conditions légales ne sont pas réunies. Pour convoquer le corps électoral, des conditions sont exigées par la loi fondamentale. La constitution dit que pour le référendum, lorsque l’initiative vient du président de la République, les présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle doivent être consultés. Il ne pouvait le faire que s’il y a un sénat", a fait savoir Nicolas Tiangaye, membre du BRDC.
La Minusca, pour sa part, a indiqué, en marge de sa conférence de presse hebdomadaire, qu’elle ne s’impliquera pas dans le processus d’organisation de ce scrutin. Toutefois, elle réaffirme son soutien aux élections locales.
« Une question de souveraineté nationale »
"La Minusca a suivi comme tout le monde le message à la Nation du président de la République annonçant un référendum constitutionnel. La Minusca rappelle qu’il s’agit d’une question de souveraineté nationale qui n’entre pas dans son mandat. La résolution 26-59 du Conseil de sécurité des Nations-Unies ne mentionne nulle part un éventuel appui à un référendum constitutionnel", a précisé Guy Karema, porte-parole intérimaire de la mission onusienne.
Dans le rang de la société, l’on s’étonne de ce choix inattendu au détriment des élections locales.
« Les locales primait sur le référendum »
"Depuis 2022, le Réseau Arc-en-ciel travaille efficacement pour la tenue des élections locales en République centrafricaine. Pour nous, ces élections étaient une opportunité pour le développement local. C’est vraiment une surprise car le programme des locales primait sur le référendum" s’est étonné Abbé Frédéric Nakombo, coordonnateur du réseau Arc-en-ciel.
Si l’opposition s’insurge contre ce projet, parmi les proches du pouvoir, c’est la satisfaction. Pour le Mouvement cœurs-unis (MCU), le président Faustin- Archange Touadéra n’a fait que respecter la volonté du peuple.
« Je ne peux que rendre hommage »
"Aujourd’hui, la population est venue massivement remercier le chef de l’Etat d’avoir répondu à sa préoccupation. Je ne peux que rendre hommage à ce peuple qui s’est levé comme un seul homme pour demander la réécriture de la constitution et féliciter son président", s’est réjoui Arthur Bertrand Piri, 3ème secrétaire général du MCU, lors d’une grande mobilisation de soutien à ce projet de référendum constitutionnel.
En janvier dernier, la Cour constitutionnelle avait jugé recevable le projet de loi fixant les procédures du référendum en République centrafricaine, donnant ainsi l’autorisation au chef de l’Etat de la promulguer avant l’organisation d’un référendum. Un même projet avait été jugé anticonstitutionnel par la même Cour constitutionnelle, le 23 septembre 2022.