La démocratie, la liberté d’expression, la transparence et la volonté politique sont incontournables pour un pouvoir qui veut servir son peuple et valoriser l’image de son pays. C’est visiblement le contraire de ce qu’on a observé le samedi dernier dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Pour fêter la première année de l’arrivée au pouvoir de Mme Samba-Panza,la présidence centrafricaine a organisé une conférence de presse et a convié les autorités de la transition dans l’ordre protocolaire,les représentations diplomatiques ainsi que les responsables de la Minusca et de l’EUFOR.
La présence de l’ambassadeur de la France M. Charles Malinas, du représentant des Nations Unies M. Babacar Gueye deux acteurs qui ont une part de responsabilité dans l’enlisement de ce pays dont le sous sol regorge des ressources minières mais qui est très pauvre était du pain bénit pour les journalistes centrafricains et une occasion inédite pour ces derniers de parler des préoccupations des centrafricains.
Mais c’était sans compter sur les services de Communication de CSP qui vont mettre en place un plan d’exclusion des journalistes indépendants et capables de relever ces failles parmi lesquels le directeur de publication de Centrafrique libre et des Dernières Nouvelles.
Selon nos informations, des journalistes avaient été conviés à la présidence deux jours avant cet évènement pour s’approprier d’un langage technique politiquement correct afin de faciliter les réponses de la présidente.
Tout a donc été mis en oeuvre pour empêcher les journalistes de poser des questions qui préoccupent le peuple centrafricain. Le bilan de la présidente étant très catastrophique, il fallait donc éviter que des journalistes posent des questions sur les raisons de cet échec.
C’est dans ce contexte que les journalistes de la presse indépendante ont été les seuls à recevoir les badges d’accès à la conférence qu’aux environs de 9heures alors que ceux-ci se trouvaient sur les lieux depuis 7heures .
Les hauts responsables de la communication de la présidence ont placé un journaliste Séléka mal formé à l’entrée de la salle réservée pour cette cérémonie. Le pauvre Adiar Souleymane ancien animateur à la radio Ndèkè Luka nommé Directeur d’un service à la presse présidentielle par Djotodia veillait comme un videur devant une boîte de nuit. Faute de tâches susceptibles de le valoriser, ce dernier était chargé d’empêcher l’entrée aux journalistes très indépendants et de trier les bénis oui oui afin de ne pas gâcher cette occasion exceptionnelle.
Aux environs de 8heures M. Souleymane Adiar imbibé de la culture violente de la Séléka qui l’a consacré roi a prié d’un ton brut, arrogant et ferme les directeurs de publication de Centrafrique libre, des Dernières nouvelles et des organes qu’il juge hostiles au régime, de rentrer chez eux. Ce sanguinaire a même demandé à la Minusca d’interdire l’accès au journaliste Sebiro. Les responsables de ces journaux avaient pourtant été invités par le ministère de la communication pour participer à cette conférence de presse.
Déterminés ces derniers ont tout de même réussi à se hisser dans la salle de conférence.
Lorsqu’elle prit la parole, la présidence fait plusieurs référence à la presse qu’elle souhaite libre et démocratique, ce qui ne cadre pas du tout avec les manoeuvres malsaines de son service de communication.
D’ailleurs l’assistance a adoubé Mme Samba Panza lorsqu’elle a recadré M. Djamani conseiller en communication de tous les PM de l’ère Séléka. Modérateur de la conférence, ce dernier a monopolisé la parole en faisant une litanie d’éloges à la présidente en lieu et place d’une introduction brève. Oubliant sans doute que le service de la communication de la présidence a distribué des documents dans lesquels se trouvent les principaux thèmes du jour, le journaliste a cru mieux faire en invitant ses collègues à éviter les sujets d’actualité susceptibles de perturber la conférence. CSP en ancienne professionnelle des médias a assené suite aux tergiversations de Djamani que les questions d’actualité et mêmes celles qui pouvaient fâcher étaient les bienvenues.
Autre élément à apporter à ce triste dossier, le lapsus révélateur de Mme Montaigne,ministre Conseiller en communication à la présidence. Avant de prendre la parole, la patronne de la communication a remercié le médiateur Djamani, pardon le modérateur voulait elle sans doute l’appeler. C’est vrai que les centrafricains amnésiques ont oublié de reconduire le Haut Conseil de la médiation à l’instar de toutes les autres institutions qui existaient sous le magistère du président François Bozizé.
Notons qu’il n’y avait aucune organisation dans le choix des journalistes et des organes de presse. La logique aurait voulu qu’on choisisse les hommes et les femmes selon leurs médias. Ce n’était pas du tout le cas. Le médiateur a semblé manqué d’autorité lors de la désignation des journalistes. Non seulement il n’était pas capable de distinguer ces derniers selon les audiences de leurs journaux; il a laissé quelques uns qui bénéficient sans doute d’une complicité interne, s’emparer du micro.
Constatant que tout était joué déjà d’avance, quatre journalistes dont Wilfried M. SEBIRO s’étaient déplacés au tour du pupitre dans l’espoir de poser leurs questions. Les sbires de la communication du régimes demandent à ces hommes des médias de reprendre leur place.
Le journaliste Séléka Adiar après avoir assené à WM Sebiro qu’il n’aura pas la parole, a rejoint son collègue de la primature Djamani pour lui signifier cette exclusion d’office. Tout ce spectacle digne d’une république bananière s’est passé devant les participants et la patronne de la communication présidentielle qui semble devenir une montagne pour tous les journalistes libres.
Alors que CSP ne rate jamais l’occasion de se faire passer pour une présidente,une femme et une mère qui rassemble tous ses fils et même tous ceux qui peuvent être en désaccord avec sa politique, les actes rétrogrades du service de la Communication présidentielle démontre la nature réelle de ce régime d’exclusion.
Exclus et considérés comme des pestes au profit des soudards surarmés, choyés et privilégiés, les journalistes centrafricains doivent ils troquer leurs plumes contre les armes ou caresser le pouvoir en place pour espérer une vie meilleure?
Nous sommes bien en Centrafrique, le pays de tous les paradoxes.
Bangui,Wilfried Maurice SEBIRO