Allocution de son excellence le professeur Faustin Archange Touadéra, President de la république, chef de l’État à l’occasion de la rencontre avec le corps diplomatique accrédité en RCA
Bangui, 9 Juin 202
- Excellence Monsieur le Doyen du Corps diplomatique
- Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de Missions ;
- Mesdames et Messieurs les Chefs des Postes consulaires et Représentants des organisations internationales ;
- Mesdames et Messieurs ;
Je suis heureux de l’empressement que vous avez bien voulu mettre à répondre à mon invitation, et je vous en remercie bien sincèrement.
Votre présence massive à cette rencontre témoigne de l’excellence des relations cordiales d’amitié et de coopération que chacun de vos pays respectifs, entretient avec la République Centrafricaine.
Ces relations sont fondées sur des valeurs communes de démocratie, de respect des Droits de l’Homme, du respect de la souveraineté nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, conformément à la Charte des Nations Unies, de coopération mutuellement bénéfique ainsi que les liens d’amitié entre nos peuples.
Ce n’est pas aux diplomates que vous êtes que je me permettrai de rappeler que les relations diplomatiques et consulaires entre les peuples sont encadrées par les Nations Unies, à travers la Convention de Vienne de 1961.
Néanmoins, je puis rappeler que cette Convention vous impose le devoir de respecter les lois et règlements de l’Etat accréditaire et de ne pas vous immiscer dans ses affaires intérieures.
Cependant, en tant que diplomates, Hauts Représentants de vos pays, vos fonctions consistent, entre autres, à vous informer par tous les moyens licites des conditions et de l’évolution des événements dans l’Etat accréditaire et faire rapport à ce sujet à vos gouvernements respectifs.
J’insiste sur la notion de moyens licites d’informations.
Vous avez également pour fonction de promouvoir les relations amicales et développer les relations économiques, culturelles, scientifiques entre vos Etats et organisations respectifs et la République Centrafricaine.
Le peuple centrafricain, meurtri par plusieurs décennies de conflits armés, attend de vous la densification de nos relations dans ces domaines.
C’est pour vous permettre de vous informer des conditions et de l’évolution des événements en République Centrafricaine et faire des rapports objectifs à ce sujet à vos gouvernements respectifs, que j’ai jugé nécessaire de vous convier aujourd’hui, pour vous entretenir sur le référendum constitutionnel que je viens de convoquer pour le 30 juillet 2023 et sur le projet de loi sur la tokénisation.
Ce qui vous permettra, j’en suis convaincu, d’éviter le piège des rumeurs, des désinformations, des manipulations, des messages de haine, de méchanceté, de violence, la calomnie, devenus viraux sur les réseaux sociaux, en République Centrafricaine et qui portent atteinte à nos relations séculaires d’amitié et de coopération.
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;
Ainsi que je viens de le rappeler, le 30 mai dernier, j’ai informé, la Nation, comme l’exige la Constitution, de la décision prise, après consultation du Président de la Cour Constitutionnelle et du Président de l’Assemblée Nationale, conformément à l’article 90 de la Constitution du 30 mars 2016 et l’article 2 de la Loi du 13 janvier 2023, fixant les procédures du référendum en République Centrafricaine, de soumettre au référendum, le projet d’une nouvelle Constitution de la République Centrafricaine.
Je voudrais rappeler que dès la promulgation de la Constitution du 30 mars 2016, certains courants politiques centrafricains ainsi qu’une majorité de nos populations l’ont trouvée insuffisante pour des motifs divers et variés.
Cette Constitution, selon la majorité de nos populations ne propose pas de solutions appropriées aux causes des conflits militaro-politiques récurrents que connaît le pays ; n’affirme pas clairement la souveraineté de l’Etat centrafricain ni l’indépendance nationale, ni le droit à l’autodétermination du peuple centrafricain ; bref, ne reflète pas suffisamment les aspirations profondes du peuple centrafricain.
