La campagne référendaire entre dans sa dernière semaine. Même si l’opposition appelle à voter "non" ou de s'abstenir, tout semble croire que le "oui" va l’emporter.
Convaincre les indécis à s’exprimer le 30 juillet prochain sur le projet de constitution, voilà tout l’enjeu de cette campagne. Pour l’instant, de nombreux citoyens ignorent le contenu du texte. Contrairement aux élections générales de 2020, cette campagne référendaire est moins rythmée. L’opposition qui boycotte d’ores et déjà la campagne n’est pas surprise du résultat.
"Qu’est-ce que cela veut dire battre campagne, c’est-à-dire aller au referendum ? C’est par quelle opération du Staint-Esprit, l’ANE, l'Autorité nationale des élections qui avait du mal à organiser les élections municipales parce qu'il leur fallait beaucoup plus de temps et d’argent, en un mois et demi, cette même ANE là, a l’argent qui tombe du ciel et tous les problèmes vont être résolus ", explique Anicet Georges Dologuélé.
Pour le chef de file de l’opposition, le résultat du référendum est connu d'avance. "La Minusca ne va pas transporter les urnes mais les urnes seront transportées. Cela veut dire que ce n’est pas un référendum qui aura lieu, mais c’est quelque chose dont le résultat a été dessiné à l’avance."
Le ressentiment de l’opposition est d’autant plus renforcé par l’absence du fichier électoral mais aussi par le vote au moyen de n’importe quelle pièce à défaut de la carte d’électeur. L’opposition estime également que les organes en charge des élections notamment l’Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle sont entre les mains du pouvoir.
La majorité, elle, se félicite de l’organisation du vote. Pour Evariste Ngamana, directeur national de campagne, "la démocratie est le pouvoir du peuple, pour le peuple. Vouloir limiter le mandat, c’est aller contre la volonté du peuple. C’est une forme de dictature. Si le peuple estime que tel ou tel leader fait bien son travail et qu’il doit poursuivre, il appartient au peuple d'en décider pendant les élections."
La nouvelle constitution ne rassure pas la société civile. C’est le cas du groupe de travail de la société civile qui dénonce une forte concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme.
"Il ne faut pas aller dans cette direction"
Si la constitution du 30 mars avait recueilli l’avis de tous, le texte qui sera soumis au vote ce 30 juillet inquiète les autorités morales. Cardinal Dieudonné Nzapalaïnga, archevêque de Bangui, est méfiant.
"Le forum de Bangui a été un moment unique, parce que les gens sont venus de l’est, de l’ouest, du nord et du sud et ils ont vidé leur sac, ils ont émis des propositions. Ils ont dit aux uns et aux autres plus jamais ça, nous voulons construire une belle République Centrafricaine. Et un des fruits de ce forum, c’est cette constitution qui a été rédigée. Il y a la possibilité de changer et pour pouvoir le changer, il fallait le Sénat, l’exécutif et le législatif. Quand on nous a posé des questions en tant qu'évêque, pères spirituels de ce pays, nous avons dit qu’il manque un élément, non il ne faut pas aller dans cette direction. Mais si le politique a pris cette option, moi je reste Centrafricain", ajoute l'archevêque de Bangui.
La campagne référendaire, loin d’être un exercice démocratique, a renforcé la fracture sociale dans un pays durement affecté par les conséquences de la guerre civile.