Entouré de pays en crise, le Tchad vient d’adopter une loi particulièrement progressive et cité par l’ONU comme un modèle en matière d’asile. Un modèle toutefois menacé par l’afflux exponentiel de réfugiés soudanais. Les humanitaires lancent un appel à l’aide pour soutenir les autorités de Ndjamena et ne pas abandonner les 600 000 autres réfugiés déjà présents dans le pays, comme des Camerounais fuyant les exactions de Boko Haram à l’ouest, mais aussi plus de 120 000 Centrafricains au sud.
De notre envoyé spécial à Goré,
Elasko Sirikizi est couturier, père de quatre enfants. Depuis dix ans la guerre civile déchire son pays, la Centrafrique. Il a perdu l'usage de ses jambes après cinq années d’errance dans la brousse.
C’est sa femme l’a transporté jusqu’ici sur son dos. « Même en venant là, on a essayé de forcer madame, on a violé madame... À chaque fois […] elle se rappelle des faits. C'est moi qui la console à chaque fois », explique-t-il.
Il survit grâce à sa machine à coudre qu’il loue 5 000 francs CFA par mois, l’équivalent de 7,50 euros. « La seule activité du quotidien qui me donne à manger, c'est [uniquement la couture]. Maintenant c’est comme ça. Les gens vont tous vaquer à leurs travaux champêtres parce qu'il pleut, donc il n’y a pas de clients. […] On gère seulement la galère, c'est comme si on est doué pour ça... », ajoute-t-il.