Aussi, à l’instar des autres pays du monde, la République Centrafricaine connaît des évolutions profondes et de long terme, des bouleversements aux effets destructeurs dont la pandémie du COVID-19, la crise environnementale provoquée par les changements climatiques, les menaces contre la paix et la sécurité mondiales résultant du terrorisme, de l’extrémisme violent, de la criminalité transfrontalière et de la radicalisation qui appellent la réforme profonde de l’Etat.
Avec la disparition progressive des causes qui avaient engendré la Constitution du 30 mars 2016 et la nécessité de corriger les imperfections soulevées par les différents courants d’opinions, j’avais proposé la réforme profonde de l’Etat à l’effet de l’adapter à l’évolution de notre société et du monde.
Cet ambitieux projet de réforme de l’Etat n’a pour objectif que de promouvoir nos valeurs, de permettre à notre jeune démocratie d’être plus dynamique, d’améliorer le fonctionnement régulier des institutions, en mettant plus d’accent sur la transparence et la redevabilité, de rêver d’un avenir radieux et meilleur pour la République Centrafricaine.
Par ailleurs, observateurs de la vie politique nationale, vous avez remarqué que depuis le Dialogue républicain de mars 2021, une grande majorité de la population et des forces vives de la Nation se sont exprimées à travers des pétitions, des mémorandums et des marches organisées sur l’ensemble du territoire national, m’invitant à doter la République Centrafricaine d’une nouvelle Constitution qui reflète les aspirations profondes du peuple à la paix, à la sécurité, à la stabilité, à la souveraineté effective, à la croissance et à l’émergence du pays.
Vous avez aussi suivi les plus récents appels qui ont été ceux lancés, le 30 mars dernier, à l’occasion de la célébration du deuxième anniversaire de mon second quinquennat, par une partie de l’opposition démocratique, réclamant une nouvelle Constitution pour la République Centrafricaine.
Vous avez également suivi que certains constituants de 2016 déjà connus par leurs intentions de verrouillage de la loi fondamentale n’ont eu de cesse de confisquer la volonté du peuple pour s’aménager des positionnements politiques.
Ceux qui prétendent être les tenants de la Constitution du 30 mars 2016 sont ceux-là mêmes qui ne la respectent pas et posent des embuches continues à l’exercice de la démocratie.
Il est curieux de remarquer que seule la limitation du mandat présidentiel sert d’argumentaires teintés d’un juridisme tronqué, inadapté aux aspirations légitimes du peuple centrafricain au développement socio-économique, au bien-être, à la concorde nationale, à la paix et à la sécurité.
Par manque d’arguments plausibles, ceux-ci vont jusqu’à se substituer au peuple et au Autorités légitimes pour juger de l’opportunité du référendum.
J’entends que l’Autorité Nationale des Elections (ANE) qui vient d’ailleurs d’organiser les élections présidentielle et législatives n’aurait pas la légitimité et la compétence nécessaire organiser le référendum constitutionnel dans le délai légal.
J’entends aussi dire que la MINUSCA refuserait d’appuyer les opérations référendaires, ce qui traduirait le rejet de cette initiative populaire par la communauté internationale que vous représentez ici.
Je ne répondrai pas à ces préoccupations pour une raison évidente : Rien n’est au-dessus du peuple souverain !
Rien ne peut résister à la volonté d’un peuple souverain !
L’organisation d’un scrutin quelconque est avant tout une question de souveraineté nationale, même si, dans le cadre de la solidarité internationale, le Gouvernement peut recourir à l’appui de certains membres de la communauté internationale.
Le peuple est au-dessus de la Constitution, ainsi qu’il ressort de l’article 26 de la Constitution.
En effet, au sens de cet article, « La souveraineté nationale appartient au peuple Centrafricain qui l’exerce soit par voie de référendum, soit par l’intermédiaire de ses représentants.
