La crise centrafricaine qui a mobilisé la communauté internationale et toute son armée mondiale et arsenal devient de plus en plus complexe et l’ambiguïté se solidifie davantage, rend les autorités de transition très faibles dans leur mission. D’ailleurs, dans l’ensemble, cette mission de transition a bel et bien essuyé un échec cuisant puisque les pouvoirs publics qui n’existent qu’à Bangui la capitale n’ont pas d’autorité sur les milices et groupes armés qui détiennent des armes et sévissent. Certaines régions de la République ne sont contrôlées que par les éléments de l’ex-séléka ainsi que les hommes de la milice antibalaka qui s’arcboutent sur l’Islam et le Christianisme. Ces démons qui sont nés chez nous en plein 21ème siècle persistent de part et d’autre dans les crimes odieux et enlèvements des personnalités contre rançons.
Cette situation catastrophique qui paralyse le tissu social centrafricain a pris son élan très longtemps depuis le phénomène « zaraguina » (coupeurs de route) où le commerce et le trafic d’armes de tout calibre s’est développé à partir de Bangui par certains commerçants musulmans qui se camouflent derrière leurs comptoirs au quartier Km5 et des militaires des FACA sans scrupule qui, en détachement dans les provinces préfèrent brader leurs armes de service aux coupeurs de route et braconniers. Des informations révèlent déjà que certains militaires des FACA détiennent doublement des armes dont l’origine reste inconnue. Et selon des témoignages recueillis lors des Etats-Généraux du Développement rural tenus à Bangui sous lé régime Bozizé, ce commerce d’arme se fait au portillon de Bangui à partir de la barrière de Pk 12, avait déclaré un Officier supérieur de haut rang de l’armée centrafricaine.
Dans les années 70, les frontières Centrafrique-Soudan et Centrafrique – Tchad servaient de piste pour le trafic d’armes et de la drogue de toute qualité selon les informations recueillies. Mais ce phénomène a été vite éradiqué à cause des missions opérationnelles redoutables des forces armées centrafricaines spécialisées sous les régimes Bokassa et Kolingba. Quelques années plus tard, la reprise du phénomène a été sans relâche par les marchands d’armes qui deviennent les principaux fournisseurs des braconniers. C’était alors le début de la déconfiture de l’armée centrafricaine politisée par leurs chefs suprêmes. La guerre de Darfour était pour ces bandits de grand chemin une bouffée d’oxygène pour renforcer leurs capacités et envisager la formation rebelle. C’est dans ce contexte que l’UFDR de Michel Am non ndroko Djotodja et Zackaria Dramane a vu le jour en 2005.
Entre temps, 2002-2003, était la naissance de la rébellion du général François Bozizé limogé et poursuivi par la justice. Ce dernier, par la suite, cherchait à déstabiliser le régime de feu Ange-Félix Patassé. Il en est arrivé avec l’aide du président tchadien, Idriss Déby et celle de la France. François Bozizé qui fut Chef d’Etat-major du président Ange Félix Patassé s’était enrichit en armements provenant des pays amis et ceux des rebelles tchadiens récupérés pour la cause et qui ont intégré ladite rébellion qui avait mis le cap sur Bangui le 15 mars 2003 pour destituer Ange-Félix Patassé démocratiquement élu pour briguer un deuxième mandat.
En 2005, les guerres de RD Congo et du Burundi ont eu des conséquences graves et très élargies dans la région. La République centrafricaine était l’un des derniers pays qui avaient intégré la Conférence des Grands Lacs à cause de la circulation massive des armes de tout calibre, grenades et munitions de guerre sur son territoire. Compte tenu de sa situation géographique ayant des frontières communes avec plusieurs pays (Tchad, RD Congo, Congo Brazza, Cameroun et les deux Soudan) qui ne cessaient de faire la guerre à cause du pétrole, la République centrafricaine qui a connu les mutineries sanglantes de 1996-1997 ne peut s’échapper à l’infiltration d’armes de guerre de toutes marques confondues sur son territoire national d’autant plus que ses frontières demeurent poreuses jusqu’aux deux changements brutaux et sanguinaires qui se sont soldés par des régimes successifs de transition très faibles et mous comme la moelle épinière.
Il y a eu plusieurs tentatives de désarmement en vain pendant les régimes Patassé et Bozizé, et pendant les deux régimes de transition de Djotodia et Samba-Panza. Le processus Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR) va d’échec en échec. On ne peut recenser zéro foyer sans arme. Les Etats-majors des groupes rebelles et milices sont devenus des vraies poudrières. Seule la rébellion séléka de Michel Djotodia qui a pris le pouvoir le 24 mars 2013 en renversant son ennemi François Bozizé avec qui il aurait signé un pacte à Nairobi récemment avait six (6) groupes des rebelles dont le FDPC d’Abdoulaye Miskine capturé et libéré au Cameroun et l’ancienne rébellion APRD du puissant ministre de la Défense de feu Ange-Félix Patassé, Jean Jacques Démafouth, actuellement ministre conseiller à la présidence de Catherine Samba-Panza, ainsi que les groupes armés des mercenaires tchadiens et soudanais embauchés par le tombeur de Bozizé, Michel Djotodia. Ne connaissant pas finalement l’effectif exact de sa rébellion, ce dernier qui s’est autoproclamé après avoir chassé François Bozizé du pouvoir avait de sérieux problème pour commander. Il était très peu respecté par les différents chefs de guerre qui constituaient la coalition séléka. Pour preuve, ils ont échoué lamentablement. Au finish, il n’a rien fait pour la RCA jusqu’à sa démission le 10 janvier 2014 à Ndjamena lors de la réunion des chefs d’Etat de la CEEAC convoquée sur la crise centrafricaine. Si oui, piller les zones diamantifères et l’exploitation abusive et illégale de la faune centrafricaine.
L’année 2001, suite à la tentative manquée du coup d’Etat d’André Kolingba, ancien président de la République, contre le président Patassé, on ne peut contester l’entrée massive des armes sur le territoire centrafricain venant de l’autre rive du RD Congo des mains des éléments rebelles « banyamulengue » de l’ex-Chef rebelle du MLC, Jean-Pierre Bemba Gombo qui serait en liberté provisoire accordée par le juge de la CPI. L’est du pays était par contre innondé par les armes que possédaient les éléments rebelles du seigneur de guerre ougandais, Joseph Kony qui ont commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les pays des Grands Lacs et la République centrafricaine.
Alors que l’ex-séléka et la milice antibalaka dont leurs représentants ont pris part activement au forum de Brazzaville pour signer l’accord de cessez-le-feu qui n’est respecté par les deux camps jusqu’aujourd’hui et leurs formations armées non conventionnelles transformées en partis politiques, les hommes armés, de part et d’autre, continuent de commettre des exactions contre la population civile et procéder aux enlèvements des personnalités de la République en fonction et des humanitaires. Ce qui explique clairement la profondeur de la crise qui perdure et dont les tireurs des ficelles sont dans les ténèbres à l’extérieur du pays et voire même à l’intérieur puisque d’autres protagonistes entretiennent la division et ce climat délétère. Toutes ces rébellions nées en Centrafrique ont bénéficié des aides en armements provenant des pays tels que le Tchad, la France, le Soudan, la Chine, de l’Iran et bien d’autres pays qui se cachent derrière le trafic d’armes vers la République centrafricaine.
Le rapport de l’ONG Conflict Armament Research a bien démontré selon les recherches et enquêtes, que bon nombre des pays étaient fournisseurs d’armes, grenades, des munitions et bien d’autres engins de guerre aux rébellions centrafricaines qui tiennent le pouvoir par la queue et prend le peuple centrafricain en otage sous le regard complice de la communauté internationale.
En effet, les autorités centrafricaines depuis quelques années ont montré leur incapacité de diriger le pays. L’armée nationale a failli à sa mission parce que le Chef suprême des armées n’a pas été à la hauteur des taches pourtant, ces derniers, devant les représentants du peuple à l’Assemblée nationale, ont bel et bien prêté serment pour protéger le peuple centrafricain et défendre l’intégrité du territoire nationale Ils ont montré leur incapacité notoire devant l’opinion nationale et internationale, et leur faiblesse face à la montée en puissance du mouvement des rébellions. Par ailleurs, les forces onusiennes qui n’interviennent que pour appuyer les actions des bureaux des nations unies pour la paix et la politique du gouvernement dans le processus de paix ne feront pas grand-chose pour attraper le taureau par les cornes. A preuve, les résolutions 2121 du 10 octobre 2013 et 2127 du 5 décembre 2013 du Conseil de Sécurité votées ne sont appliquées par les forces de l’ONU.
On ne doit pas trop compter sur la communauté internationale mais sur nous d’abord en nous désarmant physiquement et mentalement pour une véritable paix durable en Centrafrique en tendant la main bien entendu, l’un à l’autre pour une réconciliation nationale et la refondation réelle de notre Etat qui n’est aujourd’hui que coquille vide.