Bangui – La République centrafricaine est actuellement confrontée à un débat enflammé autour de la nouvelle constitution totalement illégale et controversée, proposée par le Président Faustin Archange Touadera en vue d’écarter ses principaux adversaires. Cette constitution, qui sera soumise au référendum le 30 juillet prochain, suscite de vives inquiétudes au sein de la communauté musulmane centrafricaine. Le ministre chargé du secrétariat du gouvernement, Maxime Balalou, a reconnu que des erreurs importantes ont été identifiées dans le projet, alimentant ainsi le débat sur le concept de la centrafricanité et ses implications sur l’inclusion des musulmans dans les postes de responsabilité et même la possibilité de briguer la fonction présidentielle. Nous plongeons dans les questions soulevées lors d’une rencontre avec la communauté musulmane au quartier KM5, où ces préoccupations ont été discutées avec ardeur.
La centrafricanité : Un défi pour la communauté musulmane :
Le projet de la nouvelle constitution du Président Touadera met en avant le nouveau concept dit de “centrafricanité”. Selon ce projet, pour accéder à des postes de haute responsabilité dans la fonction publique et l’armée, il faut obligatoire être centrafricain d’origine issu des deux parents eux-mêmes centrafricains d’origine et ne doit que posséder la seule nationalité centrafricaine. Cette disposition a suscité des craintes parmi les musulmans centrafricains qui estiment qu’elle vise à les exclure des sphères de pouvoir de leur propre pays.
Lors de la réunion au quartier KM5, les membres de la communauté musulmane ont exprimé leur inquiétude face à cette disposition qu’ils considèrent comme une stratégie délibérée pour les évincer des postes clés et les priver de la possibilité de briguer la fonction présidentielle. Les critiques soutiennent que cela va à l’encontre des principes d’égalité et d’inclusion, et remet en question l’engagement du gouvernement envers la diversité et la représentation équitable de toutes les communautés au sein de l’État.
Des erreurs dans le projet constitutionnel :
Face aux inquiétudes grandissantes, le ministre Maxime Balalou a admis que le projet de la nouvelle constitution comporte des erreurs très importantes. Cependant, il a rassuré que ces problèmes seraient corrigés après le vote et l’adoption de la nouvelle constitution par le Président Faustin Archange Touadera.
Néanmoins, les Imams et autres responsables religieux présents à la réunion ont exprimé leur scepticisme quant à cette approche. Ils ont souligné que la constitution ne peut être traitée comme un simple journal en ligne, comme corbeaux news, à corriger aisément, et qu’il est essentiel de suivre des procédures appropriées pour apporter des modifications constitutionnelles. Ils ont émis des doutes quant à l’efficacité de la correction post-référendum et ont demandé des garanties plus solides concernant la protection des droits et des intérêts de la communauté musulmane.
L’appel à ne pas voter le 30 juillet :
Face à la méfiance croissante envers le projet constitutionnel, l’ancien ministre conseiller à la présidence, Aboulkassim Algoni Tidjani Nourene, a lancé un appel énergique à la communauté musulmane de Centrafrique. Il a exhorté les musulmans centrafricains à ne pas aller voter le 30 juillet 2023, considérant cette date comme un moment charnière pour l’avenir de leur communauté. Il a appelé également à un boycott pacifique de la rencontre avec le Président de la République le 26 juillet prochain pour protester contre ce qu’il perçoit comme une exclusion délibérée de la communauté musulmane dans les sphères de pouvoir.
Il y’a lieu de rappeler que le débat sur la nouvelle constitution en République centrafricaine est loin d’être clos. La question de la centrafricanité et son impact sur l’inclusion des musulmans dans les postes de responsabilité et la possibilité de briguer la fonction présidentielle continue de susciter des inquiétudes. Alors que le ministre Balalou a admis des erreurs dans le projet constitutionnel, la communauté musulmane reste sceptique quant à l’efficacité de ces corrections. Le boycott proposé par l’ancien ministre conseiller ajoute une nouvelle dimension à cette controverse et soulève des questions sur l’avenir politique et social de la République centrafricaine.