L’annonce de la date du référendum constitutionnel par le président de la République a provoqué un tollé au sein de la classe politique centrafricaine. Certains leaders politiques et leurs partisans multiplient des déclarations dans lesquelles ils propagent des messages de haine et d’incitation à la violence. Face à ce que certains Centrafricains qualifient de « dérive », les leaders religieux appellent les différents acteurs à la retenue.
Depuis la convocation du corps électoral pour le scrutin référendaire du 30 juillet, il ne se passe pas un jour sans que des réactions surviennent sur le sujet. Pouvoir, opposition et société civile, chaque entité exprime sa position. Cependant, dans cette vague de réactions, des messages à caractère haineux ou d’incitation à la violence ont été enregistrés. Si certains acteurs politiques appellent au renversement du pouvoir actuel, les partisans du président Faustin Archange Touadera durcissent, eux aussi, le ton dans leurs prises de parole en public ou sur les réseaux sociaux.
Face à cette montée des messages de haine et d’incitation à la violence, les leaders religieux appellent à l’apaisement. Le chef de l’Eglise catholique en République centrafricaine appelle à une prise de conscience. Pour l’Archevêque de Bangui, Cardinal Dieudonné Nzapalaïnga, les Centrafricains doivent privilégier le dialogue afin d’éviter une résurgence de violence.
« Que le démon de la haine ne nous emporte pas »
"En 2013, nous avons connu le chaos, la souffrance... Il n’y avait plus d’Etat. Et moi, je ne veux plus qu’on puisse en arriver là. Le Forum de Bangui a été un moment unique. Un de ses fruits, c’est cette Constitution. Si aujourd’hui le politique a pris cette option, moi, je reste Centrafricain. Je ne peux pas inciter les gens à la haine et à la violence. Je pense que la solution est la parole. Que le démon de la haine ne nous emporte pas", a lancé Cardinal Dieudonné Nzapalaïnga.
Pour sa part, le Conseil supérieur islamique de Centrafrique (CSICA) condamne ces propos haineux et appelle les Centrafricains à l’unité.
« Ces messages ne nous honorent pas »
"Au nom du Conseil supérieur islamique de Centrafrique, je condamne fermement ce genre de messages qui, d’ailleurs, ne nous honorent pas. Quoi qu’il en soit, c’est notre pays et le pays a des règles. Nous avions beaucoup couru. Jusqu’à aujourd’hui, certains continuent de courir. On ne veut plus que des personnes mal intentionnées viennent nous embrouiller", a déclaré Ahamat Déléris, président du Conseil supérieur islamique de Centrafrique.
Quelques jours plutôt, le Conseil national de la médiation avait déjà réagi à ces propos. Pour le médiateur de la République, les Centrafricains doivent apprendre à faire confiance aux institutions de leur pays dans le règlement de leurs différends et non recourir à la violence.
La tension politique, née de la convocation du référendum constitutionnel, inquiète de nombreux Centrafricains. Ces derniers craignent de revivre les affres du passé, surtout que les stigmates de la dernière crise politico-sécuritaire, qui a fait sombrer le pays dans le chaos, sont encore présents dans les esprits.