Un an après l’arrivée de Catherine Samba-Panza à la présidence du pays, la Centrafrique revient au devant de l’actualité. Une vague d’enlèvements secoue le pays. Dernier en date: celui du ministre des Sports et de la Jeunesse. Le pays qui a connu d’importantes violences confessionnelles l’année dernière n’a pas encore retrouvé sa stabilité. Trois questions à Antoine Glaser, journaliste spécialiste de la région.
Un an après l’arrivée de la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza, dans quel état est le pays?
C’est un pays déjà à genoux qui a été traversé par des violences interconfessionnelles. Des violences entre les milices musulmanes que l’on appelle les sélékas et les milices chrétiennes, les anti-balakas. L’année dernière, la violence s’est généralisée. L’objectif premier de l’opération française Sangaris, puis européenne, c’était donc de les désarmer. Plus d’un an plus tard, le degré de violences a diminué. Mais les combattants n’ont pas pour autant déposé les armes. Et puis il faut dire que la communauté internationale en Centrafrique, c’est un leurre, elle n’existe pas. C’est principalement la France avec l’opération Sangaris qui est sur le terrain. L’opération européenne EUFOR-RCA a juste permis aux forces françaises de se déployer en dehors de Bangui la capitale.
Le conflit avait poussé des milliers de musulmans à fuir le pays. Sont-ils de retour?
A ma connaissance, non. Il n’y a quasiment plus de musulmans à Bangui, à l’exception de certains quartiers protégés. C’est d’ailleurs cela qui est inquiétant. Il y a maintenant une partition du pays. Les musulmans de la Séléka, ceux qui avaient pris le pouvoir en 2013, sont montés au Nord du pays. Les anti-balakas occupent le reste du pays. Le pays a clairement du mal à retrouver une stabilité et un dialogue social et politique malgré les efforts à l’intérieur du pays et de la communauté internationale.
Ce dialogue peut-il tout de même s’amorcer entre les deux communautés?
Un forum de réconciliation est prévu à Bangui la capitale le mois prochain pour relancer le dialogue entre communautés. Mais chaque jour, il y a un enlèvement ou un problème majeur. Le dernier en date, c’est celui du ministre de la jeunesse et des sports. Il a été kidnappé le week-end dernier. Les ravisseurs sont sans doute les anti-balakas, les milices chrétiennes. Ce sont déjà elles qui ont enlevé puis libéré l’humanitaire française Claude Priest. Ils revendiquent de cette manière la libération d’un de leurs chefs, le général Andjilo, qui a été arrêté samedi dernier pour son rôle dans les massacres. Ces enlèvements empêchent en tous cas toutes perspectives de dialogue vraiment inclusif entre ces communautés.
A.W.