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Message à la nation de son excellence le professeur Faustin Archange Touadéra, Président de la République, chef de l’Etat Président en exercice de la CEMAC

Publié le jeudi 31 aout 2023  |  Présidence
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© Autre presse par Dr
Message à la nation de son excellence le professeur Faustin Archange Touadéra à l’occasion de la promulgation de la nouvelle constitution de la république centrafricaine
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Message à la nation de son excellence le professeur Faustin Archange Touadéra, Président de la République, chef de l’Etat Président en exercice de la CEMAC à l’occasion de la promulgation de la nouvelle constitution de la république centrafricaine

Bangui, 30 Août 2023

Hémicycle de l’Assemblée Nationale

- Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
- Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
- Messieurs et Mesdames les Membres du Gouvernement ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique ;
- Mesdames et Messieurs les Responsables des corps constitués de l’Etat ;
- Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
- Mesdames et Messieurs les Présidents des Partis, Associations, Mouvements politiques et Responsables des Organisations de la société civile ;

- Monsieur le Directeur National de la campagne référendaire ;
- Distingués invités ;

- Mesdames et Messieurs ;
- Mes très chers Compatriotes ;

Je voudrais, avant toute chose, remercier et louer Dieu, Maître des temps et des circonstances, pour ce jour nouveau qui se lève sur la République Centrafricaine et sur son peuple.

A l’aurore de ce jour nouveau, dont chacun d’entre nous mesure la portée qu’il revêt pour lui-même et pour notre pays, j’implore sa miséricorde et ses bénédictions sur chacun de nous et sur notre pays.
Je prie l’Éternel Dieu, Père céleste, de guider, par le mystère de sa divine providence, nos pas et d’éclairer nos pensées, au moment où nous entrons dans la 7ème République.

Je le prie également de débloquer toute situation difficile actuelle ou à venir ; de briser le cycle infernal de la violence, de la haine, de la trahison et de la discorde, afin que nous puissions vivre enfin dans la paix, la sécurité, la concorde et envisager sereinement, dans l’amour et la fraternité, l’avenir de notre pays.

Que le Dieu Tout-puissant nous donne, en toute circonstance, la force de nous pardonner mutuellement, d’être des artisans et ambassadeurs de la paix pour notre pays et pour le monde et de travailler avec zèle, discernement et consécration à l’œuvre de pacification et de développement de notre pays.

Mes très Chers Compatriotes ;

Depuis plusieurs décennies, la République Centrafrique, notre pays en partage, est confrontée aux défis énormes qui l’ont maintenue dans la situation de pays le plus pauvre du monde, en dépit de ses innombrables ressources naturelles.

Ces défis, vous les connaissez bien : défis relatifs à la sécurité, à la paix, au faible niveau de développement, à la pauvreté endémique, au chômage des jeunes, à l’absence d’autonomisation des femmes, à la dégradation du système éducatif et sanitaire, à l’absence d’infrastructures socio-économiques de base, à l’accès à une justice équitable, à la mauvaise gouvernance, à la dégradation de l’environnement etc.

Ces défis combinés ont entraîné l’instabilité des institutions, les coups d’Etat à répétition, les rébellions, les mutineries, les grèves et la déliquescence des forces de défense et de sécurité, la faiblesse de l’économie nationale, la culture de la violence et les pillages de nos ressources naturelles.

Nous avons adopté plusieurs Constitutions pour tenter d’apporter des solutions aux causes profondes des crises récurrentes.

Cependant, inspirées de modèles étrangers à nos réalités, celles-ci n’ont pas apporté suffisamment de solutions aux différentes causes qui ont provoqué l’effondrement de notre pays.
Notre pays a également organisé plusieurs forums sur la paix, la sécurité et le développement qui n’ont jamais procuré les résultats escomptés.

Pourtant, pour difficiles et impressionnants qu’ils puissent paraître, ces défis ne sont pas insurmontables.

Depuis 2016, le peuple centrafricain a décidé d’opérer une rupture avec les systèmes qui génèrent l’instabilité et reproduisent la pauvreté.

