Selon un adage bien connu de tous, la route est fille de tout développement pour un Etat. Cependant en Afrique subsaharienne, les infrastructures routières posent d’énormes problèmes de nos jours. Le cas du corridor Bambari/Bangassou est une illustration qui parle d’elle-même surtout en cette période des pluies.
Selon une source bien informée, les usagers du corridor Bambari/Bangassou éprouvent d’énormes difficultés depuis le début de cette saison des pluies. Pour une distance de 350 km, les camions peuvent facilement passer deux à trois jours : «Nous sommes arrivés à un niveau où le gouvernement et les partenaires doivent faire une action rapide afin de sauver les populations de notre localité. Pour une distance de 350 km, on peut facilement passer quatre jours sans pour autant arriver à destination avec des prix exorbitant. Il y a quelques mois seulement, on payait le prix du transport à 15000 FCFA. De nos jours, ce prix passe à 20.000 FCFA et parfois à 25000 FCFA selon les négociations avec le convoyeur à cause de la dégradation avancée de la route. Il y a des tronçons que les passagers doivent obligatoirement descendre du véhicule et faire plus de 5 km à pied même pour les femmes enceintes et les mineurs», a témoigné un passager.
La situation des populations de ces deux villes devient de plus en plus dramatique que le format dans lequel il se résout fait couler les larmes. La République centrafricaine est un pays essentiellement agricole et les populations ne vivent que des fruits de leurs travaux champêtres. Or, avec l’état des routes en dégradation, les agriculteurs sont dans l’incapacité de faire écouler les fruits de leur sueur puisque l’auteur de la création a donné à l’homme de soumette la terre et de manger à la sueur de son front. Comment alors cette recommandation peut être possible tant il est vrai que les routes ne sont pas praticables : « Depuis deux saisons, nous ne parvenons pas à faire écouler nos produits à Bangui. Cette situation fait en sorte que nos enfants ne peuvent pas aller à l’école car, nous n’avons pas les moyens pour payer leurs fournitures et surtout les soigner voilà pourquoi, la mortalité enfantine est un grave fléau dans nos deux villes. Dieu merci, la présence des ONG humanitaires sont au service de nos populations.
Pour aller de nos à Bangui, les fonctionnaires éprouvent d’énormes difficultés dans la mesure où il faut au moins pour un voyage aller et retour, ils doivent débourser une somme d’au moins 70000 alors que la grille salariale n’a pas changé », a affirmé un ressortissant de Bangassou.
Dans un pays riche avec une panoplie des ressources naturelles, la population continue de tirer le diable par la queue. Les conséquences sont énormes. Sur le plan économique, la RCA a connu un « grand bond en arrière » depuis les années 1970. Selon les sources concordantes qui situent le Centrafrique au 175e rang sur 177, 67% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un dollar par jour. Forgée par le père de la nation Barthélémy Boganda et inscrite dans le préambule de la Constitution, la belle devise de la Centrafrique : «un homme en vaut un autre » Zo Kwe Zo en sango, la langue nationale est désormais démentie tous les jours par les faits.
L’espérance de vie, en baisse constante, est passée en 2019 sous la barre de 40 ans, selon le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).
Le ministre des Travaux publics et son homologue des transports doivent prendre leurs responsabilités et règlementer les prix des transports tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Mais au passage que le Fond routier n’attende pas la campagne électorale pour aménager les routes.
Aujourd’hui, le Centrafricain est pris en sandwich entre la résilience et la dénonciation des tares qui minent le développement de ce pays. On ne saurait comprendre pourquoi les politiques privilégient-ils le langage des armes au lieu de préparer l’avenir du pays ?