Président démocratiquement élu, ayant l’obligation de respecter la volonté populaire, je ne peux rester insensible aux demandes pressantes et légitimes du Peuple souverain de doter notre pays d’une nouvelle Constitution. Je ne peux pas m’opposer à la volonté souveraine du peuple.
J’ai rappelé, à ceux prétendent avoir des raisons de redouter de l’avènement d’une nouvelle Constitution, que l’organisation d’un référendum constitutionnel, dans les conditions requises par la Constitution, ne saurait être valablement analysée comme une volonté du Président de la République d’empêcher l’alternance politique, gage de la démocratie et de l’Etat de droit.
L’alternance sera toujours organisée, si la nouvelle Constitution est adoptée, à travers des élections libres, démocratiques, transparentes, ouvertes à tous les citoyens.
Il ne s’agit nullement ni d’un troisième mandat ni d’une volonté politique pour le Président de la République de se maintenir indéfiniment au pouvoir.
La communauté internationale que vous représentez est témoin des difficultés que nous avons eues à appliquer la Constitution du 30 mars 2016, après la signature de l’Accord Politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019.
Cette Constitution, vous le savez, interdit aux auteurs, co-auteurs et complices de l’usurpation de la souveraineté par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou les autres procédés non démocratiques, considérés comme des crimes imprescriptibles contre le peuple centrafricain, d’exercer toute fonction publique dans les institutions de l’Etat.
Cette disposition, ainsi qu’il a été relevé, hypothèque l’action politique qui est faite de compromis dynamique dans l’intérêt de la paix, de la cohésion sociale et du développement socio-économique du pays.
La preuve en est que l’APPR-RCA a été approuvé par la Communauté internationale dont certains membres en sont d’ailleurs garants et facilitateurs.
Grâce à ce compromis, nous avons nommé les représentants des groupes armés signataires de l’APPR-RCA au Gouvernement et dans les institutions de l’Etat, pour ce citer que cet exemple.
La question principale qui revient souvent est celle du financement et de la sécurisation des opérations référendaires.
Je tiens à vous rassurer que le référendum constitutionnel sera financé par le budget national, bien évidemment, avec l’appui des partenaires qui le souhaitent.
S’agissant de la sécurisation des opérations, nous sommes conscients que le mandat de la MINUSCA n’est pas étendu à l’appui au processus référendaire.
Je voudrais vous informer que les Forces de défense et de sécurité nationales, appuyées par leurs alliés bilatéraux, russes et rwandais, mettront en place un plan national de sécurisation du référendum.
Toutefois, à la fin des opérations référendaires, le plan de sécurisation sera étendu à la MINUSCA pour les élections locales.
Le peuple centrafricain, est d’ailleurs le premier défenseur du référendum qu’il a réclamé à cor et à cri.
En concluant sur ce point, je voudrais rappeler que tous les Etats membres des Nations Unies ont l’obligation de préserver la paix et la sécurité internationales, d’agir pour un monde meilleur, équitable et prospère.
La République Centrafricaine, l’un des pays membres des Nations Unies, considérée comme le pays le plus pauvre du monde, aspire également à la paix, à la sécurité, au développement socio-économique.
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;
Un autre sujet sur lequel je voudrais vous entretenir est le projet de loi portant Tokénisation des ressources naturelles et foncières de la République Centrafricaine qui vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale.
Je tiens à dire que ce projet de loi vise simplement le développement de notre économie par la valorisation de nos ressources naturelles, l’agriculture et le foncier national.
La tokénisation n’est rien d’autre qu’un moyen virtuel de mobilisation de capitaux sur le plan national et international en vue de la relance économique.
Elle est utilisée par des millions de personnes à travers le monde et continue de séduire de plus en plus d’utilisateurs et institutions publiques et privées.
Tels sont, Excellences, Mesdames et Messieurs, les quelques éléments sur la marche notre démocratie que je voudrais partager avec vous.
Je réaffirme la volonté de notre pays de poursuivre et densifier davantage les excellentes relations d’amitié et de coopération qui existent entre nos pays et nos peuples.