Si rien n’est fait, une crise communautaire risquerait d’opposer des éleveurs à des agriculteurs dans plusieurs villages environnants de la ville de Boali. Les bétails des éleveurs détruisent les champs et cette situation crée des tensions sécuritaires dans les deux communautés.
Dans les villages Boutili, Yila et Pont S, agriculteurs locaux et éleveurs peuhls se regardent en chiens de faïence. Pour cause, les éleveurs font paître leurs bœufs dans les champs. Les habitants du village Boutili s’inquiètent.
« Les bœufs détruisent nos produits agricoles »
« Boutili n’est pas une zone d’élevage. Les autorités ont délimité la zone du PK 45 comme zone d’élevage. Mais, les éleveurs ont abandonné cet espace pour choisir nos champs pour faire paître leur bétail. Les bœufs détruisent nos produits agricoles. Sans l’agriculture, comment allons-nous vivre » s’est demandée Hermine, une habitante de Boutili.
Ces éleveurs, qui ne parlent ni français ni sango, sont souvent violents dans leurs propos et détiennent parfois des armes.
« Des Soudanais et des Tchadiens »
« Il y a une barrière linguistique entre nous et ces éleveurs. Beaucoup sont des Soudanais et des Tchadiens. Quand nous nous plaignons, ils nous grondent. Hier, aux environs de 16 heures, 12 autres sont arrivés, accompagnant seulement 8 bœufs. Quand tu alertes les militaires, ils n’interviennent pas. Au contraire, ils préfèrent racketter la population », a regretté Éric, un habitant du village Yala.
Les habitants du village Pont S appellent au renforcement du dispositif sécuritaire autour du pont. Pour eux, c’est le point de traversée des éleveurs.
« Sécuriser le pont »
« Ces éleveurs sont devenus agressifs. Lorsque leurs bœufs dévastent ton champ et que tu réagis, ils te répondent que ces animaux appartiennent au président Touadéra. Je me pose la question de savoir si ce qu’ils disent est vrai. Nous demandons la sécurisation du pont leur servant de passage », a souhaité Goliath, un habitant du village Pont S.
Ce climat de peur est aussi partagé par les autorités locales. Selon ces dernières, la stratégie sécuritaire actuelle ne répond pas au défi sécuritaire qui se pose.
3ème chef assassiné en l’espace d’un an
« Nous sommes non loin de Bogoula et c’est là-bas que les militaires sont basés, laissant la population à son triste sort. C’est la 3ème fois qu’un chef est assassiné depuis le début de cette année dans la commune de Boali. Quand les bêtes détruisent nos champs et que nous voulons nous plaindre, ces éleveurs nous agressent. Je pense pour ma part qu’ils ont d’autres intentions en tête », s’est méfié Antoine Kossinam, chef du village Yila.
Selon certains éleveurs, qui nous ont parlé sous couvert de l’anonymat, ils disposeraient d’une autorisation pour faire paître leurs bêtes dans ces localités. Cependant à Bangui, les autorités n’ont pas encore réagi à ces plaintes.