En séjour en République centrafricaine, une mission du processus de Kimberley a effectué, du 13 au 14 février, une tournée de travail dans les villes de Bouar, Berberati et Bria. L’objectif est d’évaluer les enjeux sécuritaires afin d’envisager la levée ou non de l’embargo qui pèse encore sur le diamant du pays.
Si l’embargo sur le diamant centrafricain constitue un obstacle pour le développement, les autorités, elles, tentent d’obtenir sa lavée partielle dans certaines zones du pays. Mais, avant la réunion sur le cas centrafricain en mai et en novembre prochain, le processus de Kimberley veut évaluer les critères ayant conduit à la sanction infligée au pays. Pour la société civile, cette mesure est totalement arbitraire.
« Ils exploitent clandestinement »
« Ceux qui ont décidé de voter l’embargo sur nos ressources minières, contournent pour exploiter clandestinement nos ressources. Ils ont mis cette sanction pour nous empêcher de bénéficier des retombées de ces ressources-là », a martelé Jules Bertin Gbidama, président du comité local de paix de la ville de Bouar.
Même approche à Berberati, où les artisans miniers estiment que cette sanction n’a plus sa raison d’être.
« Nous demandons la levée »
« Dans la région de la Mambéré-Kadeï, il n’y a pas d’insécurité. Eux-mêmes l’ont constaté. Raison pour laquelle, nous demandons la levée totale de l’embargo sur le diamant centrafricain », a lancé Jean-Pierre Mandji, un artisan minier.
Plaidant pour l’abolition de cet embargo, les acteurs demandent au gouvernement de mener une lutte contre les fraudes.
« Commençons par nous-même »
« Le malheur du peuple centrafricain passe toujours par la fraude. Certains cas de fraudes sont entretenus par des cadres du ministère des Mines. Commençons par nous-même pour toiletter », a déploré Josey Stéphane Poussarandji, coordonnateur national de la société civile du secteur minier.
Pour le gouvernement, le message est clair. L’annulation de cette sanction est plus que jamais justifiée.
« Les artisans miniers se sont adressés au président du processus de Kimberley pour solliciter la levée de la suspension. C’est ce à quoi le gouvernement travaille depuis pratiquement 2 ans et demi », a soutenu Rufin Benam Beltoungou, ministre des Mines et de la Géologie.
Après avoir entendu les différents acteurs, le président en exercice du processus de Kimberley rassure.
« Les membres de Kimberley sont comme une famille. On doit s’entraider. Un monsieur venait de dire que cette sanction a pénalisé sa famille. Cela m’a beaucoup touché. Raison pour laquelle, je suis venu m’enquérir de la situation », a affirmé Ahmed Bin Sulayem, président en exercice du processus de Kimberley.
En 2013, après le renversement du pouvoir de François Bozizé par la Séléka, la République centrafricaine a été interdite d’exporter ses diamants avant d’être suspendue du processus de Kimberley. Cependant en 2016, le pays a été autorisé à marchander ses diamants dans 8 zones, notamment des diamants provenant de l’Ouest.