Des membres de l’Ensemble artistique national dénoncent le détournement d’une partie de leurs indemnités. Ils pointent du doigt certains cadres du ministère du Tourisme, des Arts et de la Culture. Selon ces artistes, les indemnités qu’ils perçoivent ne reflètent pas ce que l’Etat verse mensuellement.
L’affaire a éclaté en novembre dernier mais alimentait les débats en coulisse. Alors que les artistes totalisaient 4 mois d’arriérés d’indemnités, le gouvernement a décidé d’en payer 2. Non pas par le truchement du ministère du Tourisme, des Arts et de la Culture, mais à travers les services du ministère des Finances.
Le jour du paiement, les concernés ont remarqué sur la fiche de paie une grande différence sur le montant versé. Ceux qui percevaient 60.000 francs CFA se retrouvent avec 80.000 francs et ceux qui touchaient 80.000 francs perçoivent 120.000 francs CFA. Comment expliquer une telle différence ?
« C’est un détournement »
« Il y a une grande différence. Si on n’a pas reçu la totalité de cette somme, c’est un détournement. C’est pourquoi nous demandons d’abord au gouvernement d’ouvrir les yeux sur tout ce qu’il se passe au ministère du Tourisme. Ce n’est pas normal », s’alarme Nina Darnaye, encadreuse au sein de l’Ensemble artistique national.
Pour de nombreux artistes concernés, il s’agit bel et bien d’un détournement orchestré par le ministère du Tourisme, des Arts et de la Culture depuis la mise en place de l’Ensemble artistique national, l’an dernier. Certains y voient une entrave aux efforts du gouvernement visant à relever le secteur culturel et artistique.
« Lorsque quelqu’un s’engage, travaille et que l’autre arrive pour couper voire détruire, ce n’est pas bien », déplore Kaïda Monganga, un des encadreurs.
Interrogé sur la question, le directeur du cabinet par intérim du ministre du Tourisme, des Arts et de la Culture n’a pas souhaité commenter ces accusations. Toutefois, David Toukia a indiqué que les indemnités de l’Ensemble artistique national sont une subvention du gouvernement. Ainsi, chaque ministère gère les subventions à sa manière.
Face à cette affaire, qui suscite encore la colère de nombreux artistes, certains bénéficiaires proposent la bancarisation du paiement. Alors qu’un flou entoure le dossier, certains cadres de l’Ensemble artistique national se désolidarisent des autres.
« Tous ces propos n’engagent pas la responsabilité de l’Ensemble artistique national. Les auteurs de ces affirmations sont responsables de leurs dires », martèle Auguste Gbogbo, un encadreur.
Pour certains promoteurs culturels, les responsabilités doivent être déterminées. « Qu’est-ce qui se passe exactement au niveau du ministère des Arts et de la Culture ? Qui fait quoi à la place de qui ? Pour moi, je pense qu’à un moment donné, chacun de nous doit prendre ses responsabilités », affirme Yvon Eka, conseiller économique en matière des Arts et de la Culture.
Plusieurs rencontres auraient eu lieu entre les artistes et le ministère pour étouffer l’affaire. Au sortir de ces échanges, assortis de menaces et intimidations, certains cadres de l’Ensemble artistique national se seraient rétractés au profit d’une solution négociée et concertée avec le département de tutelle.
L’Ensemble artistique national a été créé en juillet 2021 par un décret du président de la République. Il est composé d’au moins 200 membres, dont des artistes chanteurs, comédiens, danseurs et leurs encadreurs.