Des casques bleus de l'ONU se déploient au nord-ouest de la Centrafrique, où 23 civils ont été tués le 21 décembre dans un massacre attribué au groupe armé 3R, a-t-on appris mercredi auprès de la force onusienne.
"Le village de Nzakoundou a été la cible d’une attaque meurtrière attribuée aux éléments armés du 3R, le 21 décembre dernier, causant 23 morts parmi les civils", annonce l'ONU dans un communiqué, précisant que le village à été incendié et que le reste de la population "aurait fui vers la brousse".
Les casques bleus de Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca), dont le nombre n'a pas été précisée, "progressent en direction du village" dans le but de "renforcer la sécurité dans la zone et faciliter l'accès humanitaire à la population", détaille la mission onusienne.
Le groupe armé des 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) est l'un des plus puissants parmi une multitude de groupes rebelles ou bandes criminelles qui terrorisent la population dans ce vaste pays d'Afrique centrale.
Une enième guerre civile avait éclaté en Centrafrique en 2013, quand une rébellion dominée par les musulmans, la Séléka, a renversé le président François Bozizé, et que le camp du chef de l'Etat déchu a lancé en représailles des milices d'autodéfense à majorité chrétienne et animiste, les anti-balakas.
Les combats entre ces groupes, dont les civils ont été les principales victimes, ont culminé en 2018 avant que la guerre civile, jusqu'alors très meurtrière, ne baisse d'intensité. Anti-balakas et Séléka ont tous deux été accusés par l'ONU de crimes de guerre et contre l'humanité.
Les groupes armés issus des deux camps se sont ensuite partagé plus des deux tiers de la Centrafrique jusque début 2021.
Les 3R, des ex-Sélékas, ont rejoint la rébellion de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) qui a lancé en décembre 2020 une vaste ofensive contre Bangui pour tenter de renverser le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra.
Ce dernier a appelé Moscou à la rescousse d'une armée démunie et mal entraînée et des centaines de paramilitaires russes sont venus en renfort de centaines d'autres présents depuis 2018 pour l'aider rapidement à repousser la rébellion et d'autres groupes armés hors de la plupart des territoires qu'ils occupaient.
Sans pour autant réinstaller durablement l'autorité du pouvoir central dans certaines zones reculées du pays.
Les rebelles et gangs criminels continuent de commettre des crimes contre les civils et de harceler ça et là les forces de sécurité et leurs alliés russes - des "mercenaires" de la société privée de sécurité Wagner selon l'ONU.
Ces derniers, comme les militaires centrafricains et les groupes armés, sont régulièrement accusés par les Nations unies et des ONG internationales de crimes et exactions contre les populations.
Liée depuis 2018 à Wagner, aujourd'hui en pleine recomposition, la Centrafrique tente de diversifier ses partenariats stratégiques et discute désormais avec la société militaire privée américaine Bancrof.