Dès mon investiture à la magistrature suprême de l’Etat, le 30 mars 2016, j’ai clairement indiqué ma ferme volonté de marquer de façon irréversible, l’indispensable rupture pour créer les conditions idoines au développement de notre pays.

A cet effet, j’ai instruit les gouvernements successifs d’élaborer et de suivre des programmes de réformes afin d’apporter des solutions urgentes, mais surtout pérennes, aux aspirations profondes et légitimes de notre peuple.

Ces réformes audacieuses ont produit des résultats satisfaisants, au regard du contexte national marqué par l’embargo sur les armes, les diamants, la suspension de l’aide budgétaire et l’insécurité ainsi que du contexte mondial marqué par des chocs climatiques, des tensions géopolitiques et des défis financiers, énergétiques, sanitaires et alimentaires sans précédent.

Mes très Chers Compatriotes ;

Un jour nouveau se lève sur la République Centrafricaine !

Oui, un jour nouveau se lève, une nouvelle ère pleine d’espérance s’ouvre à nous désormais.
En effet, je viens de signer, ce 30 août 2023, avec beaucoup de fierté et d’espoir, le décret portant promulgation de la Constitution de la République Centrafricaine.

L’entrée en vigueur de cette nouvelle Constitution marque l’heureux aboutissement d’un processus véritablement historique par lequel vous avez, avec une majorité pleine d’enseignement, d’engagement et de signification, doté notre pays d’une nouvelle loi fondamentale.

En cet instant précis, ma pensée va d’abord au Peuple centrafricain, qui s’est levé comme un seul homme, le 30 juillet 2023, pour surmonter les divergences existantes qui ont été pendant longtemps à l’origine des crises sanglantes et du grand retard accusé dans le développement de notre pays.
Permettez-moi de féliciter le Gouvernement qui, en dépit des difficultés de trésorerie, a su mobiliser les ressources domestiques nécessaires au financement du référendum constitutionnel.

C’est la preuve que nous pouvons assumer pleinement notre souveraineté, quand les circonstances nous l’exigent, grâce à la mobilisation et à la gestion transparente et rigoureuse de nos ressources propres.

Je ressens, ensuite, le besoin de remercier et féliciter l’Autorité Nationale des Elections, les Partis, Mouvements et Associations politiques, la Société civile, les Syndicats, les Organisations des Femmes et de la Jeunesse, les Forces de Défense et de Sécurité, les forces alliées russes et rwandaises, pour l’excellente qualité d’organisation et de sécurisation de ce référendum constitutionnel.

Je tiens également à remercier la MINUSCA et tous nos partenaires pour l’accompagnement du processus de stabilisation et de reconstruction de notre pays.

M’adressant à Monsieur le Directeur National de Campagne référendaire et aux Membres de la Direction Nationale de Campagne, je voudrais, au moment où je reçois le Rapport général de votre mission, vous réitérer mes remerciements d’avoir accepté la lourde et délicate mission nationale que la République vous a confiée et vous féliciter pour les résultats obtenus, dans des conditions difficiles.
En effet, le bon déroulement de la campagne référendaire et du vote, dont les résultats définitifs ont été validés et proclamés par la Cour Constitutionnelle dans sa Décision du 21 août 2023, notamment le taux de participation historiquement élevé (57,23%) et le taux très élevé de Oui (95,3%) qui nous ont valu les félicitations de la mission d’observation de la CEEAC et du Collectif des Organisations et Observateurs de la société civile, quoique traduisant le sens accru du devoir civique de nos Concitoyens, reflètent le niveau élevé de votre abnégation et de votre culture du résultat.

Je voudrais également remercier tous les amis de la République Centrafricaine et tous ceux qui, à mes côtés ou dans l’anonymat, ont contribué à l’avènement de ce jour nouveau.
Mes très Chers Compatriotes,

Cette Constitution marque notre entrée dans la 7ème République.

Ce chiffre 7 doit nous interpeller. En effet, le chiffre 7, reconnu pour sa richesse symbolique, évoque, entre autres, la présence divine, l’unité parfaite, la perfection, la plénitude.
En adoptant massivement et souverainement par référendum le 30 juillet 2023 la nouvelle Constitution de notre pays, vous avez voulu réaffirmer notre souveraineté nationale et privilégier la défense des intérêts suprêmes de notre pays.

