Passeport, ce document administratif qui facilite le mouvement des citoyens centrafricains à l’extérieur du pays n’est plus disponible depuis environ un trimestre. Ce sont des milliers de centrafricains en RCA et ceux de la diaspora qui sont concernés par ce problème. Mais les banques et le bureau de l’immigration, un des services du ministère de l’intérieur, n’arrêtent pas d’encaisser le paiement de 50.000fCfa des frais de délivrance du sésame et de réceptionner les dossiers .
En ce début d’année, de plus en plus de témoignages des centrafricains évoquent l’indisponibilité du passeport vierge et certains racontent leurs mésaventures. Des malades, des commerçants, des fonctionnaires, des étudiants, chacun y va de sa malheureuse expérience. Quid de la flambée du prix provoquée ; la rupture du stock du passeport devient un »business » juteux pour le service public de l’immigration et surtout pour Al-Madina, l’entreprise libanaise de délivrance du sésame. En business, le passeport se fait délivrer à partir de 100.000f Cfa.
Ainsi, une cadre, choisie pour une formation à l’étranger, a dû faire jouer ses relations pour obtenir son passeport. Dans son témoignage à @RcaAxiome, fin décembre 2023, elle a affirmé que plusieurs personnes étaient au poste de police de l’immigration pour récupérer leurs passeports déposés depuis des semaines et que la réponse différait selon la tête du demandeur, soit « espérons qu’il soit prêt », soit « rentrez chez vous, il n’y a pas de passeports vierges ! ». Bien sûr à part quelques privilégiés, qui sont servis instantanément. Le pire, c’est que certains attendent depuis plusieurs mois, sans réponse et ne sachant pas quand on va leur remettre ce document auquel ils ont droit et qu’ils doivent presque mendier pour l’avoir !
Silence radio des autorités
»Les difficultés du département de l’intérieur étant le tendon d’Achille du gouvernement centrafricain, l’évoquer en public sous-entend que les institutions de la République sont faibles », commente T.D.K, administrateur au département de la sécurité. »… Le passeport est du domaine de la souveraineté », a-t-il conclu.
Il faut dire que ce manque fait suite aux diverses pénuries qui ont touché le pays, pour les denrées alimentaires, carburant ou autres. Il s’agit d’une suite logique aux problèmes de finances publiques et une preuve de son aggravation. L’État n’étant plus capable de fournir aux centrafricains les documents officiels nécessaires. Le manque de ressources se fait sentir de plus en plus avec les pénuries qui se succèdent mais qui ne se ressemblent pas.
Si la population se prononce sur les conséquences du manque du passeport vierge dans son quotidien, le gouvernement lui, se réduit au silence. Ni l’ancien gouvernement et ni la Présidence de la République n’osent édifier le public sur le problème et comment l’État entend régler le problème dans le temps.