Tout d’abord, il est difficile de ne pas percevoir un certain décalage entre les aspirations grandioses énoncées dans le communiqué et la réalité économique actuelle de la République Centrafricaine. La mise en place d’une infrastructure blockchain complexe et innovante semble déconnectée des défis plus pressants tels que la pauvreté, l’instabilité politique et la faiblesse des infrastructures de base. Plutôt que de concentrer les ressources et l’effort sur des initiatives susceptibles d’améliorer directement la vie des citoyens, le gouvernement se lance dans une entreprise technologique coûteuse et potentiellement inefficace.
En outre, les affirmations selon lesquelles la République Centrafricaine deviendrait un leader mondial dans le paysage financier grâce à cette initiative soulèvent des doutes quant à la compréhension réaliste de la situation économique mondiale. Les marchés financiers mondiaux sont hautement compétitifs et complexes, et il est naïf de penser que l’adoption de la technologie blockchain permettra automatiquement à la nation de prendre une place de premier plan.
La référence à la “tokenisation des ressources naturelles et foncières”, présentée comme une avancée législative révolutionnaire, soulève également des questions. Les ressources naturelles et foncières sont des biens précieux qui nécessitent une gestion responsable et éthique. L’utilisation de la technologie blockchain pour les “tokeniser” pourrait potentiellement entraîner des conséquences néfastes pour les communautés locales et l’environnement, en favorisant une exploitation accrue au détriment de la durabilité et de la justice sociale.
Enfin, l’accent mis sur la facilité de création d’entreprises et d’obtention de visas en ligne pour les étrangers peut laisser penser que le gouvernement privilégie les intérêts extérieurs aux dépens de ceux de ses propres citoyens. Plutôt que de concentrer les efforts sur la promotion de l’entrepreneuriat local et la création d’emplois pour les habitants, cette approche pourrait potentiellement fragiliser davantage l’économie locale.
Rappelons que le communiqué de la Présidence de la République Centrafricaine semble davantage refléter une quête de prestige international que de véritables efforts pour résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays. L’adoption de la technologie blockchain ne devrait pas être considérée comme une panacée universelle, mais plutôt comme un outil parmi d’autres dans une stratégie économique globale. Il est impératif que le gouvernement s’engage dans une analyse plus réaliste et équilibrée des priorités nationales avant de s’embarquer dans des initiatives aussi audacieuses et coûteuses.