Le coordinateur de la principale plateforme de l’opposition en Centrafrique, Crépin Mboli Goumba, est en garde à vue depuis dimanche dans le cadre d’une procédure pour "diffamation" et "outrage à magistrats" présumés, a annoncé lundi le parquet de Bangui.
Les ONG internationales de défense des droits humains dénoncent régulièrement la répression de toute opposition dans ce pays d’Afrique centrale, classé par l’ONU parmi les quatre les moins développés au monde et théâtre d’une guérilla.
M. Mboli Goumba, président du Parti africain pour une transformation radicale et l’intégration des États (PATRIE) et coordinateur du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), la plus importante plateforme de l’opposition, a été arrêté à l’aéroport de Bangui dimanche avec son épouse alors que le couple s’apprêtait à prendre un avion à destination du Cameroun, a assuré dans un communiqué le procureur de la République de Bangui, Benoît Narcisse Foukpio.
Son épouse a été remise en liberté mais pas l’opposant qui, selon le porte-parole du BRDC Roland Sylvestre Dawa, jouit aussi de la nationalité américaine.
L’opposant est gardé à vue dans le cadre d’une "procédure", après les plaintes de quatre magistrats pour des propos qu’il aurait tenus le 20 février dans une conférence de presse de PATRIE et "susceptibles d’être qualifiés de diffamation et outrage à magistrats", poursuit le procureur.
Ce jour-là, Me Mboli Goumba avait notamment accusé certains magistrats de complaisance à l’égard de prévenus voire d’être corrompus, propos qu’il répétait le lendemain dans une interview à Radio France internationale (RFI) accusant notamment "la justice de ne plus être rendue au nom du peuple" et certains magistrats de "vendetta judiciaire".
Dans un communiqué, le BRDC dénonce l’"arrestation arbitraire" et la "séquestration" du couple, "débarqué" de l’avion par les forces de l’ordre alors qu’il se rendait à l’étranger "pour des soins".
L’opposition, dont les meetings et manifestations sont quasi-systématiquement interdits, fait aussi régulièrement l’objet de menaces et d’intimidation, dénoncent régulièrement les ONG internationales.
Un député d’opposition, Dominique Yandocka, est emprisonné depuis le 15 décembre, malgré son immunité parlementaire, pour une "tentative de coup d’Etat" que l’accusation n’a toujours pas étayée publiquement.
Le gouvernement du président Faustin Archange Touadéra "réprime la société civile, les médias et les partis politiques d’opposition", écrivait Human Rights Watch (HRW) en avril 2023, invoquant "de graves préoccupations sur des risques en termes de violations des droits humains et de réduction de l’espace démocratique et de la liberté d’expression".
L’ONG exhortait aussi le pouvoir de M. Touadéra à "garantir l’indépendance de la justice pour s’assurer que les responsables qui attaquent les détracteurs du gouvernement soient amenés à rendre des comptes".