Par ce plébiscite, vous avez voulu protéger notre patrie contre tout conflit d’intérêt qui pourrait affecter, dans sa plénitude et son intégrité, l’exercice de la magistrature suprême de l’Etat.
Par ce plébiscite, vous avez réaffirmé votre mobilisation autour des valeurs cardinales de notre société, à savoir l’Unité, la Dignité et le Travail.

Par ce plébiscite, vous avez décidé d’élargir la charte des droits fondamentaux de l’Homme pour une jouissance effective, par tous les Centrafricains, de toutes les libertés consacrées.
Mes très Chers Compatriotes,

La campagne électorale est terminée. Le peuple centrafricain a tranché. La Constitution est promulguée. Elle s’impose à tous !

Nous devons tous nous soumettre à la volonté souveraine du peuple, car c’est cela la démocratie.
Je peux trouver une excuse à tous les esprits précautionneux qui ont nourri des doutes sur l’avènement d’une nouvelle Constitution.

Oui, certains concitoyens sont malheureusement enclins à servir à la fois deux Maîtres : la République Centrafricaine et les puissances étrangères, au point où il leur est difficile de regarder au-delà du passé et oser se lancer vers de nouveaux horizons.

La réforme de l’Etat est un processus permanent. La Constitution que je viens de promulguer n’est pas parfaite, loin s’en faut ! Il s’agit d’une œuvre humaine, donc perfectible de génération en génération.

Mes très Chers Compatriotes,

De nouveaux défis mondiaux se révèlent chaque jour et notre pays n’est pas à l’abri des conséquences des bouleversements de l’ordre mondial.

Aujourd’hui, en Afrique comme ailleurs, des conflits, symptômes des tensions géopolitiques et géostratégiques qui divisent les grandes puissances, dont Dieu seul connaît les répercussions, sont ouverts.

Notre pays, doté d’immenses ressources naturelles, est toujours en proie à des convoitises permanentes et des velléités hégémoniques de certaines puissances occidentales qui se traduisent par des embargos et des sanctions économiques illégitimes.

Il nous fallait donner une nouvelle impulsion à notre politique internationale, diversifier notre coopération, inventer des solutions pour éviter d’être entraînés dans des compétitions entre puissances mondiales.

Notre pays doit continuer à plaider pour un multilatéralisme inclusif, pour une croissance mutuellement accélérée, pour un ordre mondial équilibré et pour que les différends mondiaux soient relevés en mettant un accent particulier sur la paix, la sécurité internationale, le respect de la souveraineté de chaque Etat, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le développement de chaque Etat.

Mes très Chers Compatriotes ;

Depuis 2016, je me suis toujours employé à trouver une solution pacifique, par le dialogue direct et sincère, à la longue crise qui a endeuillé nos populations, car et comme je l’ai toujours affirmé, la paix n’a pas de prix.

C’est dans ce sens que j’ai signé l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR), avec les 14 groupes armés, le 6 février 2019, la Feuille de Route Conjointe de Luanda et le cessez-le-feu unilatéral.

J’ai espéré que tous les groupes armés signataires auraient cette même attitude envers la République.

Hélas, certains se sont laissé entraîner dans une nouvelle aventure sans lendemain.

La nouvelle Constitution recèle fort heureusement des outils qui, combinés avec l’APPR et la Feuille de Route Conjointe de Luanda, ouvrent une perspective certaine de dépassement des crises successives que nous avons vécues par la réalisation de solutions politiques durables de nature à réconcilier définitivement les filles et fils de notre pays.

A cet effet, je compte bâtir sur les avancées déjà engrangées dans l’exécution du chronogramme gouvernemental, y compris l’appropriation locale du processus de paix et les programmes en cours de réalisation, pour renforcer l’engagement de toutes les parties prenantes, afin de parachever la mise en œuvre, aussi bien de l’APPR que de la Feuille de Route Conjointe de Luanda, pour la paix et la réconciliation.

