L’amélioration de la situation sécuritaire à Kaga-Bandoro et dans ses environs stimule le retour des déplacés dans leurs localités. Au village Goddo, par exemple, la plupart des déplacés sont rentrés et s’activent dans la culture de la terre. Cependant, ceux-ci sont confrontés à d’autres défis. Notamment, le manque de semences et l’incursion des hommes armés dans leur village.
Situé à environ 10 km de Kaga-Bandoro dans la Nana-Gribizi, le village Goddo, est peuplé d’environ 2.000 âmes. Déplacés, il y a quelques années, la majorité de sa population vit aujourd’hui de la culture de la terre. Les habitants de Goddo, eux, justifient ce retour par l’amélioration de la situation sécuritaire.
« La vie a repris à l’arrivée des russes »
« Ce que nous avions vécu ne nous a pas fait du bien. Le village n’était pas stable. Nous avions couru çà et là, nous avons été terrorisés par les rebelles qui arrivaient par la brousse. Arrivés à Kaga-Bandoro, on ne dormait pas bien. On ne mangeait pas aussi normalement. Mais, c’est à l’arrivée des soldats russes que la vie a repris. Par la suite, nous avons décidé de revenir chez nous à Goddo », témoigne Irène Kouanguinza, une déplacée.
Les soldats russes sont entrés dans la ville de Kaga-Bandoro, le 10 avril 2021. La débandade des groupes armés, partis avec armes et bagages, a éloigné l’insécurité de Goddo. Même si la tendance globale en matière de sécurité est stable, certains habitants espèrent de beaux jours pour la relance de l’agriculture.
« Ces hommes sèment la terreur »
« Ici, nous ne pouvons pas aller à la chasse. Je me plains auprès du gouvernement à propos des groupes armés. Présentement, ces hommes sèment la terreur. Quand tu les croises en brousse, ils te font du mal et prennent tout entre tes mains. Ce qui fait qu’on se contente à faire du jardinage en attendant l’appui du gouvernement », espère Francis Samio, un retourné.
Les localités de Kaga-Bandoro et Goddo étaient, jadis, sous l’emprise de la coalition Séléka, notamment le MPC de Mahamat Al-Khatim entre 2013 et 2021. Aujourd’hui, ce chef de guerre a annoncé son retour dans l’Accord de paix, signé à Bangui en février 2019. Si de nombreux observateurs y voient un signe du retour de la paix, la plupart des habitants de ces deux localités ne sont pas d’avis. « C’est une très bonne idée lorsqu’il manifeste son retour dans le processus de paix. Si cela est vrai, qu’il ordonne à ses éléments qui sont dans la brousse de déposer les armes et sortir pour qu’on respire », avance Nestor Gazza Yombo, chef de groupe du village Goddo.
A Goddo, même si des inquiétudes planent sur le plan sécuritaire, la résilience s’organise. Toutefois, les défis sont là, à un moment où les humanitaires se retirent progressivement.