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Corridor Douala-Bangui : un camionneur peut dépenser jusqu’à 225 000 FCFA dans les contrôles en un aller-retour

Publié le mardi 25 juillet 2023  |  letsunami.net
L’USCC
© Autre presse par DR
L’USCC suspend les activités et demande le renforcement de la sécurité sur le corridor Bangui Garoua-Boulaï
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(Investir au Cameroun) – Un voyage en aller-retour entre Douala, la capitale économique du Cameroun, et Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), coûte en moyenne 64 000 FCFA aux camionneurs desservant ce corridor pour passer les contrôles routiers, contre 225 000 FCFA au maximum. Selon les chiffres révélés par l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) sur les principaux corridors de l’Afrique centrale, financé par l’Union européenne (UE), ces dépenses sont de seulement 22 941 FCFA en moyenne sur le corridor Douala-Ndjamena, qui ouvre sur la capitale du Tchad, contre un maximum de 126 000 FCFA.

Fort de ces données, l’OPA conclut que « les contrôles sur le corridor Douala-Bangui (1 435 km) demeurent plus coûteux que sur le tronçon Douala-N’Djamena (1 934 km), bien que ce trajet soit plus court (400 km de moins) ». Mieux, cet organe, financé par l’UE pour aider à fluidifier le transport sur les corridors en Afrique centrale, fait remarquer « les contrôles y coûtent en moyenne près de trois ou quatre fois plus chers que ceux du corridor Douala-N’Djamena. Corrélativement, tous les 100 kilomètres, les contrôles coûtent en moyenne beaucoup plus chers sur le corridor Douala-Bangui que sur le corridor Douala-N’Djamena, à l’aller comme au retour ». Et l’enquête que vient de publier l’OPA de préciser que « de manière générale, quand on interroge les acteurs des corridors d’Afrique centrale, les paiements liés au contrôle sont les principales pratiques anormales des plus décriées sur ces corridors ».

Bien que l’enquête précise que sur le corridor Douala-Bangui, les dépenses effectuées par les camionneurs aux postes de contrôle soient en rapport avec des « frais illicites », les « frais de convoi » des camions par l’armée (50 000 FCFA) en raison de l’insécurité en RCA, ou encore les frais de douane du fait de marchandises supplémentaires transportées par les camionneurs en dehors des marchandises déclarées en transit, les syndicats des transporteurs soutiennent que ces paiements représentent pour la plupart les pots-de-vin. Ces bakchiches, apprend-on, sont automatiquement versés aux policiers, gendarmes, agents de sécurité routière et autres douaniers qui essaiment sur les corridors.

175 milliards de FCFA de pots-de-vin

Par exemple, dans un rapport révélé en 2018, les syndicats des transporteurs empruntant le corridor Douala-Ndjamena avaient estimé à 175 milliards de FCFA le montant des pots-de-vin versés chaque année par les 78 000 camions actifs sur cette route, aux différents postes de contrôle alors dénombrés sur ce corridor. Et que ce soit sur le corridor Douala-Ndjamena ou sur le corridor Douala-Bangui, le plus gros de ces tracasseries empreintes de rançonnement, qui plombent et renchérissent les échanges commerciaux entre ces différents pays, se trouve du côté camerounais.

En effet, révèle l’enquête de l’OPA, « sur le corridor Douala-N’Djamena, le plus long (1 934 km sur le trajet fonctionnel actuellement qui passe par Touboro et Moundou), depuis le 1er trimestre 2022, les observateurs de l’OPA ont noté 93 points d’arrêts potentiels, dont 61 sont des postes/points de contrôle. Parmi les postes de contrôle identifiés, 57 sont situés sur le territoire camerounais (sur 1 339 km) contre 04 sur le territoire tchadien (sur 590 km). Quant au corridor Douala–Bangui (long de 1 435 km), on dénombrait 80 points d’arrêts dont 57 postes de contrôle, dont plus de 40 du côté du Cameroun ».

Sur la foi de ces chiffres, force est de constater que sur le corridor Douala-Ndjamena, alors que la République du Tchad installe un poste de contrôle de la police, de la gendarmerie ou de la Douane tous les 147,5 km, le Cameroun, lui, en dispose un tous les 18 km. Sur le corridor avec la RCA, la locomotive économique de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) compte carrément un peu plus de 70% des postes de contrôle recensés sur ce tronçon routier transfrontalier. Pis, nombre de ces postes de contrôle sont souvent irréguliers.

Des postes de contrôle souvent irréguliers

De ce point de vue, l’on se souvient que dans une lettre adressée le 6 avril 2022 à son homologue en charge de l’Administration territoriale, le ministre camerounais de la Défense (Mindef) révèle que suite à des dénonciations faisant état d’une multitude de postes de contrôle sur le corridor Douala-Ndjamena, ses services ont mené des enquêtes. Cette investigation a permis de répertorier du côté camerounais 66 postes de contrôle, dont 39 postes irréguliers et 27 postes de contrôle mixtes réguliers. « Cette multiplicité des postes, qui constitue un véritable calvaire pour les usagers de cet axe routier, est souvent prescrite par certaines autorités administratives locales (sous-préfets, préfets, gouverneurs) », avait révélé Joseph Beti Assomo.

En tout temps, la multiplication des postes de contrôle sur les corridors en Afrique centrale, qui constitue un frein au commerce intra-communautaire, a toujours été décriée. Mais, il n’a jusqu’ici jamais été résorbé, malgré l’existence de mesures institutionnelles qui n’attendent que leur mise en œuvre. C’est le cas du Programme régional du transit adopté depuis 2006 par les pays de la Cemac. Ce programme, dont l’OPA est l’une des émanations, apprend-on officiellement, a pour objectif de faire respecter le nombre de postes de contrôles à 5 check-points sur le corridor Douala-N’Djaména, contre 3 sur Douala-Bangui.

Parmi les mesures qui tardent à être mises en œuvre, l’on peut également citer le déploiement des brigades mixtes de la Cemac, dont l’OPA recommande l’accélération.

Brice R. Mbodiam
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