C’est le lieu d’exprimer toute ma satisfaction quant au processus de dissolution des groupes armés, entamé dans le cadre de l’APPR avec neuf (9) entités qui y ont souscrit, dans le but d’apporter leurs contributions à notre quête permanente d’une paix définitive dans notre pays.

En ce jour historique où nous entrons dans la 7ème République qui a vocation à mettre fin à l’impunité, à promouvoir les principes d’équité, de justice et de respect des droits de tous, j’en appelle à tous les groupes armés qui ne l’ont pas encore fait, à emprunter cette voie politique de règlement pacifique et définitif de nos préoccupations et controverses majeures, car, il n’y aura aucune autre alternative plus crédible.

Demain, il sera trop tard car dans cette nouvelle République, il n’y aura plus de places pour les criminels, les fossoyeurs de la République, les traitres et agents doubles, sans oublier ceux qui pillent et détournent les biens et fonds publics.

Par ailleurs, je voudrais saisir cette occasion, pour rappeler qu’au-delà de la Constitution, notre politique nationale de décentralisation est à la fois une aspiration profonde du peuple centrafricain et une composante essentielle de l’APPR et de la Feuille de Route Conjointe de Luanda.

Ainsi, comme nous l’avons promis, je voudrais relever tous les efforts déjà entrepris par l’A.N.E, avec le soutien de l’assistance technique internationale, qui nous a permis de réévaluer le calendrier électoral et d’adopter un nouveau chronogramme qui prévoit désormais la tenue des élections locales pour le mois d’octobre 2024.

Il s’agit pour nous, d’une étape fondamentale dans notre marche vers l’ancrage local de la démocratie, la promotion de la gouvernance participative et du développement local.
C’est en cela que nous voulons ces élections locales inclusives, transparentes, pacifiques et crédibles.

J’exhorte tous nos partenaires à soutenir le Gouvernement pour l’achèvement du processus électoral si bien entamé.

Mes très Chers Compatriotes ;

La 7ème République se veut révolutionnaire.

Elle ne sera pas ouverte à tous ceux qui pensent que les responsabilités publiques et les hautes positions politiques sont des opportunités d’enrichissement et du profit personnel, au détriment de la population.

Elle a besoin d’une justice réellement juste, des acteurs judiciaires honnêtes, moralement et professionnellement irréprochables pour éradiquer l’impunité, la corruption, les détournements des deniers et biens publics qui privent l’Etat des moyens de répondre aux besoins sociaux et de développement de notre pays.

La 7ème République a besoin davantage des forces de défense et de sécurité républicaines, professionnelles, disciplinées, équipées, ayant le sens de sacrifice suprême pour garantir l’intégrité du territoire et assurer la libre circulation des personnes et des biens, ce à quoi nous nous attelons depuis le 30 mars 2016.

La 7ème République met un accent particulier sur la valeur du travail, de l’effort individuel et collectif, du mérite, comme conditions d’épanouissement personnel et collectif.

Cette nouvelle République est celle qui reconnaît la place et la valeur de la femme et de la jeunesse dans la gestion de la Nation et les implique à tous les niveaux de responsabilité.

La 7ème République a besoin de votre génie, le génie centrafricain ; elle a besoin de rassembler toutes les énergies, les compétences et les intelligences pour se construire.

Je dois enfin vous assurer, mes très chers Compatriotes, que toutes les réformes voulues dans le cadre de cette nouvelle Constitution, seront progressivement et méthodiquement engagées afin de répondre à vos attentes légitimes.

A cet effet, j’invite toutes les Centrafricaines et tous les Centrafricains de l’intérieur comme de l’étranger, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, à se joindre à moi pour qu’ensemble, nous puissions construire l’avenir de notre pays.

Ensemble, unis et soudés dans le travail et la concorde nationale, nous triompherons et briserons la chaîne de la pauvreté.

Mobilisons-nous donc pour changer de cap et bâtir un Centrafrique nouveau où il fera bon vivre pour tous !

Vivre la 7ème République Centrafricaine !

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !

Je vous remercie !
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