Début septembre, les autorités centrafricaines avaient lancé l’opération de démantèlement de barrières illégales et de suppression de certains services sur les barrières légales. Mais des plaintes continuent d’être enregistrées, même si les autorités mettent en garde les porteurs de tenue qui persisteraient dans les rackets.
D’abord, sur l’axe routier qui contourne la colline de Bas-Oubangui, les habitants de Landja-Mboko se plaignent de ce qu’ils subissent sur la barrière de Poumalé dans le 9ème arrondissement de Bangui. Selon les usagers de cet axe, les militaires qui sont sur cette barrière exagèrent dans les formalités et leur extorquent de fonds.
"Quand nous allons vendre nos marchandises à Mboko-Sendimba, parce que c’est nous qui ravitaillons ce village, les militaires en poste sur la barrière, ne nous facilitent pas la tâche. Ils nous demandent de payer des taxes sur chaque marchandise. Parfois, ils nous retiennent une ou deux heures. Cela nous empêche de circuler librement", s’est plainte Cynthia, une commerçante.
Sur la barrière, la police, la gendarmerie, des éléments de la garde présidentielle et ceux du service des eaux et forêts effectuent des contrôles. Selon les passants, ces forces de l’ordre imposent des formalités à toutes les couches sociales.
"Il y a des gens qui viennent des villages environnants. Ils paient des taxes sur les balaies, le charbon. Même aux transporteurs de sable, ces militaires soutirent de l’argent, témoigne Florentin, un conducteur de moto. Je dispose d’un permis de conduire et la carte grise de ma moto, poursuit-il. Malgré tout, ces militaires me demandent de payer 1.000 francs CFA. Tout cela pourquoi" ? s’interroge cet usager de route.
Lors du dernier découpage administratif, la circonscription de Bimbo 5 a été érigée en 9ème arrondissement de Bangui. La population s’interroge, pourquoi une barrière dans un arrondissement. Les autorités locales demandent le démantèlement pur et simple de cette barrière.
Alléger la souffrance de la population
"Le premier ministre Félix Moloua est en train de démanteler les barrières qui ont été érigées illégalement. Nous demandons l’appui du gouvernement pour qu’il puisse songer à cette paisible population du 9ème arrondissement qui est en train de souffrir", a plaidé Jean De Dieu Mandaba, ancien député de Bimbo 5.
Les éléments qui tiennent cette barrière parlent eux, d’un poste de contrôle et non d’une barrière. Ils ne se reconnaissent pas dans les accusations de racket sur les usagers.
De l’axe Mbaïki
Plusieurs conducteurs de moto rencontrés par Radio Ndeke Luka évitent parfois d’emprunter la route de Mbaïki à cause de multiples formalités qu’ils jugent illégales. "Commençant par les motorisés, il y a trop de formalités. Au niveau de la barrière de Sékia, c’est la même chose. Nous disposons des documents que notre bureau nous a confectionnés. Mais lorsqu’on leur présente cela, ils refusent. Ils nous imposent les formalités de 500 f. Est-ce que le gouvernement a au moins l’œil sur cet axe ? " s’est lamenté Christopher, un conducteur de moto qui vient de Bombabia.
Sur une barrière occasionnelle à Sékia à 20 km de Bangui, certains porteurs de tenue extorquent de fonds sur les conducteurs de motos et parfois sur des passants, selon des témoignages. Un conducteur de moto raconte : "Nous avons peur d’entreprendre cette route. Hier, des élèves m’ont demandé de les déposer à leur école à Yamboro. Mais, j’ai réfléchi et je me suis dit, avec les formalités qu’est-ce que je vais gagner ? J’étais obligé de les abandonner pour faire demi-tour".
Une habitante du village Gbokila rencontrée quelques mètres après traversé cette barrière de Sékia, témoigne avec une mine serrée qu’elle avait été maintenue quelques temps par ceux qui tiennent cette barrière. "Ce matin, lorsqu’on partait à Bangui pour une activité religieuse, ils nous ont arrêtés pour vérifier nos pièces. Et puisqu’on n’en dispose pas, ces policiers nous ont demandé de l’argent. On leur a dit qu’on en avait pas aussi. Et ils nous ont traité d’"étranger"".
L’opération de démantèlement des barrières illégales se poursuit. Cette opération beaucoup plus orientée vers l’axe Boali doit être élargie et pérennisée sur toutes les routes du pays pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes.