Danièle Darlan, l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle centrafricaine, a reçu le prix franco-allemand pour les droits de l’Homme.
Le prix franco-allemand pour les droits de l’Homme encourage les personnes qui se sont distinguées en matière de défense des droits humains à travers le monde. L’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle centrafricaine, s’était opposée à la réforme de la Constitution voulue par le président Faustin Archange Touadéra.
Danièle Darlan est la première lauréate centrafricaine de ce prix qui a été attribué, mardi (23.01.2024) soir à Bangui, par les ambassadeurs d’Allemagne et de France. Elle avait déjà reçu un prix semblable des autorités américaines, en 2023.
Selon elle, il s’agit là d’une reconnaissance de son travail pour la défense du droit. Elle encourage les juges constitutionnels en Afrique et dans son pays à l’imiter.
Danièle Darlan : Ce prix est une récompense et la reconnaissance de ce que peut être. J'ai apporté quelque chose à la démocratie dans notre pays.
DW : En Afrique, les élections se jouent aussi au niveau de la Cour constitutionnelle ; ce qui jette un peu du discrédit sur le processus démocratique en Afrique. En votre qualité de professeur et praticien de droit, comprenez-vous les critiques faites au cours ou Conseil constitutionnel dans le traitement des litiges électoraux ?
C'est normal. Vous savez que lorsqu'un juge rend une décision, forcément, vous avez toujours quelqu'un qui n'est pas content. Celui à qui la décision ne plaît pas, donc à partir de ce moment-là, va apporter des critiques. Le juge intègre ça, quand il rend une décision, il sait qu'il n'est pas là pour plaire à tout le monde, il est là pour dire le droit. Donc à partir de ce moment-là, il faut simplement qu'il dise le droit, qu'il se conforme à ce droit et qu'il ne se préoccupe pas des critiques de ce qui pourrait arriver par la suite parce que certains ne sont pas contents. Parce qu'à partir du moment où vous avez peur de recevoir des critiques, vous n'êtes plus objectif, vous ne faites plus correctement votre travail parce que vous avez peur d'appliquer la loi. Or c'est votre travail. Donc en ce qui concerne les critiques, que ce soit dans n'importe quel pays, regardez même dans des pays développés qu'on dit des pays démocratiques. Quand l'institution juridictionnelle rend une décision, il y a toujours des critiques, donc ça il ne faut pas avoir peur de la critique, c'est normal.
Maintenant, ce qui est important je pense pour le juge, c'est de savoir qui se conforme au droit. A partir du moment où il a sa conscience tranquille, je crois que c'est ça qui est important.
En quoi ce prix peut stimuler la conviction ou la lutte en faveur des valeurs démocratiques en Centrafrique ?
Je l'espère, parce que, à partir du moment où dans nos Constitutions, nous avons opté pour le système démocratique, il faut que l'on se situe dans ce cadre-là. Parce que si on ne se situe pas dans ce cadre-là, on sort de la Constitution, on la viole. Donc, à partir de ce moment-là, il est important, je pense, de d'abord respecter la Constitution.