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Centrafrique : la population de la Nana-Mambéré prise au piège de l’insécurité

Publié le mercredi 27 decembre 2023  |  Radio Ndeke Luka
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© Reuters par Siegfried Modola
Des combattants de l`ex-Seleka dans les rues de Bangui
Lundi 27 janvier 2014
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L’insécurité persiste dans la préfecture de la Nana-Mambéré malgré le déploiement d’un nombre important de militaires. Si des hommes armés sont pointés du doigt dans la plupart des exactions, l’armée et ses supplétifs russes ne sont pas en marge de ces faits.

La situation sécuritaire reste volatile dans la préfecture de la Nana-Mambéré où est basé l’Etat-major de la Zone de défense du Nord-Ouest. Selon de nombreux habitants interrogés par Radio Ndeke Luka, il ne se passe pas une seule semaine sans que des hommes en treillis commettent des exactions sur des civils.

Plusieurs kidnappings d’artisans miniers ont été enregistrés dans la sous-préfecture de Abba, frontalière avec le Cameroun. Pour illustration, cinq (5) exploitants miniers chinois ont été enlevés, mi-novembre 2023, par des hommes armés au village Lami. Ils ont été libérés un mois plus tard, mais l’on ignore toujours l’identité de leurs ravisseurs.

En novembre, un commandant de la gendarmerie, son neveu et son garde du corps ont été froidement abattus par des hommes armés non loin de Baoro sur l’axe Carnot. La femme de l’officier, qui se trouvait à bord du véhicule visé par les tirs, succombera de ses blessures quelques jours plus tard à l’hôpital de Bouar. Des enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur ce meurtre et d’après certaines sources, plusieurs personnes, dont des militaires, ont été interpellées.

Des habitants locaux rapportent que le 8 décembre, au village Ndakaya, situé à 30 km de Bouar sur l’axe Bocaranga, des hommes armés ont ouvert le feu sur un contingent de la Minusca en patrouille. Les tirs ont fait fuir de nombreux civils en brousse.

Des Faca et leurs alliés pointés du doigt

En plus des exactions commises par des rebelles et autres bandes de malfrats, de nombreux témoignages accablent les alliés russes de l’armée nationale. Conducteurs de taxis-brousses, opérateurs économiques et praticiens de petits commerces dénoncent, tous, le comportement violent de ces militaires sur le corridor Bouar-Garoua-Boulaï.

A en croire ces personnes, les soldats russes fouillent systématiquement les véhicules des particuliers, saisissent les paquets de liqueurs en sachet, dont la vente est interdite sur le territoire centrafricain, et les revendent à d’autres commerçants. Ces derniers ont été plusieurs fois dans la localité de Ngaïdoua, située à 30 km de Bouar axe Baoro où ils ont tiré en l’air pour intimider les habitants à dénoncer les hommes armés qui se seraient cachés dans la localité. Selon les autorités de Ngaïdoua, l’école, le centre de santé et les commerces ont fermé leurs portes suite à ce climat peu rassurant.

Le 16 décembre 2023, une dizaine d’éléments des Faca se sont rendus dans le village Dikofio où, profitant de fouilles des maisons, ont emporté des biens appartenant aux villageois. Mais d’après nos sources, ces militaires ont tous été arrêtés et remis à la justice militaire.

Mutisme des autorités locales face aux plaintes

Les autorités de Bouar sont impuissantes face à cette impasse sécuritaire. Il est difficile pour ces dernières de prendre leurs responsabilités car elles sont confrontées à des difficultés de plusieurs ordres : d’abord, il y a une barrière linguistique qui se pose car les éléments russes ne sachant parler ni le français, ni le sango, langues officielles du pays. Ensuite, le mutisme masqué par la peur de perdre leurs postes. Même si les militaires russes disposent de deux (2) interprètes, parfois ils ne prêtent pas attention aux remarques des autorités locales sur certains sujets. Par exemple, le 07 décembre, ces alliés de l’armée nationale ont été dans les locaux de la gendarmerie où ils ont extirpé et torturé deux (2) ex-combattants qui ont volontairement déposé les armes. L’un a succombé sur le coup. La société civile de Bouar a décrié ce meurtre, mais le dossier est resté sans suite.

Un autre fait, c’est l’arrestation du chef de la Brigade des recherches et d’investigations de Bouar en pleine séance d’entraînement du défilé du 1er décembre. L’homme est arrêté puis transféré dans les minutes qui suivent à Bangui. Selon nos sources, ce dernier serait libéré, mais n’a pas encore regagné son poste. D’une seule voix, les autorités locales, la société civile et quelques habitants rencontrés, réclament de Bangui la dotation en moyens logistiques des Forces armées centrafricaines pour qu’elles puissent assurer la sécurité des biens et des personnes.
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